lundi 24 mars 2025

The Power of the Dog (J. Campion, 2021)

 



Intéressant western de Jane Campion, qui, après être allée voir du côté du thriller dans In the Cut, se risque à nouveau vers un genre très codé. Mais, comme on pouvait s'y attendre, le film fait un pas de côté par rapport au genre, renvoyant un peu aux réalisations récentes (et plus austères) de Kelly Reichardt. Mais le style de Campion s’accorde bien a priori avec le genre : sa façon de contempler les choses, de les saisir avec lenteur dans de vastes paysages renvoie inévitablement aux grands espaces si souvent filmés dans les westerns. On notera pourtant que la nature que Campion a déjà largement mise en scène n’est jamais regardée selon l’axe habituel du cinéma américain classique : ce n’est jamais une nature sauvage et hostile (une wilderness de tous les dangers). Au pire elle est oppressante (dans La Leçon de piano) mais jamais dangereuse.
Mais le film, de façon un peu surprenant, ne file guère vers les grands espaces. Il est axé sur Peter Gordon, le fils introverti, efféminé – ce qui détonne dans cet univers d’hommes –, curieux, contemplatif, attaché à faire des études scientifiques. C’est ce personnage – on le découvre peu à peu – et non Phil Burbank (qui renvoie davantage à l’archétype du cowboy) que scrute Campion et cle rapport entre Peter et le monde l’Ouest qui l’intéresse.
Si le film est réussi et si Campion parvient très bien au bout de son idée (à la fois formellement et dans l’histoire qu’elle raconte) c’est le personnage de Phil qui pêche un peu, personnage pourtant complexe mais trop peu travaillé (un cow-boy qui a fait Harvard ce n’est pas commun : le film n’en fait finalement pas grand-chose), malgré une fin réussie pleine de révélations (avec une homosexualité refoulée) qui éclaire le film sous un jour nouveau. Mais Benedict Cumberbatch qui tient le rôle n’est guère convaincant (ce qui est très rare chez Campion qui dirige souvent parfaitement ses acteurs). Mais ces révélations finales réussies surprennent non seulement dans la compréhension des évènements mais aussi sur la personnalité de Peter, qui n’est pas celui qu’il a semblé être tout au long du film, loin s’en faut.


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