
Les Graines du
figuier sauvage brûle d’actualité avec de nombreuses vidéos prises sur le vif qui émaille le film,
un peu comme d’autres films iraniens ont pu le faire (on pense à ceux de Jafar
Panahi par exemple).
Le film est poignant mais si Mohammad Rasoulof montre parfaitement le satrape religieux qui enserre l’Iran,
la métaphore qu’il déroule reste peut-être un peu facile, puisque, après sa
nomination en début de film, le père disparaît du cadre : on ne le voit plus et
ses filles se plaignent de ne plus partager un repas avec lui. Et comme, lorsqu’il
reparaît, il est devenu un autre, l’affrontement devient à la fois terrible
et inévitable. Cette dérive du père qui symbolise la dérive du pays est sans
doute trop forcée et l’on regrette que ce portrait du père, à l’inverse de ceux
de la mère et des deux filles – portraits peints de façon fines et sensibles –, soit brossé
de manière si caricaturale. Peut-être Rasoulof aurait-il pu s’attarder sur le
père autrement, en le filmant dans sa vie familiale et en montrant combien
l’énormité de ce qui se passe hors-champ le contamine et le hante (sa promotion
accueillie avec soulagement se retourne contre lui quand, avec les révoltes, il
devient un terrible interrogateur).
En revanche le film montre très bien que
l’Iran ne subit pas une dictature mais bien une théocratie impitoyable. Dans les
embryons de dialogues qu’il a avec ses filles, le père renvoie sans cesse à
Dieu pour se justifier, rendant par là toute discussion impossible.
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