Très intéressant
polar français qui démarre sur des bases assez classiques mais dérive
rapidement avec l’entrée en scène de Favenin, flic qui évolue comme un électron
libre et cherche à venger son ami.
Michel Bouquet, le
regard fermé et la bouche pincé, est impeccable dans cet inspecteur impitoyable
et que rien n’arrêtera. La manière dont il tue le meurtrier de son ami est
remarquable : « tirer sur homme désarmer ça s’appelle un assassinat »
se défend Michel Constantin ; « alors ce sera un assassinat » répond sèchement
Michel Bouquet avant de vider son chargeur.
Si Boisset, au
travers de ce personnage sans limite, reprend les gros pinceaux souvent malhabiles
avec lesquels il peint habituellement les situations qu’il dénonce, ici le
personnage dépasse le propos politique (la dénonciation des méthodes policières, qui a valu au film des interdictions) et détonne au milieu d’un cadre par ailleurs très
conventionnel. De sorte que le sujet du film n’est plus une quelconque dénonciation mais bien plus
le personnage en lui-même, ce qu’il est, ce qu’il fait.
Cet inspecteur
Favenin apparaît alors comme une sorte d’inspecteur Harry avant l’heure, en
version française et jusqu’au-boutiste. Loin de l’imagerie cartoonesque de
super-héros de Dirty Harry et de sa dégaine légendaire avec costume, lunettes
de soleil et flingue gigantesque (l’allure de Michel Bouquet engoncé dans son
imperméable n’étant pas précisément celle de l’ami Eastwood), il y a pourtant de
nombreux gènes communs entre les deux flics : rejetés par leur hiérarchie
et rejetant eux-mêmes le système, ils évoluent en marge des manières de faire, avec
une version très personnelle de la justice, dégainant à tout va et, finalement,
l’un jettera son étoile quand l’autre démissionnera. On s’amuse de voir que le
flic de Boisset va plus loin que celui de Don Siegel en franchissant largement
et sans coup férir la ligne rouge. Et, même, dans le deuxième opus de l’inspecteur
Harry (Magnum Force), celui-cicombat de jeunes flics allant plus loin encore que Dirty Harry : ils appliquent en fait les méthodes radicales de Favenin.
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