samedi 14 juin 2025

La Motocyclette (The Girl on a Motorcycle de J. Cardiff, 1968)

 



Un peu psychédélique, un peu road-movie, ce film un peu étrange (mais peu passionnant) a néanmoins une originalité, avec cette femme qui se veut libre et qui chevauche sa moto. Mais cette originalité ancre le film dans une époque et le date terriblement. Et l’ensemble est bien fade, avec les longs monologues sans reliefs qui accompagnent le trajet de Rebecca.
On notera le rôle d’Alain Delon qui correspond tout à fait à ce qu’il voulait éviter : celui d’un beau gosse fait tomber les femmes sous son charme. C’est ce prototype de personnage (de même que celui que l’on voit dans un sketch de La Rolls-Royce jaune par exemple) auquel il tournera très vite le dos pour ne plus y revenir.



mercredi 11 juin 2025

Un condé (Y. Boisset, 1970)

 



Très intéressant polar français qui démarre sur des bases assez classiques mais dérive rapidement avec l’entrée en scène de Favenin, flic qui évolue comme un électron libre et cherche à venger son ami.
Michel Bouquet, le regard fermé et la bouche pincé, est impeccable dans cet inspecteur impitoyable et que rien n’arrêtera. La manière dont il tue le meurtrier de son ami est remarquable : « tirer sur homme désarmer ça s’appelle un assassinat » se défend Michel Constantin ; « alors ce sera un assassinat » répond sèchement Michel Bouquet avant de vider son chargeur.
Si Boisset, au travers de ce personnage sans limite, reprend les gros pinceaux souvent malhabiles avec lesquels il peint habituellement les situations qu’il dénonce, ici le personnage dépasse le propos politique (la dénonciation des méthodes policières, qui a valu au film des interdictions) et détonne au milieu d’un cadre par ailleurs très conventionnel. De sorte que le sujet du film n’est plus une quelconque dénonciation mais bien plus le personnage en lui-même, ce qu’il est, ce qu’il fait.
Cet inspecteur Favenin apparaît alors comme une sorte d’inspecteur Harry avant l’heure, en version française et jusqu’au-boutiste. Loin de l’imagerie cartoonesque de super-héros de Dirty Harry et de sa dégaine légendaire avec costume, lunettes de soleil et flingue gigantesque (l’allure de Michel Bouquet engoncé dans son imperméable n’étant pas précisément celle de l’ami Eastwood), il y a pourtant de nombreux gènes communs entre les deux flics : rejetés par leur hiérarchie et rejetant eux-mêmes le système, ils évoluent en marge des manières de faire, avec une version très personnelle de la justice, dégainant à tout va et, finalement, l’un jettera son étoile quand l’autre démissionnera. On s’amuse de voir que le flic de Boisset va plus loin que celui de Don Siegel en franchissant largement et sans coup férir la ligne rouge. Et, même, dans le deuxième opus de l’inspecteur Harry (Magnum Force), celui-cicombat de jeunes flics allant plus loin encore que Dirty Harry : ils appliquent en fait les méthodes radicales de Favenin.

 

samedi 7 juin 2025

L'Etrange Monsieur Victor (J. Grémillon, 1938)

 



Drame assez classique qui déroule sans beaucoup d’énergie sa petite intrigue. Les ressorts ne surprennent guère et le personnage de monsieur Victor est parfois bien peu crédible (en jeune père notamment).
Néanmoins le film se suit sans déplaisir : il reste bien sûr l’exotisme de la période (comme un César à l’humeur dramatique où l’on croise des voyous) et le grand plaisir de quelques tirades énervées et truculentes de Raimu dont la puissance de jeu à l’écran est un ravissement permanent.


vendredi 6 juin 2025

Conclave (E. Berger, 2024)

 



Avec application mais sans grand génie, Edward Berger nous fait plonger dans les arcanes d’un conclave, entraînant le spectateur du côté de l’hors-champ, dans le secret des votes, des discussions, des confessions et, bien sûr, des scandales. C’est que, scénario oblige, il faut bien qu’il se passe quelques rebondissements pour tenir en haleine le spectateur, et l’on suit alors les différents fils de l’intrigue qui se déroulent peu à peu. Néanmoins tout cela apparaît un peu facile (les différents prétendants sont écartés tour à tour) et la dernière révélation fatigue par le sentiment de céder à nouveau aux sirènes de la bien-pensance.
On regrette que l’intention du réalisateur ne soit pas dans un contemplatif sacré et qu’il évacue toute la dimension mystérieuse que peut avoir un conclave : l’esprit saint aurait pu roder en ces lieux saints. Il n’y a pas le moindre mystère, pas la moindre émotion, on ne sort jamais des tractations et des calculs. On imagine la puissance visuelle qu’aurait pu instiller un grand créateur d’images (sans parler du décor éminemment prodigieux et spirituel de la chapelle Sixtine).
Cette réserve dite, on notera l’habileté du réalisateur à ménager l’Eglise tout en l’attaquant. Il y a certes des secrets scandaleux qui sont révélés, mais un très bon Ralph Fiennes compose un camerlingue qui se révèle intègre, affable et qui fait ce qu’il peut avec toute sa foi qui le porte. De même le cardinal finalement élu (dont une partie de la trajectoire rappelle celle qui a présidé à l'élection du Pape François) prêche la bonne parole et s’avère bien loin de toute l’agitation arriviste et calculatrice de beaucoup d’autres.

 

lundi 2 juin 2025

Le Mataf (S. Leroy, 1973)





Intéressant polar de Serge Leroy qui, sans être original, s’appuie sur des solides seconds rôles du cinéma (Michel Constantin, Georges Géret ou Adolfo Celi). Le film joue habilement des chausse-trappes dans lesquels viennent s’empêtrer Bernard Solville et ses amis.
Le film vaut pour son ambiance et ses jeux d’acteurs qui construisent toute cette atmosphère typique du cinéma français d'alors qui a marqué les esprits et rend très bien encore aujourd’hui.