
Mise en abyme complexe, Dangerous Game évoque le tournage d’un
film par le réalisateur Eddie Israel (impeccable Harvey Keitel, à la fois
habité et fébrile, comme il sait si bien le jouer) dont le sujet est la rupture
complexe d’un couple. Madonna est très bien aussi dans le rôle de cette actrice paumée qui
fait ce qu’elle peut, coincée entre les foudres de son partenaire et le
réalisateur.
La situation, les acteurs, le tournage puis
le tournage dans le tournage s’entremêlent et tendent un miroir à Ferrara avec Eddie
qui est son alter-ego. Ferrara montre ainsi combien sa réalisation est
imbriquée dans sa vie. Il ne voit pas son métier comme un technicien ou un
artisan mais bien comme un artiste, rejoignant là une position très peu
américaine (où le réalisateur n’est qu’un maillon d’une chaîne) mais bien plus
européenne (la politique des auteurs chère à la Nouvelle Vague). Un film, nous
dit Ferrara, est la création d’un créateur.
Mais Ferrara montre aussi combien les
acteurs eux-mêmes confondent ce qu’ils sont avec leurs personnages, en une
fusion où le cinéma et la vie, finalement, ne font qu’un. « Le cinéma est
plus important que la vie » disait Truffaut dans La Nuit américaine, chez Ferrara l’un et l’autre se confondent. Et
la fin très habile achève de convaincre le spectateur que si le tournage
s’arrête, la folie qui se développait sur le plateau, elle, ne s’arrête pas.
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