mardi 2 avril 2024

Les Fantômes du chapelier (C. Chabrol, 1982)

 



Dans ce film très chabrolien, Michel Serrault s’en donne à cœur joie avec cette ironie qu’il sait distiller d’une intonation ou d’un mouvement de sourcil. Son personnage de monsieur Labbé, froid (glaçant même) et hautain joue avec cette distance que l’acteur aime glisser dans ses personnages.
On retrouve la charge habituelle de Chabrol contre les bourgeois (qui se rassemblent autour d’un bridge l’après-midi) dans cette adaptation de Simenon, auteur qui lui va comme un gant. C’est que décrire ces petits notables empêtrés dans une affaire d’étrangleur, cela amuse beaucoup Chabrol. L’atmosphère, les ruelles pavées, jusqu’à la boutique du chapelier, tout construit cette ambiance très typique des films du réalisateur. Le film, néanmoins, semble comme un polar vidé d'une partie de sa substance, le terme « fantômes » du titre renvoyant aussi au film lui-même : il ne reste du film policier que son amorce (un étrangleur sévit dans les rues) et son enveloppe mais c'est à peu près tout.
On s’amusera des repas seuls que fait sans cesse Labbé, soit en tête à tête avec le mannequin qui lui tient lieu de femme (où il monologue alors, comme si sa femme était encore devant lui), soit, réellement seul, au restaurant, après qu’il a tué la bonne (et que donc, elle n’est plus là pour lui faire à manger, ce qu’il constate un peu embêté). On reconnaît là le goût du repas chabrolien, moment de vérité et de révélation. Toute la personnalité de Labbé est résumée dans ces repas.
Charles Aznavour, en petit tailleur écrasé par son voisin est remarquable et les « Kachoudas ! » rieurs d’un Serrault narquois sont mémorables.

 




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