
Cette réussite en termes de spectateurs (plus de quatre millions d’entrées) est pourtant très quelconque et elle déçoit beaucoup.
La première partie passe sans doute davantage (lorsque les protagonistes oscillent entre l’adolescence
et le début de l’âge adulte, avec des acteurs intéressants), mais le film reste très
lourd, tout étant surchargé, peint avec un pinceau beaucoup trop appuyé et
insistant.
L’Amour
ouf,
alors, qui se veut une sorte de saga sur quinze ans, ne surprend guère, chaque
personnage suivant impeccablement la destinée esquissée dans la
première partie. On sait que Clotaire et Jackie se retrouveront, que Clotaire basculera
de la petite à la grande délinquance, qu’il ira en prison, en sortira,
s’amendera, etc. Tout est compris aussitôt, il n’y a là rien de surprenant, les
acteurs faisant tranquillement leur job.
Gilles Lellouche cherche à donner du
style à cette matière mais il s’épuise en jeux de caméras et autres effets, sans
parvenir à épaissir son histoire ou ses personnages qui restent prévisibles et
très peu épais. On notera quand même avec amusement que le film cite
nettement Le Parrain ou Les Affranchis au détour de quelques
séquences (reprenant notamment la légendaire entrée au Copacabana).
On retiendra également
la séquence initiale, à laquelle renvoie la fin du film. Cette séquence en
flash-forward,
finalement, ne sera pas vécue par le protagoniste et elle apparaît donc comme
une séquence fantastique, qui aurait pu se produire mais ne s’est pas produite (et qui fait faussement dévier le personnage : on s'attendait évidemment à cette rédemption).
Bien sûr les ficelles sont grosses et naïves (c’est l’amour qui sauve Clotaire) mais
ce destin tragique et violent qui sera démenti est une forme de chausse-trappe
pour le spectateur qui ne peut s’attendre à cette touche de fantastique dans un
film par ailleurs assez réaliste. Cela donne l’impression (amusante mais un peu
bancale) que, finalement, après-coup, alors que le film est commencé, la fin en
est changée.
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