
Si cette
amusante comédie a un peu vieilli, elle est néanmoins fondamentale pour tout
cinéphile : elle n’est rien moins que le film qui a inspiré Certains l’aiment chaud qui en est un
remake certes virtuose et très au-dessus de l’original, mais un remake quand
même. C'est d'ailleurs un élément regrettable pour le film de Richard Pottier : il est bien difficile de le regarder avec un oeil neuf en oubliant le film de Billy Wilder.
Ce film matrice,
donc, s’il n’est pas exempt de défauts, est passionnant à regarder : il démarre
doucement mais il propose ensuite une belle envolée à coup de déguisements, de jeux
et de quiproquos amoureux très vaudevillesques.
Il est bien sûr captivant
de regarder ce que le film de Wilder conserve et enlève à partir de ce matériau.
Au-delà des ajustements scénaristiques (en particulier l’apparition, dans le
remake, du danger de la pègre qui motive le travestissement d’urgence et que
l’on retrouve en fin de film) et si Billy Wilder conserve bien entendu le
travestissement au cœur du jeu comique, le film de Richard Pottier s’amuse à
transformer sans cesse Jean et Pierre, qui apparaissent tantôt déguisés en
femmes et tantôt en séducteurs se disputant la même femme. Plus le film avance
et plus ils mettent et enlèvent leurs déguisements. Ce jeu très drôle sera
simplifié chez Wilder puisque l’on sait que seul Tony Curtis cherchera à
séduire Marilyn Monroe (prenant au passage la voix de Cary Grant) quand Jack
Lemmon, lui, conserve perruque et voix féminine de bout en bout (sauf pour la
réplique finale !). On imagine les hésitations qui ont dû tourner en
boucle dans la tête de Diamond et Wilder – les scénaristes de Certains l’aiment chaud – avant de
décider d’abandonner ce jeu comique propice à de nombreuses situations très
drôles. Ils ont alors imaginé un autre jeu très drôle lui aussi : pendant
que Tony Curtis draguait Marilyn, Jack Lemmon était dragué de son côté par un
vieillard millionnaire (donnant ainsi une importance beaucoup plus grande à un gag qui existait déjà mais en mode mineur).
Ce n’est pas la
première fois qu’un remake ose ainsi enlever une pièce clef d’un film pour
prendre la même idée par un autre bout (1) et l’on admire cette prise de risque
(il était facile pour Wilder de s’en tenir au triangle amoureux doublé d’un
travestissement) qui, finalement, démultiplie encore l’efficacité du scénario
d’origine.
Reste la toute fin : un peu rapide et survolée chez Pottier, parfaite et légendaire chez Wilder.
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(1) : On pense à La Mouche qui fait des modifications considérables par rapport à La Mouche noire : refusant une transformation radicale qui offrait une sidération et une chute marquante, Cronenberg opte pour un changement progressif de son personnage, changement qui devient peu à peu le sujet du film.
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