Film très intéressant de David Cronenberg,
qui développe plusieurs de ses thèmes habituels, en particulier
le mélange organique et technologique (le tout saupoudré d’un peu de gore, il
faut bien).
Cronenberg s’amuse à plonger ses
personnages (et le spectateur en même temps) dans un jeu grandeur nature qui est une
anticipation des consoles de jeux modernes (et futures ?). L’idée de brancher la console
directement sur le corps est très bonne, surtout avec le traitement par
Cronenberg : la séquence avec Willem Defoe est particulièrement réussie. Les gamers assidus doivent ressentir cette
ouverture dans un autre monde apportée par le jeu vidéo.
Dans un premier temps on voit bien
la réalité et le virtuel, mais très vite les frontières s’estompent, il faut
s’en remettre à l’étrangeté de l’image (bonne idée du personnage qui bugge, tant
qu’il n’a pas la bonne question), aux bizarreries rencontrées (dans l’abattoir, à découper des animaux à mi-chemin entre le poisson et l’amphibien). Et,
finalement, les personnages sont complètement perdus, et le spectateur aussi.
La qualité de réalisation de
Cronenberg lui permet d’utiliser l’image pour mettre mal à l’aise, pour nous perdre
dans les méandres de cette alternance réalité/virtualité du jeu. Il vient ainsi
magnifier le scénario : le malaise et l’incompréhension ne naissent pas
seulement du déroulement de l'histoire mais aussi des images. La fin, bien
entendu, ouvre bien des perspectives.
Ce film, bien plus que Matrix qui lui succédera de peu, annonce
ces films inspirés des jeux vidéo, en particulier Avatar qui reprendra, en le développant sous un autre angle, la recherche de la fusion entre les jeux vidéo et le cinéma.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire