mercredi 18 mai 2022

Le Chant du loup (A. Baudry, 2019)

 



Parmi les films de guerre, le sous-genre du film de sous-marins livre beaucoup de réalisations assez quelconques dont peu sortent du lot (on recommande le très bon Das Boot). Le Chant du loup est un peu perdu dans cette masse : il n’est pas réellement prenant, sans être inintéressant non plus, mais il souffre de ses personnages trop superficiels, parfois mal interprétés (Matthieu Kassovitz est bien peu convaincant en amiral tendu et énervé). Bien sûr la plongée dans les entrailles d’un SNLE français a des moments fascinants mais c’est une fascination pour la machine, les protocoles, les chaines de commandement plus que pour l’image elle-même.

Et Le Chant du loup, comme trop de films de guerre, ne s’extrait pas des combats et il n’est rien de plus qu’une course contre la montre. Il pâtit de l’absence d’ennemi et, finalement, le danger, alors qu’il est maximal, reste très abstrait.

Il y avait pourtant quelque chose à creuser, justement, dans cette contradiction que représente cette menace, terrible mais qui n’existe que sous forme d’une trajectoire en pointillés, et dans ces ennemis insaisissables à l’autre bout du monde mais terriblement mortels. Cette lutte, elle aussi abstraite, se joue à coup d’acoustique, d’écho, d’analyse de sons. On est bien loin des soldats coincés dans le bourbier des tranchées sur lesquelles se déverse un orage de bombes. Il y a là une version moderne, froide, numérique de la guerre (que l’on retrouve avec le pilote de drones qui reste loin de la zone des combats) et que le cinéma ne saisit pas encore.
Mais Antonin Baudry privilégie le côté tendu d’une action-réaction où tout doit se décider en quelques minutes et de façon décisive. Il cherche à capter ce poids qui s’amasse sur les épaules de celui qui doit trancher (le son qu'il entend, est-ce l’écho d’un sous-marin ennemi ou un simple artefact ? Cet autre son est-il celui du tir d’un missile nucléaire ? Etc.). C’est là, il faut dire, un autre aspect de ces guerres cachées : le déclenchement des armes les plus monstrueuses, en dernier ressort, dépend de l’analyse d’un ou deux experts (sur lesquels se repose gaillardement le politique). Mais Baudry, plutôt que d’y voir un homme qui ploie, écrasé comme un fusible fragile qui menace de fondre à chaque instant, y voit le héros professionnel qui sauve tout. C’est un peu frustrant : cela montre combien Le Chant du loup ne peut dépasser le simple film de genre appliqué.

 

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