Et
Le Chant du loup, comme trop de films
de guerre, ne s’extrait pas des combats et il n’est rien de plus qu’une course
contre la montre. Il pâtit de l’absence d’ennemi et, finalement, le danger,
alors qu’il est maximal, reste très abstrait.
Il
y avait pourtant quelque chose à creuser, justement, dans cette contradiction que représente cette menace, terrible mais qui n’existe que sous forme d’une trajectoire en
pointillés, et dans ces ennemis insaisissables à l’autre bout du monde mais terriblement mortels.
Cette lutte, elle aussi abstraite, se joue à coup d’acoustique, d’écho, d’analyse de sons. On est bien loin des soldats coincés dans le bourbier des tranchées sur lesquelles se déverse un orage de bombes. Il y a là une version moderne, froide, numérique de la guerre (que l’on
retrouve avec le pilote de drones qui reste loin de la zone des combats) et que
le cinéma ne saisit pas encore.
Mais
Antonin Baudry privilégie le côté tendu d’une action-réaction où tout doit se
décider en quelques minutes et de façon décisive. Il cherche à capter ce poids
qui s’amasse sur les épaules de celui qui doit trancher (le son qu'il entend, est-ce l’écho d’un
sous-marin ennemi ou un simple artefact ? Cet autre son est-il celui du tir d’un missile
nucléaire ? Etc.). C’est là, il faut dire, un autre aspect de ces guerres
cachées : le déclenchement des armes les plus monstrueuses, en dernier
ressort, dépend de l’analyse d’un ou deux experts (sur lesquels se repose gaillardement
le politique). Mais Baudry, plutôt que d’y voir un homme qui ploie, écrasé comme
un fusible fragile qui menace de fondre à chaque instant, y voit le héros professionnel qui sauve tout. C’est un peu frustrant : cela montre combien Le Chant du loup ne peut dépasser le simple film de genre appliqué.
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