mercredi 10 mars 2021

Le Bateau (Das Boot de W. Petersen, 1981)




Film de guerre remarquable, Le Bateau de Wolfgang Petersen nous immerge pendant plus de trois heures dans l’étroitesse étouffante et métallique de la coque d’un U-boot, dans la compagnie moite et tendue de soldats allemands qui parcourent l’Atlantique à la recherche de navires à torpiller.
Le film est étonnamment réaliste, mais non pas seulement dans l’application avec laquelle il montre la vie à bord – avec sa terrible promiscuité – ou dans le rendu de la salle des machines ou des couchettes. Il est surtout réaliste parce qu’il expose l’un des principes de la guerre, que nous cache le plus souvent le cinéma : l’essentiel du temps se fait hors des combats, dans l’attente. Ici c’est la lente monotonie des jours qui tombent sans qu’il ne se passe rien et la routine imperturbable qui épuisent les soldats et les démobilisent peu à peu. Et brusquement, parce que l’on croise enfin la route d’un convoi, le danger fait irruption, les grenades pleuvent et l’on manque de se faire éventrer. C’est de ce déséquilibre entre l’attente et l’action dont le film rend très bien compte.
Le film, ensuite, s’il prend un parti-pris classique (il s’appuie sur un officier néophyte qui sert de relais au spectateur), ne quitte pas d’une semelle les soldats allemands, se ruant avec eux dans les coursives, les collant au plus près comme eux-mêmes sont collés les uns aux autres. Jamais on ne verra l’ennemi, autrement que par les masses sombres et fantomatiques des bateaux aperçues au travers du périscope. Et, dans le sous-marin où la tension ne retombe jamais – l’attente se combine à la tension pour miner et détruire peu à peu les nerfs –, Petersen construit toute une galerie de portraits et conduit sa fresque jusqu’à une fin remarquable.


Alors que des films de guerre centrés sur des sous-marins sont régulièrement réalisés (du Démon des eaux troubles de Fuller jusqu'à USS Alabama de Scott en passant par À la poursuite d’Octobre rouge de McTiernan), c’est seulement avec Das Boot que l’on est réellement embarqué et que l’on a cette impression assez rare, après le film, d’être resté immergé un long temps aux côtés des soldats.



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