
Grand film de Victor
Sjöström où le monde est montré comme un gigantesque cirque impitoyable. Le
héros trop vertueux est balayé par la cupidité et la trahison et il laisse
bientôt sa place au clown sur lequel s’abattent les claques.
Et dans ce
cirque impitoyable, plus les malheurs s’abattront, et plus le clown prendra de
claques et plus il rira fort. Ce masque de clown qui fige le sourire là où il
faudrait pleurer est porté, comme une évidence, par l’immense Lon Chaney,
auquel le film doit beaucoup. Il annonce ses grands rôles – en particulier chez
Tod Browning – avec cette expressivité magnifique, ces regards si perdus et si tristes
d’où surgit, tout à coup, la folie. Folie inévitable qui vient, comme un
exutoire, tout rattraper.
En montrant en
plein cadre ce clown être humilié pour le divertissement des spectateurs, Victor Sjöström, sans sourciller et avec maestria, à grands coups de plans serrés et avec son montage au rythme parfait, tend un miroir sévère et
sans concession vers les spectateurs.
On retrouvera évidemment des accents du film chez Browning (dans L’Inconnu ou, bien sûr, dans Freaks) avec cette ambiance foraine et cette horreur finale (où le père et le baron sont dévorés par un lion).
On retrouvera évidemment des accents du film chez Browning (dans L’Inconnu ou, bien sûr, dans Freaks) avec cette ambiance foraine et cette horreur finale (où le père et le baron sont dévorés par un lion).
On notera qu’il
s’agit du premier film produit par la MGM, futur major qui va participer à l’abattage
de l’usine à rêves hollywoodienne depuis lors (à se demander d’ailleurs, comme
un symbole, si ce n’est pas le lion de la MGM qui dévore les vilains du film et
rétablit la morale) et l’on y croise, en plus de Lon Chaney, John Gilbert et
surtout Norma Shearer, futures stars de la major.
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