
Fameux
court-métrage de Charlie Chaplin, dont la facilité comique éclate
immédiatement. Enchaînant les gags, le film montre aussi l’arrivée en Amérique,
par bateau, de migrants (venus donc d’Europe, très probablement). On comprend
bien que Chaplin, à l’étroit dans les films uniquement burlesques, cherche à
les diriger vers des sensibilités ou des regards critiques qui viennent
enrichir la comédie.
Alors que le
titre français respecte ici celui d’origine (pas de « Charlot » dans
le titre), les traits du personnage de Charlot sont désormais bien en
place (et annoncent les prochains long-métrages qui ne tarderont guère) :
son accoutrement, sa situation de vagabond, sa sensibilité, sa manière d’être
en porte-à-faux avec le monde autour de lui sont déjà là. Et, plus encore, ici,
nous est présentée son origine – qui est aussi celle de son créateur – dans un
bateau de migrants. Avant d’être un vagabond, Charlot est donc un immigrant. Le
personnage vient ainsi s’inscrire dans cette mythologie de l’Amérique, avec
l’arrivée à New-York et le regard qui se porte, depuis le pont du bateau, vers
la statue de la Liberté. Bien entendu, la dimension autobiographique est très
puissante et elle montre cet aller vers les Etats-Unis de ce pauvre jeune homme
qui finira, quelques années plus tard, en icône universelle et richissime. Mais
Chaplin n’oublie pas : il peint ici son personnage avec un attachement et
une humanité folle.
On notera la
dimension critique avec, juste après la vision de la statue de la Liberté et le
carton « Land of freedom »,
les personnages qui sont quasiment enchaînés sur le pont.
On retrouve
aussi en germes – comme souvent dans ses courts-métrages – des séquences que
Chaplin reprendra en les développant davantage dans ses long-métrages. Ici le
tangage du bateau qui donne lieu à une série de gags annonce évidemment la
cabane qui penche dans La Ruée vers l’or.
Et la séquence au restaurant (avec bien sûr Eric Campbell en terrible serveur)
sera elle aussi l’occasion de variations et de reprises multiples. Et jusqu’au
personnage féminin, bien entendu, qui annonce ses rencontres futures, notamment celles des Lumières de la ville ou des Temps modernes.
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