Brillantissime comédie de Billy Wilder, à ranger tout à côté de Certains l’aiment chaud parmi les chefs d’œuvre immenses du réalisateur. Cette fois Wilder
parvient à mélanger le ton comique, où il est très à l’aise, avec un
regard acerbe et cynique sur l’Amérique. Ici c’est notamment l’hypocrisie et
l’arrivisme qui sont ciblés.
Jack Lemmon sert de
révélateur parfait avec cette façon d’être à la fois complice et innocent, en profitant
des services qu’il rend ce qui lui permet, presque malgré lui, de damer le pion
à d’autres ambitieux dans son immense assurance, remarquable représentation
symbolique des grands groupes américains. Avant, finalement, de claquer la porte
à ce genre de vie.
| Les innombrables employés de l'immense compagnie d'assurance de Baxster |
Mais le film glisse progressivement vers un autre ton et, avec l’entrée en scène de Fran (extraordinaire Shirley McLaine), l'on passe progressivement de la comédie au drame. Le film se permet alors d’être à la fois grinçant tout en explorant l’intimité touchante des personnages. L’équilibre entre ces deux tons si opposés – équilibre si difficile à trouver – est parfait.
Wilder prouve une
nouvelle fois tout son génie : capable de passer d’un genre à l’autre avec
aisance, capable de rendre hommage au cinéma ou de lui faire des clins d’œil,
capable aussi de tirer à boulets rouges sur l’Amérique. La Garçonnière, tout comme le faisait Le Gouffre aux chimères par exemple, dans des tons très différents (c’est là
le tour de force), est à nouveau une attaque dure sur certains travers de l’Amérique
contemporaine. L’Amérique, une nouvelle
fois, se juge elle-même avec lucidité et sans concession.
Et Wilder nous refait le coup : la réplique finale éclatante est à ranger aux côtés de celles de Certains l’aiment chaud ou de To be or not to be dans les hauteurs immenses de la légende du Cinéma.
| Jack Lemmon et Shirley MacLaine : "Shut up and deal !" |

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire