samedi 21 octobre 2023

Les Favoris de la lune (O. Iosseliani, 1984)





Film très réussi de Otar Iosseliani, qui présente toute une galerie de personnages, jouant un peu du motif des cadavres exquis, avec ces individus qui se croisent, interviennent le temps d’une ou deux séquences puis disparaissent. On n’est pas loin, par moment, du Buñuel du Fantôme de la liberté. Et Buñuel rode aussi au détour de quelques images étranges et décalées, comme ce cheval qui traverse un salon bourgeois, renversant  et piétinant la vaisselle. Vaisselle qui apparaît comme un (fragile) fil rouge entre toutes ces saynètes et tous ces personnages.
Le film donne la part belle aux escrocs, voleurs, clochards et autres anarchistes (les fameux favoris de la lune), tous ceux qui glissent plus ou moins franchement et avec plus ou moins d’hésitations du côté du mal et de la mauvaise morale. On notera d’ailleurs la modernité étonnante de cette affaire de détonateurs destinés à des poseurs de bombe. 
Iosseliani saisit avec beaucoup de richesse toute une société, et, par-dessus tout, de façon assez impalpable, il distille une forme de poésie étrange dans ce ballet de tous les jours. Et ce regard sur Paris, empreint de poésie, d’un faux réalisme et d’une douceur un peu étrange évoque aussi bien René Clair que Jacques Tati. Iosseliani, d’ailleurs, un peu comme Tati, se passe parfaitement des dialogues, jouant à les faire disparaître comme lorsqu’il filme une rencontre au loin, à travers la vitre d’un bar.

 




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire