Film
très réussi de Otar Iosseliani, qui présente toute une galerie de personnages,
jouant un peu du motif des cadavres exquis, avec ces individus qui se croisent,
interviennent le temps d’une ou deux séquences puis disparaissent. On n’est pas
loin, par moment, du Buñuel du Fantôme de la liberté. Et Buñuel rode aussi au détour de quelques images étranges et
décalées, comme ce cheval qui traverse un salon bourgeois, renversant et piétinant la vaisselle. Vaisselle qui
apparaît comme un (fragile) fil rouge entre toutes ces saynètes et tous ces
personnages.
Le
film donne la part belle aux escrocs, voleurs, clochards et autres anarchistes
(les fameux favoris de la lune), tous ceux qui glissent plus ou moins
franchement et avec plus ou moins d’hésitations du côté du mal et de la
mauvaise morale. On notera d’ailleurs la modernité étonnante de cette affaire
de détonateurs destinés à des poseurs de bombe.
Iosseliani
saisit avec beaucoup de richesse toute une société, et, par-dessus tout, de
façon assez impalpable, il distille une forme de poésie étrange dans ce ballet
de tous les jours. Et ce regard sur Paris, empreint de poésie, d’un faux
réalisme et d’une douceur un peu étrange évoque aussi bien René Clair que
Jacques Tati. Iosseliani, d’ailleurs, un peu comme Tati, se passe parfaitement
des dialogues, jouant à les faire disparaître comme lorsqu’il filme une
rencontre au loin, à travers la vitre d’un bar.
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