samedi 29 juin 2024

Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines (Those Magnificent Men in their Flying Machines, or How I Flew from London to Paris in 25 Hours and 11 Minutes de K. Annaki, 1965)

 



Comédie anglaise sympathique mais sans grande surprise de Ken Annakin. Le ton léger rend le film assez peu captivant, sur un sujet qui, en soi, est pourtant passionnant (en 1910, les avatars des premiers aéroplanes dans une course destinée à traverser la Manche).
On sera davantage intéressé par la distribution internationale qui nous donne le plaisir de voir cohabiter des acteurs aussi variés que Jean-Pierre Cassel, Alberto Sordi, Sarah Miles, Stuart Whitman, Gert Fröbe ou encore Benny Hill. Cela dit la plupart d’entre eux cabotinent terriblement, influencés bien sûr par le ton du film mais aussi peut-être par la concurrence entre tous ces acteurs qui se marchent un peu sur les pieds.




mardi 25 juin 2024

Le Lac des morts-vivants (J. Rollin, 1981)

 



Il y a peu de choses à retenir de ce film d’exploitation, si ce n’est d’y trouver réunis tous les ingrédients qui, mis ensembles, sont prévus pour performer au pays des nanars : des femmes nues (dès les premières minutes, histoire d’hameçonner comme il se doit le spectateur), des monstres zombiesques, une histoire de nazis sur le retour. Cela suffit pour Jean Rollin (qui signe le film sous un pseudonyme...), réalisateur cornaqué par Marius Lesœur, le producteur inventif et sans limite d’Eurociné, société spécialisée dans le cinéma d’exploitation. Ici ces ingrédients sont allègrement mélangés pour donner corps – si l’on veut – à ce film très mauvais, à très petit budget, qui n’a ni queue ni tête mais qui a fait le job : il est le film le plus rentable de la société de production parmi la centaine produite.
On notera même une version destinée à l’étranger et qui est censurée comme il convient : les femmes au torse nue dans la version originale se voit affublée d’un petit haut qui cachent les seins que l’on ne saurait voir.
Cela dit il faut bien remettre le film dans son époque : celle des petits cinémas d’exploitation (dans les grandes villes notamment) qui passaient en continu ce genre de productions. On n’est pas bien sûr qu’il faille regretter ces salles qui, en un cercle vicieux, incitaient à produire des films très bas de gamme, destinés à les remplir. Sauf peut-être en ce qui concerne les affiches, souvent très abouties et éloquentes. Mais c’est bien normal, elles sont l’appât au bout de l’hameçon qui devaient inciter le spectateur à payer son billet.




samedi 22 juin 2024

Eurociné 33 Champs-Elysées (C. Blier, 2013)

 



Documentaire passionnant sur la société de production Eurociné de Marius Lesœur qui produisait des films d’exploitation à la chaîne, en particulier dans les années 70 et 80.
On y découvre les recettes permettant de faire des films sans argent et sans talent, en recourant à des méthodes très imaginatives pour faire des économies. Cela va de la réutilisation des mêmes décors ou des mêmes costumes pour des films différents ou de la transformation de la maison familiale en studio (on retrouve la même chambre, décorée différemment, dans de multiples films), jusqu'à l’utilisation d’extraits de films précédents dans de nouveaux films. Et, bien sûr, l'équipe a recourt à l’imagination, à la débrouille et au bricolage, lors du tournage, pour produire tel ou tel effet pourvu que ce soit à moindre coût.
Bien entendu ce cinéma, loin des grands studios et des acteurs professionnels, loin des critiques et du grand art, n’est qu’une utilisation du medium pour faire de l’argent, réduisant le cinéma à un produit industriel basique qu’il faut à toute force continuer de rendre rentable, quelque soit la qualité de ce qui est montré à l’écran. Alors, bien sûr, derrière la curiosité du documentaire souvent savoureux, on ne peut oublier que les films ainsi réalisés, s’ils continuent d’exister dans le royaume des nanars auprès des fans ad hoc, sont ce que le cinéma a pu produire de plus mauvais et restent, évidemment, très difficiles à regarder.




samedi 15 juin 2024

Starship Troopers (P. Verhoeven, 1997)

 



Sous ses dehors de film de guerre kitsch et outrancier (l’esthétique du film évoque la S-F des années 60 et Paul Verhoeven montre à foison des corps éclatés et déchiquetés), Starship Troopers suit son idée et parvient à traverser les différents échelons militaires, depuis les soldats sacrifiés de l’infanterie jusqu’aux manipulateurs tout en haut de l’échelle, en passant par les officiers pilotes.
Le film peut se voir comme une diatribe virile et guerrière et, dans ce sens, il annonce, avec une prescience étonnante, la seconde guerre d’Irak et la traque de Ben Laden dans les grottes afghanes. L’idée des ennemis qui sucent le cerveau est une métaphore très riche et très bien vue.
Mais le discours à l’encontre du complexe militaro-politique américain est très violent et l’on a du mal à comprendre les accusations portées contre Verhoeven (le film serait va-t-en-guerre) : les tortures infligées au Cerveau en fin de film (avec la belle idée du reportage télévisé censuré) parlent d’elles même, de même que l’accoutrement de Carl – devenu une des têtes pensantes du système et n’hésitant pas à sacrifier des soldats en masse – qui, avec sa cape de cuir noire, renvoie à l’image des pires dirigeants nazis.



lundi 10 juin 2024

Donnie Darko (R. Kelly, 2001)

 



Très intéressant film de Richard Kelly, où s'installe très progressivement une ambiance qui intrigue dans un premier temps puis se déploie à mesure que le scénario joue avec les incertitudes et les ellipses. Le film, alors, devient à la fois sensible, étrange et monstrueux, oscillant sans cesse entre teen movie et science-fiction.
La construction du film est remarquable jusqu’au bout, avec la révélation finale (on ne comprend que très tard l’origine de ce lapin monstrueux qui hante Donnie) et la clef du décompte qui scande le film.
Jake Gyllenhaal, révélé par le film, joue un Donnie tout en intériorité, comme il sait parfaitement le faire.
Le film offre de multiples lectures, depuis l’explication rationnelle (on voit le vortex entre les univers qui se développe au-dessus de la maison) jusqu’aux interprétations irrationnelles (le film se développant autour de la schizophrénie de Donnie) ou même métaphoriques : le film n’est peut-être qu’un portrait d’un mal-être adolescent. Le déplacement de l’intrigue dans un passé récent (elle se situe en 1988, en pleine campagne présidentielle de Bush père) a des connotations autobiographiques et Kelly laisse habilement en suspens l’interprétation, donnant assez d’éléments pour que chacun puisse ressentir le film comme il l’entend et réfléchir à loisir au rire final de Donnie.

 



mardi 4 juin 2024

Rencontres du troisième type (Close Encounters of the Third Kind de S. Spielberg, 1977)





Important film de Steven Spielberg, dont beaucoup d’images reviendront dans les films de science-fiction des décennies suivantes (à commencer par ceux de Spielberg lui-même, dont le E.T. est un des descendants les plus directs).
Avec du recul, on est malgré tout surpris par le grand succès du film : Spielberg est bien loin de faire un film facile et destiné au plus grand nombre. Certes il n’y a pas d’austérité, mais on est loin du grand spectacle (ce que la science-fiction promet souvent) ou du film calibré pour réussir et empli de bons sentiments (comme le sera E.T.). Une grande partie du film est centrée sur l’obsession de Roy (très bon Richard Dreyfuss) : Roy qui rumine, cogite, s’aliène. Les fameuses séquences où il voit sans cesse le piton rocheux qui l’obsède sans parvenir à le définir (dans la mousse à raser, la purée, etc.), jusqu’à en construire une maquette géante au milieu du salon, sont mémorables.
Si quelques séquences sont magistrales (notamment le moment de la rencontre de Roy avec les vaisseaux spatiaux) et si le talent et la manière de faire de Spielberg éclatent à chaque instant, on regrette la fin décidément trop sucrée (et il est bien regrettable que l’on voit tant les extra-terrestres).

 



samedi 1 juin 2024

Yannick (Q. Dupieux, 2023)

 



S’appuyant sur l'étonnant Raphaël Quenard, Quentin Dupieux, comme souvent, fait glisser avec aisance son film du normal vers l’improbable. Hélas, comme souvent, là aussi, il manque un ressort au film, comme une idée supplémentaire pour l’emmener un peu plus loin. Après l’idée de départ qui fait office de détonateur (un spectateur qui interrompt la représentation théâtrale), le scénario patine. Comme si Dupieux, excellent quand il s’agit de faire dérailler les choses, ne savait jamais trop où les emmener, une fois sorties de la route habituelle. Il emprunte des ornières surprenantes mais qui ne mènent nulle part.
On notera d’ailleurs que le film est très court (à peine plus d’une heure), ce qui semble illustrer cet essoufflement que l’on ressent trop souvent dans ses nombreux films.