lundi 17 février 2020

Le Petit Criminel (J. Doillon, 1990)




Si l’argument du film est assez simple (on suit un ado écorché vif et déboussolé), son traitement est très réussi. En effet, Jacques Doillon parvient à saisir avec beaucoup de finesse et d’acuité la pulsion vitale et désordonnée qui agite Marc, ado qui se cherche, perdu entre un beau-père aux abonnés absents, une mère alcoolique, des secrets de famille qui l’envahissent et une volonté de reconstruire sa vie, de se trouver une famille et de lui donner un nom. On est un peu en présence d’une version d’Antoine Doinel des Quatre Cents Coups, transposée aux années 90 (la famille est maintenant complètement éclatée) et issue de la cité. D’ailleurs, malgré le titre on est loin du film policier : Doillon scrute ses personnages, cherche à les révéler à l’écran et guette leurs failles pour les explorer aussitôt. Les trois personnages qui occupent l’écran se rejoignent d’ailleurs par leur solitude et leurs quêtes (quête d’une sœur, d’une famille, d’un nom). Gérard (très bon Richard Anconina), flic paternaliste, participe du fantasme de Marc de se construire une nouvelle famille.

Si toute la première partie du film (disons jusqu’à l’arrivée à Montpellier et l’entrée en scène de la sœur) sonne juste, en revanche, ensuite, le scénario se perd un peu, accumulant les redondances et tournant de plus en plus à vide. D’autant plus que, dans le même temps, le flic se perd lui aussi, devient de moins en moins crédible à mesure qu’il change de registre : même s’il n’a jamais eu réellement une posture de flic mais plutôt celle d’éducateur, il devient progressivement un complice aussi pommé que les autres.


Evidemment (et c’est bien dommage), on regrette que les autres personnages qui entourent Marc (notamment, à la fin, le professeur et le principal) soient des caricatures. La crédibilité de cette approche qui se voulait au départ accrochée à la réalité en prend un coup. Et l’on quitte alors le film sur une note beaucoup moins forte que celles sur lesquelles il avait commencé.


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