Film plein de charme, Les Quatre Cents Coups, s’il fait partie des
films qui lancent la nouvelle vague, est moins radical dans sa forme que chez
Godard (A bout de souffle notamment).
Truffaut donne une forme de chronique, tantôt touchante et naïve et tantôt
lourde de sens, à ces quelques jours de la vie d’Antoine, coincé entre ses
parents (Antoine, très clairement, aime sa mère qui, de son côté, lui manifeste
bien peu son amour maternel) et son instituteur. Le réalisateur joue avec les
symboles : celui d’une école qui échoue à sociabiliser l’enfant, d’une
ville qui l’accueille et le nourrit, d’une incapacité à s’exprimer (il écrit
sur les murs de la salle de classe, vole une machine à écrire, etc.), d’un
appartement familial qui l’emprisonne. Tout s’organise autour de cette relation
enfant-mère-ville. Où la mère d’Antoine, elle aussi, fait l’école buissonnière
en allant retrouver son amant dans les rues de Paris…
Et le film saisit merveilleusement
ces improvisations d’enfant, ce milieu familial un peu bancal, avec Paris qui l’englobe
comme un tout.
Jean-Pierre Léaud, dans la première
apparition de son célèbre personnage, est formidable. Il montre déjà ce mélange
de détachement et de spontanéité qui fera son succès. L’interrogatoire par la
psychologue, en fin de film, est superbe, révélateur et très drôle.
On remarquera aussi la fin
délibérément ouverte et qui annonce, d’une certaine façon, la suite des
aventures de Doinel : échappé du centre de redressement, il arrive sur la
plage, auprès des vagues, et la caméra saisit son regard interdit. Arrêt sur
image et générique : le jeune adolescent qui recouvre sa liberté n’exprime
pas une joie simple, mais une expression plus complexe que prévu et ambiguë (et
qui oblige à ressentir autrement les épisodes qui précèdent).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire