Quel
chef-d’œuvre encore de Chaplin ! Il y a toujours autant de rires (y a-t-il
plus grande séquence comique que le match de boxe ?) et toujours autant d’émotion,
par exemple la célèbre scène du quiproquo où la jeune aveugle prend Charlot
pour un millionnaire. Le tournage de cette seule scène durera plus d’un an,
Chaplin – conscient de son importance pour le film – la repensant
inlassablement et la retournant sans cesse. On touche du doigt l’exigence et la
perfection de Chaplin mais aussi sa liberté (liberté permise par sa formidable
richesse personnelle) : jamais un producteur n’aurait accepté un tel
tâtonnement ruineux.
La jeune aveugle prenant le vagabond pour un millionnaire |
L’expressivité
sublime de Chaplin, la douceur de Virginia Cherrill, la dimension sociale du
jeu entre les riches et les pauvres (qui s’exprime par le millionnaire ami ou
indifférent selon qu’il est saoul ou non), la tendresse altruiste de Charlot
qui ne sait comment gagner de l’argent pour sauver la jeune aveugle, tout cela rend
le film sublime. Chaplin se sert du burlesque (les gags sont filmés comme
autant de sketchs issus de courts-métrages muets) et le dépasse. On comprend
combien il était frustré par le format des courts-métrages : toute la
dimension émotionnelle et triste ne pouvait s’y exprimer.
Le légendaire match de boxe |
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