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dimanche 1 octobre 2017

Le Temps qu'il reste (The Time That Remains de E. Suleiman, 2009)




Très beau film de Elia Suleiman qui évite la lourdeur militante pour évoquer la situation complexe de son pays, coincé sous le joug d’Israël.
Suleiman oppose le silence à l’humiliation subie par son peuple. Comme dans Intervention divine, il reste muet et s’en remet à l’évocation de situations avec une distance contemplative et poétique. Et, au milieu de ces scènes quotidiennes, de ces personnages que l’on suit pendant cinquante ans, Suleiman distille ironie et humour.
Même si le premier flash-back commence avec un repère historique incontournable (création en 1948 de l’Etat d’Israël), ensuite ce sont des repères individuels, plus que des dates clefs du pays, qui marquent la progression du récit. Suleiman, dans un registre intime habituel, rattache son récit à son enfance, son adolescence et d’autres moments de sa vie d’adulte. Il s’agit alors davantage du constat de l’impuissance face à la situation politique, plutôt que d’une dénonciation de cette situation. C’est cela le cœur du film : comment les Palestiniens vivent dans cette situation bloquée où ils sont. Ignorer la présence de l’ennemi, faire comme si de rien n’était, dans les occupations de la vie quotidienne, devient un acte de résistance, ou, en tous les cas, une manière de vie.
Suleiman, l’acteur, a quelque chose de Buster Keaton dans son impassibilité, face à telle ou telle situation ou tel ou tel gag induit par l’impasse politique que connaît la Palestine. C’est ainsi que, au-delà de la drôlerie, du rythme lent, des répétitions des scènes, ce qui se dégage du film est la sensation d'impuissance face à la situation. Et, face à cette impuissance, la démarche de Suleiman est celle de la contemplation, jusqu'à l'harmonie de la nature et le ressenti du vent dans les branches.



dimanche 16 juillet 2017

Intervention divine (Yadon ilaheyya de E. Suleiman, 2002)




Beau film de Suleiman qui choisit une attitude contemplative pour montrer la condition des Palestiniens, coincés dans Ramallah.
Le film est une succession de situations, très intelligemment agencés (avec, notamment, une grande part laissée au hors-champ), qui tournent au gag ou à l’absurde. Suleiman ne réalise pas un film militant, il montre l'absurdité de cette vie : ainsi les différentes séquences au check-point, mais aussi les rapports de voisinage (comme si les Palestiniens, enfermés, se retournaient contre eux-mêmes). Et Suleiman n'hésite pas à évoquer son père (jusqu'à sa mort) pour rendre plus palpable encore les déchirements provoqués par la situation géopolitique. Les moments de violence (le tank qui explose, la guerrière ninja) n’apparaissent pas comme des exhortations à la violence, mais bien plus comme des absurdités, nées d’une situation intenable.
Et, de ces moments lentement filmés, à coups de situations qui se répètent et se complètent (parfois le contre-champ d’une situation vient beaucoup plus tard), de grâce un peu folle (le ballon qui passe au-dessus du check-point), il se dégage une incontestable poésie, calme et lente, que l’on est bien en peine de trouver, d’ordinaire, dans des films partisans.