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samedi 26 avril 2025

L'une chante l'autre pas (A. Varda, 1977)

 



Si le film peut apparaître aujourd’hui daté dans ses idées ou tout au moins dans son combat, il reflète son époque avec vitalité. Agnès Varda suit ainsi sur quinze ans deux amies dont les trajectoires se perdent, se retrouvent, s’éloignent et se croisent à nouveau. Pomme et Suzanne sont, pour la réalisatrice, l’occasion de filmer une amitié et de suivre des destins, des lieux, des histoires et des rencontres différentes. C’est ainsi que le film, aux allures de manifeste féministe, n’hésite pas à aller jusqu’en Iran, où la désillusion sera grande pour Pomme (et encore il s’agit là de l’Iran d’avant la révolution ; après il ne sera plus guère question, pour une femme qui veut s’émanciper, d’y suivre son mari).
Valérie Mairesse – qui chante – et Thérèse Liotard – qui ne chante pas – sont très bien dans ces rôles antagonistes et proches tout à la fois.


vendredi 13 mars 2020

Le Bonheur (A. Varda, 1965)




On sent, dans Le Bonheur, la volonté d’Agnès Varda de secouer le bel ordre social avec quelques années d’avance sur la révolution de mai 68 : son film, sous des dehors doucereux et sucrés, apparaît comme une provocation délibérée puisqu’il ne condamne pas l’infidélité conjugale et, même, la montre comme une normalité et une évidence simple.

Varda part d’une évocation du bonheur conjugal sur un ton qui est presque celui d’un conte : on plonge dans des clichés, mais des clichés que Varda va rapidement tordre puisque ce sera sur le même ton ensoleillé et naïf que la liaison de François sera filmée. Et, d’ailleurs, quand bien même le film ne se veut pas réaliste, on regrette l'humeur niaise et béate qui ne quitte jamais François. En parlant à son épouse de sa maîtresse et en tentant d’expliquer ses sentiments tout à fait benoîtement, ce pauvre François, du haut de sa niaiserie sucrée, ignore tout à fait les affects possibles (et évidents) qu’il ne manquera pas de provoquer chez sa femme. La critique sociale cède alors le pas au conte moral, mais cette fausse douceur sucrée est bien peu convaincante.
Si, sur le fond, Varda évoque Renoir (avec un extrait du Déjeuner sur l’herbe, et des séquences à la campagne qui renvoient à une Partie de campagne), la forme, à la didactique pesante, évoque bien plus Resnais ou Godard. On a droit à des plans de coupes métaphoriques, à des aplats de couleurs, à des mots saisis sur des panneaux publicitaires ou des enseignes, qui soulignent lourdement la trame narrative. Le montage, alors, de même que les choix marqués de réalisation, viennent plomber la légèreté recherchée du film.
Varda a néanmoins raison d’aller au bout de son idée : le film va très loin dans cette approche qui commence avec des amours qui s'additionnent, puis, la mort survenant, qui se soustraient, ce qui, nous dit Varda, permet de retomber sur ses pieds.




lundi 26 juin 2017

Cléo de 5 à 7 (A. Varda, 1962)




Beau film d’Agnès Varda, qui promène sa Cléo pendant une heure et demie, à coup de chapitres qui se succèdent, dans un format rare (la durée diégétique correspondant à la durée du film). C’est le temps d’une déambulation pour Cléo (qui se prénomme en réalité Florence), en attendant des résultats d’un examen médical. Le film est très moderne (dans le sens deleuzien), avec cette héroïne qui tue le temps, se promène, passe d’un lieu  l’autre, sans but réel, en attendant.
Quelques scènes rendent très bien, comme lorsque la caméra, au lieu de suivre la conversation, se promène hors-champ et délaisse les bavardages. La futilité du moment et l’arrière-plan anxieux de Cléo (qui, décidément, à la tête ailleurs) sont très bien rendus.
Contrairement à ce que le titre pourrait laisser croire, l’histoire de Cléo est bien loin d’être légère, elle qui, en ouverture de film, se faisant tirer les cartes, en ressort avec une prédiction morbide. Au départ complètement construite autour de son apparence, Cléo, peu à peu, par une redondance de miroirs réels ou symboliques tout au long du film, par des évocations et des rencontres, par des images, s’ouvre à autrui et est à même de recevoir l’annonce de son médecin.



lundi 13 janvier 2014

Sans toit ni loi (A. Varda, 1985)




Si Sans toit ni loi a survolé la critique (Lion d’or, nombreux Césars), on ne se laisse pourtant guère embarqué par la caméra d’Agnès Varda, qui suit de façon distante et neutre son personnage fâché contre le monde et filmé comme il vient. Que cette position distante soit assumée n’empêche pas la froideur et si cette démarche semble moderne et dépoussiérante, tout cela est assez ennuyeux.
La construction en flash-back ne fait pas mystère de l’issue de ce cheminement sans queue ni tête (et sans foi ni loi) : la succession des étapes et des rencontres mèneront Mona à la mort, isolée et glacée, dans le fossé, au bord de la route. Le propos n’est pas d’expliquer ou de comprendre, mais simplement d’illustrer une suite de moments, certains vains, d’autres plus enlevés (la rencontre avec la platanologue). Sandrine Bonnaire, révélée brillamment par Pialat, promène ici sa moue boudeuse et lointaine tout au long du film et bloque toute relation entre le spectateur et le personnage, qui reste mince et sans intérêt.


Néanmoins on appréciera, dans cette volonté non pas de comprendre mais simplement de passer un temps avec les déshérités ou les marginaux, de ne pas faire un film qui se veut dénonciateur, moralisateur ou bien-pensant, comme c’est si souvent le cas.