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vendredi 16 mai 2025

The Killer (D. Fincher, 2023)

 



Adapté d’une BD à succès, The Killer reprend la personnalité du tueur au centre du récit et la forme intéressante de la BD presque sans phylactères et dont le texte exprime simplement les pensées du personnage. Ici aussi les dialogues sont très réduits et le film utilise beaucoup la voix off en commentaires de ses propres actes et de ses pensées.
David Fincher construit un personnage glaçant, absent, qui parcourt le monde sans humanité, sans trace, sans affect et qui règle ses comptes. Il y a, bien entendu, du Samouraï dans ce personnage et du Delon dans le jeu froid et minimaliste de Michael Fassbender. Le film peut être vu comme une forme de remake de Melville, en moins abstrait et radical, et transposé dans un monde moderne, plus étendu (le personnage parcourt plusieurs continents), mais toujours figé, avec son personnage seul et qui s’avance vers la mort.
On regrette un peu, dans ce sens, la fin, nettement positive, qui contredit la trajectoire du personnage et lui enlève une radicalité certaine qu’il avait su garder jusque-là. La grandeur folle du samouraï de Melville devait beaucoup à son hara-kiri final, que l’on ne retrouve pas ici, bien au contraire.

 

mercredi 18 janvier 2017

Fight Club (D. Fincher, 1999)




Film prétendument culte aujourd'hui, Fight club dédouble avec originalité son personnage principal : au cadre moyen terne et à la vie morne, répond le personnage extravagant et violent de Tyler Durden, qui l’entraîne dans un tourbillon chaotique.
David Fincher propose, comme souvent, une mise en scène efficace mais très aguicheuse et exubérante. On s’accroche à ce double improbable (bien servi par un bon duo d’acteurs, très complémentaire) et les séquences jouent à alterner humour et violence, volontiers racoleuse. Et Fincher s'amuse à glisser des images subliminales (dont la dernière – celle d’un sexe d’homme – annoncée par Tyler Burden durant le film) qui ajoutent une touche ironique à un film au ton parfois détaché.

On aura bien du mal, en revanche, à en tirer une quelconque morale satisfaisante : le film attaque la société de consommation, certes, voilà bien une cible facile, en particulier au travers du narrateur, névrotique, dévirilisé, comme endormi dans la société, au corps ramolli. Le réveil viendra d’ailleurs d’une mise à l’épreuve des corps et d’un renoncement au confort petit bourgeois. La pulsion de vie qui est le cœur de ce qui manque au narrateur est sans doute le seul thème abordé réellement iconoclaste : ce sont les combats au corps à corps qui illustrent l'éveil de cette pulsion disparue de la société. Tyler Durden, double fantasmé, cherche à secouer le narrateur mais cela passe par la destruction de la société de consommation, symbolisée, ce qui est très convenu, par les gratte-ciels des grandes banques qui sont détruits en fin de film. Toute cette dénonciation reste bien classique et affaiblit la portée du film.



samedi 30 juillet 2016

Alien 3 (D. Fincher, 1992)




Intéressant film de David Fincher qui construit un huis-clos efficace dans une prison perdue sur une planète lointaine. Revenant à l’univers oppressant du premier Alien (délaissant les explosions de violence de Aliens), Fincher (dont c’est le premier long métrage) réalise un film sombre, glauque et pessimiste.
Il faut noter que Alien 3 est, parmi tous les films de la saga, celui dont les effets spéciaux sont les moins réussis et le film en souffre : alors qu’il est plus vrai que nature dès le film de 1979, le passage au numérique, ici, ne lui rend guère service.


Dans le premier épisode l’équipage ne connaît pas la nature de la bestiole qu’il affronte et le spectateur découvre avec lui l’horreur de la chose. Mais, désormais, si les prisonniers ignorent toujours l’agressivité extrême de l’alien (malgré Ripley qui cherche à les avertir), le spectateur sait parfaitement ce qu’il en est. Du coup le suspense, même savamment mené, ne peut être aussi efficace que dans le premier épisode : il ne s’agit que du retour de quelque chose de connu et non d’un monstre nouveau.

Néanmoins Fincher mène savamment son film, réutilisant les codes du genre (l’épouvantable cycle de vie de l’alien) tout en intégrant des nouveautés (la relation entre Ripley et le monstre).

mercredi 17 février 2016

Seven (Se7en de D. Fincher, 1995)




Bon thriller de David Fincher, violent et angoissant, qui met en scène un classique duo de flics mal assortis (un petit jeune fougueux et un vieux près de la retraite) aux prises avec un criminel psychopathe appliqué et patient.
Le film reprend la trame principale de L’Abominable Docteur Phibes de Fuest. Là où le docteur tuait successivement ses victimes en s’inspirant des dix plaies d’Egypte, ici le tueur part des sept péchés capitaux. De même le docteur Phibes a mûri son plan pendant des années, comme le fait John Doe dans Seven. Le film, donc, n’est pas original, mais il n’en est pas moins réussi.



David Fincher met en effet en place avec une certaine roublardise une ambiance un peu artificielle qu'il cherche à faire passer pour des effets de style. Une image numérique aux filtres chauds, un concept assez racoleur, un univers métaphorique (ici une « leçon biblique ») volontiers glauque et poisseux et qui montre (avec une certaine complaisance) tout le sordide des mises en scène des meurtres. Cela fait un peu concours d'abominations et il n’est pas certain que, pour happer le spectateur, il faille sans cesse chercher à le choquer toujours davantage.

La déclinaison en sept péchés capitaux a pour intérêt d’apporter du grain à moudre aux policiers et, surtout, cela cherche à installer le psychopathe dans la branche à la mode des psychopathes intelligents, lucides et cultivés. Or on retombe là inévitablement sur Hannibal Lecter, mémorable tueur du Silence des agneaux, et que Kevin Spacey, malgré un jeu humble et très juste, ne parvient guère à faire oublier.
Certes le personnage, par essence, se veut le plus discret possible (jusqu’à son nom de John Doe) mais c'est le machiavélisme scénaristique, bien plus que le personnage du tueur lui-même, qui marque les esprits. Comme ce sont ses actes plus que lui-même qui sont destinés à être gardés en mémoire par le spectateur (spectateur du film autant que le spectateur imaginaire des meurtres du tueur qui espère, assez stupidement, marquer son temps dès lors que l'ensemble de son « œuvre » apparaîtra dans sa totalité : voilà une pensée bien naïve pour un tueur censément intelligent), ses actes, donc, sont forcément outranciers à l'image. On le regrette un peu, tant d'une part l'atmosphère oppressante par ailleurs montrait qu'on pouvait laisser bien des atrocités hors-champ et tant, d'autre part, c'est le personnage de John Doe et sa relation avec les deux inspecteurs (personnages que Fincher a intelligemment pris le temps d'épaissir) qu'il aurait été intéressant d'approfondir.

On notera une influence néfaste du film : on ne compte plus les films de second rang ou les séries télé qui ne peuvent s'empêcher d'emmener le spectateur dans des endroits glauques directement inspirés de l'atmosphère de Seven et qui ne peuvent s’empêcher, non plus, de filmer en gros plan bien des cadavres abominables.



jeudi 22 novembre 2012

Zodiac (D. Fincher, 2007)




Film surprenant de David Fincher, dont on pouvait attendre, face à un pitch annonçant la poursuite d’un serial-killer qu’il mette en avant le serial-killer, avec ses effets de manche racoleurs habituels. Mais rien de tout cela ici : Fincher a remisé ses manières aguicheuses pour un film étonnamment sobre, calme, lent, concentré davantage sur le travail d’enquête qui tourne en rond, avec les enquêteurs et les journalistes qui s’interrogent et pataugent.

On a bien une petite complaisance dans les meurtres (Fincher ne pouvait pas se retenir tout à fait) mais pour le reste la sobriété et l’accroche au réel sont de mise (l’enquête est basée sur deux romans eux-mêmes inspirés du fait divers réel).
La durée inhabituelle du film (2h40) répond à la durée très longue de l’enquête et Fincher, à coup d’ellipses temporelles, montre le travail journalistique qui vient polluer l’enquête, les fausses pistes longuement suivies pour rien, les soupçons que l’on ne parvient pas à transformer en preuves, etc. Et l’on voit peu à peu combien tous s’épuisent et se consument, tour à tour, dans cette recherche vaine qui les obnubile.