
Intéressant
western de Sergio Sollima, qui est un des plus remarquables du western italien.
En effet, au-delà du style, de la violence sèche ou de l’ambiance, typiques du
genre, c’est le travail sur les personnages qui est intéressant.
Le film
démarre en faisant des deux personnages principaux des stéréotypes :
Brett Fletcher (Gian Maria Volonte) est un professeur qui vient soigner sa
santé au Texas ; l’autre, Beauregard Bennet (Tomas Milian) est un desperado
présenté comme une bête sauvage. Mais, progressivement, les personnages vont
venir contredire ces stéréotypes : Fletcher découvre le plaisir des armes,
il s’aguerrit, se raffermit et prend goût à la vie de hors-la-loi. Dans le même
temps, on découvre que Bennet n’est pas un fauve lâché en liberté. Quand Bennet
est arrêté (par le chasseur de prime Siringo qui s’était introduit dans sa
bande) Fletcher reprend les rênes et dévoile ses ambitions. C’est ainsi que, au
cours du film, Fletcher, s’il a bien un cerveau, n’a pas de cœur. Et la
réflexion porte : au milieu de gens pauvres et peu capables, le plus
intelligent peut faire son trou, mais, sans morale ni sensibilité, il peut aussi
devenir pire que tout. Les personnages se croisent donc, progressivement :
on découvre un hors-la-loi de plus en plus humain et proche des petites gens de
sa condition alors que Fletcher est de plus en plus impitoyable. Siringo, lui aussi,
aura droit à sa rédemption : puisque de traître ultime, il montrera une
compréhension qu’on n’attendait pas de lui – en comprenant que Bennet n’est pas
celui qu’il semblait être.

Le film montre
aussi un humour parfois grinçant : si la bande de hors-la-loi montée par
Bennet se nomme La Horde sauvage, la véritable Horde sauvage, celle qui tue
sans foi ni loi et sans pitié pour les femmes ou les enfants, c’est la troupe de
mercenaires qui accompagne Siringo et qui déferle sur le campement de Bennet.
Ce motif sera d’ailleurs repris par Sergio Leone dans Mon nom est personne.
Et le film
permet, en outre, de voir Tomas Millian et Gian Maria Volonte – deux acteurs
cultes mais qui ne s’entendaient guère – ferrailler.
On notera aussi que le dessinateur Yves Swolfs, fidèle à ses inspirations venues du western italien pour sa série Durango (dont le personnage principal s'inpire du Grand silence de Corbucci), donne à son personnage Amos l'apparence de Tomas Milian dans Le Dernier face à face.