Polar violent et
nerveux de Kinji Fukasaku qui met en scène un yakuza d’abord inféodé à un clan
mais qui, très vite, se révèle individualiste et ingérable, sans respect pour
les codes d’honneur des yakuzas. Il est un peu à l’image du Japon qui, après la
guerre et la honte de la défaite et de la présence américaine, est en perte de
repères.
Présenté comme
un documentaire, avec même des inserts d’image, le film bénéficie du style de
Fukasaku qui épouse la personnalité de son personnage principal tendu
comme un arc : le rythme est sec et nerveux, le montage haché et la caméra
virevolte en tous sens, comme incontrôlable.
Si cette manière
de filmer est remarquable, on regrette que le réalisateur – certes contraint
par son statut de réalisateur de films de commande – ne s’intéresse pas à des personnages plus
intéressants, qui ont une profondeur psychologique ou un destin plus grands que
cet individualisme qui ne mène à peu près à rien d’autres qu’un
jusqu’au-boutisme forcément fatal.
Fukusaku essaie
bien de donner une ampleur particulière au personnage en toute fin de film,
mais l’histoire est un peu décevante, alors que la mise en scène, en elle-même,
est très stimulante.
lundi 29 juin 2020
Le Cimetière de la morale (Jingi no hakaba de K. Fukasaku, 1975)
lundi 13 avril 2020
Okita le pourfendeur : Yakuza moderne (Gendai yakuza: Hitokiri yota de K. Fukasaku, 1972)
Polar nerveux et
violent de Kinji Fukasaku, qui, allant au bout de son idée – et de son
personnage –, fait correspondre la fond et la forme : pour répondre à son
personnage de chien fou, pervers et sadique, Fukasaku filme de façon
frénétique, hachée et sombre, serrant toujours davantage son sujet, en multipliant
les cadrages débullés, la caméra basculant sans cesse pour suivre les explosions
caractérielles de son personnage, dans le fracas des métros urbains, des hurlements
et des cris.
Okita, yakuza
ingérable et fier, incapable de faire partie d’un clan, multiplie les actes de violence
qui se veulent toujours une déclaration d’indépendance. Et, s’il ne rentre pas
dans le moule des yakuzas et de leur code d’honneur, il a grand-peine à tenir
dans le cadre lui-même : il sort sans cesse du cadre qui ne parvient pas à
le fixer. La relation avec Kimiyo vire au sadomasochisme et la fin, dans un sacrifice
dément et sans limite, rejoint un peu la mort sous une grêle de balles de Bonnie and Clyde.
On regrette que
ce style ultra-nerveux et tendu soit bridé, en quelque sorte, par un personnage
qui reste limité : il manque une hauteur, un lyrisme à Okita, qui ne sort
jamais de ce tempérament butté, fier et égoïste, ne gagnant une dimension
sacrificielle qu’en toute fin de film.