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jeudi 16 septembre 2021

Pauline à la plage (E. Rohmer, 1983)

 



Fidèle à son style, Rohmer promène sa caméra à travers les vacances d’été de quelques personnages, suivant leurs élucubrations, leurs rencontres, leur légèreté ou leur gravité, leurs joies et leurs déceptions. Mais, on sent bien que, derrière la petite histoire, Rohmer a une idée derrière la tête et qu’il cherche à filmer les corps, à saisir la lumière de l’été, à jouer d’une palette de couleur précise.
C’est donc plus la sensation de l’air chaud de l’été, l’éclat du soleil, les sons de bicyclettes en roue libre, la petite brise qui passe sur la peau nue que veut filmer Rohmer. Bien sûr les acteurs peuvent être horripilants – surtout par leur premier degré –, les personnages restent très creux et l’histoire un peu naïve raconte peu de choses, mais on a compris que l’essentiel est ailleurs.
Cela dit on peut ou bien trouver le film vain, ennuyeux et futile ou bien être réceptif à toutes ces sensations que Rohmer veut glisser à l’écran. Mais on peut aussi trouver que ces sensations, même lorsqu’elles sont captées et exprimées, n’enrichissent pas vraiment le film et que celui-ci a décidément bien du mal à être plus qu’une historiette de vacances racontée avec un mélange de désinvolture et de prétention.

 

mercredi 18 décembre 2019

L'Arbre, le Maire et la Médiathèque (E. Rohmer, 1993)




Avec son style habituel, Eric Rohmer file dans la France profonde et disserte sur un cas local – mais tout à fait représentatif – d’un projet municipal contesté.
Avec sa mise en scène minimaliste, ses personnages faussement naturels et son scénario très dépouillé, L’Arbre, le maire et la médiathèque reprend le style habituel de Rohmer avec ce cinéma si particulier, au rythme monotone, mettant sur un même plan des moments clefs et de longues digressions qui ne mènent nulle part. Ces séquences à demi-improvisées, immédiatement ennuyeuses, sont malheureusement assez incontournables chez le réalisateur (surtout avec Arielle Dombasle, à la mièvrerie maniérée épuisante, qui part dans des diatribes écolo-bobo à deux sous).



Comme souvent, Rohmer cadre son récit dans une narration chapitrée et organisée. Ici c’est une succession de « si… » qui mène le récit et joue des hasards. Cela permet au film de retomber sur ses pieds sans trop se préoccuper du lien de causalité entre les petits récits épars qu’il propose.
On notera que si, par certains points, le film a beaucoup vieilli (la maire en petit châtelain qui n’a dans la commune qu’une résidence secondaire), il est sur d’autres aspects, d’une actualité étonnante : on ne compte plus, malheureusement (et cela n’a pas cessé depuis vingt-cinq ans…), les beaux projets prétendument modernes qui défigurent les plus anciens de nos villages et qui, comme le dit très bien Rohmer, cherchent à transformer la campagne en ville et à considérer (c’est sans doute là, profondément, que le bât blesse) le campagnard en un citadin comme les autres.


lundi 20 mai 2019

La Collectionneuse (E. Rohmer, 1967)





Troisième des films d’Éric Rohmer inscrits dans ses Six contes moraux, La Collectionneuse met en scène – comme souvent chez Rohmer – des personnages qui tournent en rond, discutent, s’interrogent, hésitent, se donnent des postures et n’aboutissent finalement à peu près à rien.
Adrien – centre du récit dans une position de dandy assez hautaine – et Daniel se targuent d’un état d'esprit de vacances proche de l’otium antique : leur oisiveté se veut une position morale difficile (ne rien faire est présenté comme une performance plus difficile que le travail…) et philosophique. Les belles ambitions d’Adrien, qui nous gratifie en voix off du commentaire de ses avis et ressentis, seront balayées par l’arrivée d’Haydée.
Haydée perturbe à la fois parce qu’elle est une incarnation d’une grâce qui saisit Adrien – grâce révélée d’emblée dans un des prologues –, et aussi par son action : elle « collectionne » les hommes, croit comprendre Daniel. Pourtant Haydée, derrière cette légèreté ingénue, cache une complexité qui ne se révèle pas au premier abord et que les deux compères ne saisissent pas.


Bien qu’ils s’en défendent, Adrien et Daniel entrent dans une lutte qui tourne autour d’Haydée : lutte déniée (ils s’affichent désintéressés et méprisants) mais qui les obnubile de plus en plus. Adrien, par sa belle morale, se croit au-dessus du vil attrait, mais sa petite rationalisation se fracasse contre le mur de la réalité : non seulement il veut qu’Haydée le désir (il lui prête mille intentions détournées du fait de ce prétendu désir) mais il veut être son préféré. Si Rohmer, en fait, filme un personnage qui se raconte une histoire, Adrien – qui se targue d’analyser finement ses relations à autrui – passe complètement au travers, par excès d’orgueil, par une incapacité à sentir les choses et en restant fixé sur son point de vue.

Fidèle à son style habituel, Rohmer offre beaucoup de place aux personnages, mais il laisse des espaces vides dans son film, des silences, des moments perdus. Il construit une ambiance d’été, dans cette Provence chaude et ensoleillée, avec la maison ouverte, les herbes folles, les chants d’oiseaux, l’eau sur la petite plage et, aussi, les corps longilignes, affalés ou lascifs. Il laisse ainsi une possibilité au réel de faire irruption dans son film – comme une vérité du monde qui s’invite tout à coup, en marge du récit lui-même. Cela semble fonctionner par instants fugaces (c’est là que La Collectionneuse est un Rohmer intéressant : la plupart du temps rien ne surgit de ses films), mais le lent fil des événements reprend le dessus et l’on retourne presqu’aussitôt vers ce trio oisif qui déambule.

vendredi 15 août 2014

Le Rayon vert (E. Rohmer, 1986)




Film très quelconque de Rohmer, où les acteurs improvisent leurs dialogues autour d’un canevas qui leur est proposé.
Delphine ne sait que faire de ses vacances, ses projets étant tombés à l’eau. Alors, solitaire, elle multiplie les étapes et les rencontres, espérant trouver, au travers des signes qu’elle pense lire autour d’elle, le grand amour.
L’histoire elle-même est tout à fait banale et sans intérêt, les personnages n’ont aucun relief et le réalisateur aussi bien que les acteurs ne leur en donne guère. Certaines scènes sont affligeantes (lorsque Delphine et Léna se font draguer par exemple). On aimerait y trouver l’idée d’un cinéma expérimental, ce qui inciterait le spectateur à l'indulgence, mais Rohmer n’hésite pas une seconde et inscrit son film dans sa série des « Comédies et proverbes », cherchant ainsi une filiation prestigieuse. Ici, Le Rayon vert se veut une illustration des vers de Rimbaud (issus du poème Chanson de la plus haute tour) :
Ah ! que le temps vienne
Où les cœurs s’éprennent !
Il n’en faut pas plus pour décrocher un Lion d’or (voilà encore un bel exemple qui sape le peu de crédibilité de ces récompenses illustres ) !