samedi 29 juillet 2023

Carré d'as pour Django (Le due facce del dollaro de R. Bianchi Montero, 1967)





Western spaghetti qui a tout de l’exploitation de filon. Les aficionados les plus purs y trouveront ce qu’ils viennent chercher. Et la fin, sans être exceptionnelle, a le (grand) mérite de surprendre.
Cela dit le titre français laisse songeur : si un des personnages se nomme bien Django il n’est nulle part question de poker. Mais l’on sait combien tout n’est qu’affaire d’exploitation et combien le nom de Django est devenu mythique (et donc commercial) dans le monde du western spaghetti.

 

jeudi 27 juillet 2023

La Ballade de Buster Scruggs (The Ballad of Buster Scruggs de J. et E. Coen, 2018)





Film à sketchs dont les différentes histoires embrassent toutes le thème de la Frontière. Passant en revue de nombreux stéréotypes du western avec plaisir (on croise un gunfighter, un braqueur de banque, un prospecteur, un convoi de pionniers, etc.), les frères Coen s’amusent. On regrette que les sketchs soient inégaux dans leur efficacité ou leur drôlerie, mais il s’agit là sans doute d’une limite de ce type de films.
Le sketch inaugural (qui donne son titre au film), Près d’Algodones, Gorge dorée ou La Fille qui fut sonnée sont très réussis et participent sur un registre comique à la légende de l’Ouest.

 




mardi 25 juillet 2023

Mission impossible : Dead Reckoning, partie 1 (Mission: Impossible – Dead Reckoning Part One de C. McQuarrie, 2023)

 



Septième opus d’une série désormais bien rodée, ce Mission impossible ne peut guère surprendre. Comme la recette ne change pas d’un film à l’autre, on sent bien que celui qui a aimé les précédents films aimera celui-ci et que celui qui n’a pas supporté les précédents ne supportera pas celui-ci non plus. A l'image de sa star dont la plastique et le punch restent inchangés, la série se maintient.
Il y a bien quelques scènes d'action parfois trop longues, mais le climax final dans le train
  – comme un écho au premier épisode de la série  est très réussi.

Bien entendu il s’agit de rien de plus que d’un film calibré pour cartonner à l’international. Mais le film n’est rien de moins non plus : il faut admettre que la série ne sombre pas, au fil des épisodes, et se maintient. Tom Cruise fait le job avec énergie et efficacité et ses acolytes forment une équipe consolidée au fil des épisodes.

On se demande cependant, de plus en plus, si les spectateurs ne trouvent pas dans Ethan Hunt un succédané à James Bond, ce héros de cinéma quelque peu dévitalisé ces dernières années (en particulier dans les films où il est interprété par Daniel Craig). Hunt, lui, on l'a dit, ne change guère, il s’est même raffermi, laissant de côté ses déboires sentimentaux (tout l’inverse de James Bond) et surfe toujours plus sur les gadgets high-techs, autrefois chasse gardée de 007. Bien sûr Hunt n’a pas l’enrobage de Bond (pas de cocktail, pas de séduction, pas de mondanités décontractées), mais il se peut néanmoins que les spectateurs célèbrent d’autant plus ses folles équipées qu’il est désormais le seul héros agent secret à tenir encore la barre.

 


vendredi 21 juillet 2023

Chef (J. Favreau, 2014)





Le principal intérêt de ce film guère convaincant de John Favreau est qu’il met en scène un chef cuisinier de sorte que, à plusieurs reprises, la nourriture est le sujet du film, ce qui est assez rare dans le cinéma américain.

Mais le scénario cousu de fil blanc et l’interprétation assez laborieuse de Favreau lui-même ramollissent le film et le rendent tout à fait fade. De sorte que même s’il se paye le luxe de voir de petits rôles portés par des acteurs de renom (on croise Dustin Hoffman, Scarlett Johansson ou Robert Downey Jr), Chef s’oublie assez vite.

On notera, cela dit, le parcours étrange du chef cuisinier héros du film : alors qu’il dirigeait la cuisine d’un grand restaurant français de Los Angeles, il finit en sillonnant les routes dans un food truck, où il prépare des sandwichs et autres tacos. On ne saurait mieux résumer, finalement, le rapport des américains à la nourriture.

 

 

 

lundi 17 juillet 2023

Jumanji (J. Johnston, 1995)

 



Film calibré pour les enfants, Jumanji avait eu une résonance lors de sa sortie à la fois par les effets spéciaux post Jurassic Park qui était alors une révolution visuelle, et par Robin Williams, alors superstar. Mais le film ne va pas bien loin, le jeu au cœur du film ne consiste à peu près en rien d’autre que de lancer les dés et, ensuite, de croiser les doigts face aux calamités qui se déversent. Tout cela n’a pas beaucoup de sens et reste un divertissement bas de gamme.




samedi 15 juillet 2023

Okja (J-h. Bong, 2017)

 



Si le film démarre gentiment, sur une thématique proche de Sauvez Willy (le franchement mièvre en moins), il dérive ensuite vers la fable anti-industrielle et anticapitaliste. Mais, quand bien même il joue des codes de la comédie, l’univers brossé par Bong Joon Ho ne s’embarrasse guère de finesse. Qu’il s’agisse de la PDG dépressive et psychotique au possible (Tilda Swinton, parfaite) ou du vétérinaire allumé (étonnante composition de Jake Gyllenhall), le portrait de la société est brossé à très gros traits. Mais l’ensemble est amusant, malgré une morale facile et faiblarde qui décrédibilise trop le film.
On regrette cependant une image : celle, en fin de film, où l’on voit tous les super-cochons amassés dans un camp de barbelés et poussés vers l’abattoir. L’évocation des camps de concentration est très nette et l’assimilation à la Shoah on ne peut plus nette. Il y a là un parallèle qui fait frissonner. S’il est terrifiant et épouvantable de traiter des humains comme des cochons, on ne saurait, en revanche, dénoncer le sort des cochons en l’associant à celui des humains.



mercredi 12 juillet 2023

La Première folie des Monty Python (And Now for Something Completely Different de I. MacNaughton, 1971)





Dans ce premier long-métrage des Monty Python, on retrouve déjà leur verve tout feu tout flamme qui les conduit volontiers vers l’absurde, le cynique, le sanguinolent ou parfois le mauvais gout. La troupe de comédiens s’en donne à cœur joie et certains sketchs sont très drôles. L’on s’amuse aussi de voir les acteurs se démultiplier et camper une foule de personnages.
Le film est présenté comme une suite de sketchs habilement cousus les uns aux autres, bien qu’ils soient sans rapport (ce que John Cleese, revenant sans cesse d’un rôle à l’autre, nous dit savamment « et maintenant quelque chose de complètement différent… »). On retrouvera dans Le Sens de la vie, en plus abouti encore, cette facilité à bondir d’une séquence à l’autre. Mais, déjà, dès ce premier film, en se permettant des interludes, des digressions, des coupures, des adresses au spectateur et autres facéties en tous genres, la petite troupe montre toute son imagination débordante et tout son sens comique.


 

samedi 8 juillet 2023

What a flash! (J.- M. Barjol, 1972)

 



Complètement ancré dans une époque, sans tenue et sans teneur, s'en remettant à une improbable improvisation ou à une supposée capacité à saisir les choses, Jean-Michel Barjol filme des personnes lâchées sur un gigantesque plateau. Cette débauche et cette frénésie se révèlent bien sûr être un grand n’importe quoi, sans créativité, sans émotion, mais qui laisse paraître les grandes prétentions artistiques des participants autant que celles du réalisateur.
Malgré la curiosité de la distribution (on croise dans ce fourre-tout Bernadette Lafont, Jacques Doillon ou quelques autres acteurs reconnus), on oublie vite ce gloubi-boulga, qui ne peut guère intriguer bien longtemps.




jeudi 6 juillet 2023

Monty Python : La Vie de Brian (Monty Python's Life of Brian de T. Jones, 1979)

 



Après leur Sacré Graal ! réussi, la bande des Monty Python signe une nouvelle comédie à la fois loufoque, absurde et tout aussi réussie. Terry Jones et sa troupe s’en donnent à cœur joie et s’autorisent toutes les facéties, jouant beaucoup sur des jeux de langues, des lapsus, des erreurs de compréhension ou de diction. L’idée est habile puisque sans pasticher Jésus lui-même (dont l’apparition en début de film est dénuée de tout comique), le film joue avec le verbe qui est la substance même de l’enseignement du Christ. Le film, alors, renvoie à une version libre, délirante et sans limite de L’Évangile selon Saint Matthieu.
Après une ouverture très drôle (les rois mages qui se trompent de crèche) et un générique décapant (qui renvoie nettement à Brancaleone), de nombreux gags n’ont pas pris une ride et restent délicieux (la séquence de la lapidation, Brian qui fait des fautes de latin en taguant les murs, les réunions des militants du Front Populaire de Judée, etc.). On notera combien une comédie habilement écrite brosse le portrait d’une époque ou, au contraire, permet de suivre l’évolution d’une société : on pense bien sûr à la séquence très drôle où Stan souhaite devenir Loretta (malgré son absence d’utérus !), sujet aujourd’hui non plus loufoque mais devenu on ne peut plus sérieux.

 



mardi 4 juillet 2023

Yi Yi (E. Yang, 2000)

 


Si l’on suit Yi Yi sans déplaisir, le film, malgré bien des tentatives, ne procure guère d’émotion.

Yi Yi
ne manque pourtant pas d’ambition et Edward Yang filme avec beaucoup de proximité et d’attachement ses personnages. Et l’idée de capter trois moments de la vie comme si les trois personnages n’en étaient qu’un, saisi à différents âges, est très bien vu.
Mais, derrière les qualités indéniables du film, il manque peut-être un lyrisme ou un sens de l’épique qui donnerait à cette triple vue d’une chronique familiale plus d’accroche pour la sortir des poncifs dans lesquels elle reste quelque peu.

 

 

 






samedi 1 juillet 2023

Tuez-les tous... et revenez seul (Ammazzali tutti e torna solo de E. G. Castellari, 1968)

 

 
 
Western spaghetti très conventionnel de Enzo G. Castellari et qui a tout du cinéma d’exploitation. S’il reprend plusieurs éléments du Bon, la Brute et le Truand (la guerre de sécession, le trésor caché, la dynamite, etc.), la forme se contente de la vulgate très vite apparue dans la lignée de Sergio Leone. C’est que le cinéma italien, en exploitant avidement le filon du western, n’a gardé de Leone que quelques éléments de mise en scène qui en font une caricature. Et si l'on veut bien se souvenir que Leone est déjà un maniériste et qu’il est déjà caricatural, on se rend compte combien cette lignée du western spaghetti ne pouvait pas mener très loin en termes de qualité. On a donc droit, dans Tuez-les tous..., à des zooms tendus sur les visages, à des champs-contrechamps plantés à hauteurs des yeux, à des trognes patibulaires, à des bruitages aujourd’hui folkloriques (les coups de feu, les coups de poing), à des morts en pagaille.
C’est un peu dommage que le film, sur cet aspect formel, soit bâclé, car il y avait quelque chose à fouiller autour des deux personnages principaux cyniques à souhait et bien servis par deux acteurs intéressants (Chuck Connors et Frank Wolff).