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mercredi 22 janvier 2025

24 frames (A. Kiarostami, 2017)

 



Réalisation expérimentale de Abbas Kiarostami qui renvoie à Ten, tourné quinze ans plus tôt et qui jouait déjà de plans fixes. Ici les « cadres » proposés sont de longs plans muets – mais où la sonorisation est essentielle , comme autant de photos ou de tableaux (en commençant par Les Chasseurs dans la neige de Bruegel) et qui s'animent doucement.
L’ensemble est poétique, lent, doux, parfois très beau, parfois davantage incongru, comme un moment saisi ou que le réalisateur, sensible à la douceur des choses, imagine. Tous ces plans fixes sont, malgré leur animation, comme des natures mortes qui renvoient à la contemplation, à la peinture, à la poésie, autant, bien sûr, qu'ils évoquent Ozu.


mardi 28 février 2017

Où est la maison de mon ami ? (Khāneh doust kojāst de A. Kiarostami, 1987)




Très beau film de Abbas Kiarostami, à la fois simple et touchant, et duquel, au-delà de sa forme épurée, surgit un charme émotionnel puissant. Cette histoire d’un petit garçon qui doit aller rendre un cahier à un camarade de classe pour que celui-ci ne se fasse pas renvoyer de l’école, bien loin d’être simpliste, fait rayonner une humanité touchante et sincère.
On lit dans l’extraordinaire visage de Ahmad, à la fois naïf et fragile, la complexité des sentiments qui passent, et la compréhension de ce qui arrivera s’il ne rend pas le cahier de son camarade. Et, par sa caméra qui saisit ce regard de l’enfant, Kiarostami parvient à rendre grave cette méprise qui, dans le monde des adultes, n’est pas bien importante. Les adultes, d’ailleurs, qui ne peuvent comprendre ce qui se joue, depuis la mère d’Ahmad, jusqu’à ce menuisier qui a besoin de rédiger un rapide contrat et qui déchire une feuille, sans se rendre compte du caractère précieux et sacré du petit cahier. Kiarostami parvient à  filmer merveilleusement à hauteur d'enfant : le spectateur ressent ce que l'enfant ressent.
On sait pourtant peu de choses du lien entre Ahmad et Mohamad. Ils sont camarades d’école, voisins de banc mais ils habitent loin l’un de l’autre et il faut faire les devoirs avant de pouvoir jouer, quand il n’y a pas les parents à aider. On peut ainsi voir dans cette quête d’Ahmad, non pas seulement la recherche de la maison de Mohamad, mais aussi la quête d’un ami. Et cette escapade jusqu’au village voisin, en soi modeste, apparaît quasi initiatique à l’échelle de l’enfant qu’il est, elle le confronte au monde adulte, dans ce village qu’il ne connaît pas et qui est pourtant juste à côté, alors que la nuit tombe.


On notera que Kiarostami choisit de ne pas filmer le moment où Ahmad emporte par mégarde le cahier de son voisin (ce qui revient à insister sur l’aspect involontaire de sa méprise), de même qu’il fait l’ellipse sur le trajet de retour à la nuit tombée.
Et le cahier, objet qu’Ahmad ne parvient pas à rendre le soir même (il s’arrête devant la porte désignée et ne frappe pas), devient un objet qu'il devra compléter pour pouvoir être ramené. La dernière séquence, le lendemain matin, à l’école, est magnifique.


vendredi 10 avril 2015

Copie conforme (A. Kiarostami, 2010)



Copie conforme Kiarostami Affiche Poster

Quelle surprise que ce film ! On découvre d'abord un film bien différent des réalisations habituelles de Kiarostami. On trouve le réalisateur embourgeoisé, à nous raconter cette histoire d’une jeune femme qui fait visiter la Toscane à un écrivain. La jeune femme étant Juliette Binoche et l’écrivain étant séduisant : on sent poindre le début d’un amour bien convenu autour d’une comédie sentimentale légère. Et puis pas du tout : le film bascule soudainement. C’est alors que toute la subtilité de Kiarostami s’exprime réellement et la légèreté tranquille de la première partie laisse alors place à un drame sentimental beaucoup plus profond.
On retrouve alors, et avec quelle virtuosité, le mélange vrai/faux de Close up, dans cette façon qu’ont les deux protagonistes à la fois de s’inventer une vie de couple et de régler leur désordres passés et l’aigreur héritée de leurs expériences de la vie. Alors on finit par se perdre avec délice dans les zigzags de ce couple, à démêler le vrai du faux.
Et, après avoir ouvert mille possibilités d’interprétation (s’agit-il d’un ancien couple ?), Kiarostami atteint la grâce en fin de film : on tend alors clairement vers Voyage en Italie.