Affichage des articles dont le libellé est Annaud Jean-Jacques. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Annaud Jean-Jacques. Afficher tous les articles

jeudi 27 février 2025

Notre-Dame brûle (J.- J. Annaud, 2022)

 



Fiction en forme de documentaire sur l’incendie de Notre-Dame qui permet à Jean-Jacques Annaud de se pencher sur le catastrophique incendie et de filmer à nouveau des lieux saints, vieille passion chez lui (et exprimée, déjà, bien sûr, dans Le Nom de la rose).
Mais, si l’on ne doute pas de la prouesse technique imposée par le film et de l’inventivité qu’il a fallu déployer (en allant tourner, notamment, telle ou telle séquence dans d’autres nefs de grandes cathédrales françaises), l’ensemble n’apporte pas beaucoup plus qu’une illustration de ce qui s’est passé ce soir-là, avec les coups de malchance, les retards pris, les pompiers qui font ce qu’ils peuvent, la peur de perdre bien davantage que la charpente et les voûtes et, finalement, le miracle de sauver l’essentiel de la structure.
Cela dit, bien entendu, quand bien même Notre-Dame brûle a une dimension de fiction, il devient immédiatement, de façon performative, un témoignage qui, permet de se souvenir et de se rendre compte.



vendredi 31 mai 2024

Deux frères (J.- J. Annaud, 2004)





Au-delà de la prouesse technique et de la direction d’acteurs (c’est-à-dire, ici, du dressage !), le film reste très superficiel et, en fait, il reste assez naïf. Suivre ainsi deux tigreaux séparés qui finiront par se retrouver et se reconnaitre confinait le propos, de toute évidence, à une certaine puérilité.
Mais le film met en avant deux grands points forts de Jean-Jacques Annaud, à savoir le souci de reconstitution d’une époque et d’un lieu – ici l’Inde coloniale des années 20 – et la perfection technique de l’image. Les images, alors, sont magnifiques et prenantes et impressionnent, par leur simple beauté visuelle. Mais, sans doute, elles peinent à faire dépasser cette simple beauté et à emporter réellement. Sans doute conscient du propos assez simple qu’entraine la présence de deux animaux comme personnages principaux, Annaud renonce à toute histoire un tant soit peu complexe et il s’en remet à cette évocation splendide et à la beauté de la jungle pour émouvoir le spectateur.
Cependant Annaud montre ses limites comme créateur d’images, en particulier lorsque les deux tigres, adultes, se retrouvent dans l’arène pour se battre et qu’ils se reconnaissent. Exprimer ce moment par un ralenti, des gros plans sur les regards des tigres et des flash-backs qui nous les remontre petits jouant dans la jungle (on entre alors dans la tête des tigres qui se souviennent ?), cela est beaucoup trop gentillet et sucré (on dirait du mauvais Spielberg).



samedi 4 mai 2024

Le Nom de la rose (J.- J. Annaud, 1986)

 


Ce fameux film – adaptation du tout aussi fameux roman de Umberto Eco – plonge avec plaisir le spectateur dans un mélange des genres très réussi : à la fois film d’époque (le Moyen Âge est parfaitement retranscrit à l’image), film policier (avec le délicieux personnage de Guillaume de Baskerville en enquêteur), film théologique (moins que le livre, certes, mais enfin la fameuse question du rire irrigue le film) et même une touche de fantastique. Cet équilibre est très réussi et vient parfaitement épouser l’atmosphère qui imprègne le film. Jean-Jacques Annaud a réussi cette gageure de passionner par tous les aspects du film (comme le roman le faisait lui aussi), sans tomber dans la facilité ou le racolage. Son Moyen Âge est crédible, austère, rigoureux, avec cette abbaye qui règne au milieu d’un monde de paysans (dépeints de façon un peu misérabiliste tout de même, le début du XIVème siècle n’était pas un siècle si noir que cela, moins, d’ailleurs que le furent certains des siècles ultérieurs).
Annaud a construit un décor gigantesque, résultat de la très longue préparation d’avant tournage. Le décor a ainsi pu être construit en anticipant le rôle des différents éléments : l’extraordinaire bibliothèque en forme de donjon est à la fois centrale dans le décor et dans le film. On notera les écarts de manière de faire entre réalisateurs : Claude Chabrol, par exemple, à l’opposé de Annaud, découvrait les décors au moment du tournage (c’est son équipe qui les choisissait pour lui) et ce n’est qu’au dernier moment qu’il réfléchissait aux endroits où il allait pouvoir poser sa caméra. Annaud, lui, sait très précisément où il va. 
Le casting est remarquable : Sean Connery est impeccable (il trouve le ton juste pour interpréter ce moine sagace aux idées modernes) et l'on n’oublie pas qu’il a dû se battre pour le rôle puisqu’Annaud, pour jouer son moine enquêteur, voulait un parfait inconnu. Mais Sean Connery, pour notre grand bonheur, a réussi à s’imposer. Michael Lonsdale, avec cette retenue pincée qui le caractérise, est parfait, de même que les autres acteurs aux trognes mémorables (Ron Perlman s’en donne à cœur joie en Salvatore).
On retrouve donc, au cœur du film et de l’abbaye cette bibliothèque fascinante aux multiples métaphores. Le pouvoir du savoir enfermé dans ce labyrinthe et protégé par Jorge : tout cela donne au lieu un mélange de fascination, de mystère et de caprices d’imagination. Il faut préciser que cette architecture avec de nombreuses cellules sur plusieurs niveaux avec de petits escaliers dans tous les sens est une pure création cinématographique : il y a chez Eco une erreur puisque la bibliothèque, dans son roman, est en deux dimensions, ce qui la rend peu crédible, vu le nombre de pièces.
Cela dit il faut préciser que le film donne une image assez biaisée de l'époque et du rôle des monastères : alors que la reconstitution de Annaud est minutieuse à l’image (allant jusqu’à demander des précisions qui furent des défis pour les historiens), son discours sur les monastères est très caricatural. Les Bénédictins, au XIVème siècle, ne sont pas tant des officines obscurantistes que des lieux de savoir dont l’influence sur le développement intellectuel (savoir livresque mais aussi architectural par exemple) est considérable, ne serait-ce que par l’essaimage de l’ordre au travers de l’Europe (l’ordre de Cluny, notamment, comprendra plus de mille monastères).
Avec les bûchers de l’inquisition, la fin peut sembler un peu excessive et manquer de retenue (en plus d’être anachronique), mais elle donne une belle progressivité à l’intrigue qui file au bout de son idée : le Diable est dans les murs pensent les religieux, il faut l’en extirper, quoi qu’en pense Guillaume de Baskerville et ses raisonnements rigoureux.

  

mardi 26 mars 2024

Or noir (Black Gold – Day of the Falcon de J.- J. Annaud, 2011)

 



Film à la trame assez classique, ce qui n’est finalement pas si fréquent chez Jean-Jacques Annaud, dont le seul défi a été de reconstituer à l’image le désert d’Arabie des années 30.
Si le film est bien construit, il reste assez conventionnel, avec le fils savant qui apparaît comme un tacticien hors-pair puis, tel Laurence d’Arabie, le voilà qui galvanise bientôt ses hommes, regroupe des tributs et humilie les troupes de l’émir Nessib.
Sans démériter et fournissant son lot d’exotisme, Or noir reste cependant un film mineur de Annaud, loin de ses films les plus originaux.


mercredi 11 janvier 2023

La Guerre du feu (J.- J. Annaud, 1981)

 




Ce célèbre film de Jean-Jacques Annaud, s’il est une réussite narrative et technique incontestable, laisse aussi sur sa faim. On sent que les contraintes imposées par le sujet autant que par le réalisateur (notamment l’absence de dialogues et la volonté de réalisme) brident la narration.
Les sujets concernant la sociabilité, la dépendance de l’homme à la technique ou la survie quotidienne sont, quasiment par essence dès lors que l’on traite de l’époque préhistorique, immédiatement au cœur du film. Et la reconstitution de l’époque préhistorique est très crédible à l’écran, sans doute parce qu’elle colle avec les images qui existent déjà dans le cerveau du spectateur : des feux aux abords de cavernes, des hommes rustres en peaux de bêtes, des savanes et des marécages brumeux, des tigres à dents de sabre et des mammouths, des violences entre groupes (ou, ici, entre hominidés), le danger extrême rodant partout, des grognements simiesques en guise de paroles, etc.

On notera néanmoins les incongruités scientifiques, assez nombreuses malgré les soins du réalisateur. Dans un tel film, on les guette un peu à regret, non pas pour traquer des erreurs mais parce qu’elles touchent à la substance du film. La principale erreur frappe d’ailleurs le scénario de plein fouet : à l’époque du film les hommes savaient déjà faire du feu. Et, dans une moindre mesure (mais pour donner un exemple d’erreur curieuse), ne voir aucun outil lithique interpelle.

 



mercredi 17 octobre 2018

Coup de tête (J.- J. Annaud, 1979)




Jean-Jacques Annaud peint les enjeux sociaux d’une petite ville autour de son club de foot et le film tourne assez vite à la farce grotesque en décrivant les pratiques peu reluisantes qui ont lieu dans les vestiaires ou encore l’hypocrisie et la couardise des responsables qui multiplient les coups bas entre deux matchs.
Mais, si le film décrit très bien cette fièvre footballistique qui s’empare de la ville lors de la coupe de France, il est dommage qu’il soit empli de personnages à peu près tous caricaturaux. C’est là que le trait est forcé et devient vite simpliste. Si on a bien compris que, tous autant qu’ils sont – du président au flic en passant par les commerçants –, chaque personnage est prêt à tout pour la victoire du club de foot, il aurait pu être intéressant d’épaissir un peu ce petit monde, au lieu de résumer chaque individu à un amour/haine jusqu’au-boutiste né du foot.
Quant à Dewaere, si ce n’est l’acteur, c’est son personnage, là aussi, qui en fait trop (par exemple la scène où il veut à toute force retourner dans la prison). Alors certes, on l’a dit, le film adopte un ton de farce (surtout dans le final) mais le regard porté sur la petite ville (discours très convenu et manquant de finesse) apparaît bien superficiel.


Coup de tête pourrait faire un peu penser à une comédie italienne, mais le film est malgré tout très caricatural et monolithique (ce qui bien souvent n’est pas le cas dans la comédie italienne qui aime renvoyer dos à dos les différentes idées qu’elle explore, mais encore faut-il explorer différentes idées) et, d’autre part, Annaud ne montre guère d’empathie pour ses personnages (excepté pour le rôle principal) : il semble ne guère aimer cette population franchouillarde, excessive et brutale (or, bien souvent, malgré des critiques parfois très dures, on sent les réalisateurs italiens qui aiment ce petit monde qu’ils ont sous leurs yeux).