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samedi 27 juillet 2024

Le Grand saut (The Hudsucker Proxy de J. Coen, 1994)

 



Comédie bien peu convaincante des frères Coen qui se contentent de flirter avec le burlesque et peinent à en sortir.
S’il s’appuie, comme toujours chez les Coen, sur un Américain moyen projeté dans des aventures qui le dépassent (l’argument rappelle ici celui de L’Extravagant Mr. Deeds) et malgré quelques bonnes idées (celle de l’invention du hula hoop par exemple), le film déçoit. On n’y trouve ni la richesse de tons, ni la multiplication de personnages savoureux qui font souvent la signature des films des deux réalisateurs. On notera néanmoins, dans la galerie d’acteurs, la présence de Paul Newman, dans un rôle malheureusement trop pauvre.
Dans la belle filmographie des deux frères, il s’agit là d’un des films les plus oubliables (aux côtés, sans doute, du médiocre Ladykillers).

 


jeudi 27 juillet 2023

La Ballade de Buster Scruggs (The Ballad of Buster Scruggs de J. et E. Coen, 2018)





Film à sketchs dont les différentes histoires embrassent toutes le thème de la Frontière. Passant en revue de nombreux stéréotypes du western avec plaisir (on croise un gunfighter, un braqueur de banque, un prospecteur, un convoi de pionniers, etc.), les frères Coen s’amusent. On regrette que les sketchs soient inégaux dans leur efficacité ou leur drôlerie, mais il s’agit là sans doute d’une limite de ce type de films.
Le sketch inaugural (qui donne son titre au film), Près d’Algodones, Gorge dorée ou La Fille qui fut sonnée sont très réussis et participent sur un registre comique à la légende de l’Ouest.

 




jeudi 10 décembre 2020

Ladykillers (The Ladykillers de J. et E. Coen, 2004)



Très décevant film des frères Coen, qui s’appuient pourtant sur le très bon Tueurs de dames de Alexander Mackendrick. Mais là où l’original parvenait à jouer sur la corde raide de la caricature – mesurant les moments où il en faisait trop pour se recentrer aussitôt – ici tout est exagéré, tout est démesuré, tout sonne faux. À commencer par Tom Hanks, navrant et insupportable à cabotiner sans cesse, et que l’on a bien du mal à comparer à l’immense Alec Guinness, vis comica brillante du film d’origine. Ladykillers, alors, reste invariablement pesant, sans surprise, lassant.
On se demande un peu comment les frères Coen, capables, dans la comédie, d’être si alertes (Intolérable cruauté) et de brosser des portraits avec talent (The Big Lebowski), ont pu passer ainsi à côté de leur sujet.


mercredi 16 septembre 2020

Arizona Junior (J. Coen, 1987)

 

Après un premier film réussi en forme de polar noir (Sang pour sang), Joël Coen change son fusil d’épaule et explore la comédie : il se fait donc plaisir avec ce film amusant, porté par un duo de personnages très bien campé par Nicholas Cage (qui reprend ici le même ton de looser dépassé que dans Peggy Sue s’est mariée) et Holly Hunter. Autour de ces deux-là, les multiples personnages font très cartoons et c’est là la première apparition de ce prototype de personnage, brossé à gros traits, faisant irruption dans le cadre sans le moindre doute, et que l’on retrouvera si souvent dans la filmographie des frères Coen : de Miller’s Crossing au Big Lebowski en passant par Intolérable cruauté ou O’Brother, c’est tout une galerie de portraits de personnages secondaires résolument burlesques qui emplissent les comédies des frères Coen.
Mais le film, peu à peu, abandonne le ton de comédie du début, qui avait une teinte de tragique désespéré porté par le couple McDunnough pour s’enfoncer dans un loufoque bien peu subtile. L’on regrette un peu cet équilibre du début qui parvenait à garder une certaine tenue, avec un montage très rythmé, une répétition de séquences très drôles, une voix off percutante, le tout formant une accroche réussie. Le film, sans doute, pâtit trop de ce burlesque loufoque qui dénature un peu la tentative désespérée du couple de construire une famille.


lundi 17 août 2020

Miller's Crossing (J. Coen, 1990)

 

Avec Miller’s Crossing, Joël Coen semble hésiter entre le film de gangsters sérieux et la comédie. Autour du personnage de Tom Reagan qui lui-même oscille entre le très sérieux (il vomit quand il comprend qu’il va mourir) et le pastiche (ses échanges avec les flics qui font une descente), les personnages de cartoons, pas sérieux pour un sou, abondent, de Casper, le rital chef de bande, à Dan, le tueur très méchant. Dès lors le film hésite un peu entre deux tons et Coen fera mieux, sans doute, en allant franchement dans le film noir (Fargo par exemple) ou franchement dans la comédie (The Big Lebowski). Ici le louvoiement, s’il n’empêche pas le film d’être plaisant, l’empêche de vraiment nous toucher et l’on se contente de suivre, à demi-amusé et à demi-compatissant, les petites combines de Tom qui fricote à tout-va pour s’en sortir.


vendredi 15 février 2019

Inside Llewyn Davis (E. et J. Coen, 2013)




Film au ton particulièrement désespérant des frères Coen, qui mettent en scène un personnage qui ne parvient pas à percer dans le monde de la musique, qui tourne sur lui-même, fait du sur place et, au bout du compte, n’arrive à peu près à rien.
L’habile boucle narrative (la fin ramène le personnage au tout début) exprime très bien cette errance, cette solitude et cette incapacité à avancer ou à tirer profit des errements et des impasses rencontrées. Llewyn Davis semble croire qu’une rencontre, un concert, un événement particulier pourra influer sur son destin. Comme si quelque chose allait se passer (et le spectateur y croit aussi, habitué qu’il est à ce qu’il se passe quelque chose qui change le cours normal des événements dans un film), mais assez vite le film distille cette sensation d’errements sans fin et sans attache, de désespoir profond (l’ombre d’un partenaire suicidé, une humeur voilée presque blafarde à l’image). Et l’on comprend que rien ne se fera jamais.



L’évocation discrète mais puissante de Bob Dylan, en fin de film, renforce cet aspect désespérant : il y en a un autre, juste à côté, qui parvient à percer avec la même musique folk et qui submergera tout. Mais le film des frères Coen est un film sur l’errance et l’incapacité à avancer : le pauvre Llewyn Davis n’arrive à rien.

jeudi 24 juillet 2014

The Big Lebowski (J. et E. Coen, 1998)




Comédie très réussie des frères Coen, qui continuent de faire le tour des genres pour mieux les dynamiter. Le film brille par un ton potache, complètement décalé et parfois proche de l’absurde. S'il n'a que modéremment marché à sa sortie, il est pourtant bientôt devenu culte, notamment au travers de sa figure centrale – et magistrale du Dude, campée par un Jeff Bridges extra et inoubliable.
Les frères Coen montrent leur grand éclectisme, après le très bon Fargo, polar noir, froid et glacé, où tout semble figé. Ici c’est tout l’opposé : la comédie frôle le burlesque, on rit des tentatives grotesques d’enlèvement, d’extorsion ; on sent les réalisateurs rire derrière leur caméra lors des séquences au bowling.

La fine équipe au bowling (The Dude, Donny et Walter)

L’intrigue, totalement décousue, prend appui sur un quiproquo qui est le prétexte à une visite disjonctée dans les différentes strates sociales de Los Angeles. Les frères Coen jouent avec l'argument classique d'Hitchcock qui est de mettre un homme ordinaire dans une situation extraordinaire (avec le cas d'école de La Mort aux trousses, qui démarrait aussi sur un quiproquo). Le film reprend l'autre idée tout aussi hitchcockienne du MacGuffin (cet élément du scénario qui a une importance pour les personnages mais par pour les spectateurs : les microfilms chez Hitchcock, ici le tapis du Dude), MacGuffin qui allume la mèche de l'intrigue. Mais l'homme ordinaire choisi par les frères Coen et ils sont même deux si l'on veut bien considérer le génial Walter comme indissociable du Dude est bien loin du Cary Grant classe et décontracté de Hitchcock : ici il est une espèce de hippie tardif qui se promène en robe de chambre et cherche à rester peinard dans sa petite vie, américain moyen, typique des frères Coen. C'est que leur cinéma est empli de ces personnages spectateurs du monde et qui cherchent à s'en sortir mais, dès qu'ils veulent prendre les choses en main, n'y arrivent pas et s'enfoncent. C'était le cas dans Fargo, c’est le cas ici aussi où ce sont catastrophes sur catastrophes que les deux compères provoquent. C'est que ces personnages autre trait très coenien produisent la narration elle-même : ce sont leurs actions (le plus souvent vaines) qui font avancer le récit qui, en dehors d'eux, n'existent pas.
A leur façon les frères Coen reprennent donc le genre immense du polar et le marie avec l'autre genre immense de la comédie américaine (enfin, genre qui fut immense, aujourd’hui il est largement dévoyé), secouent le tout comme dans un shaker et l’utilisent pour brosser un portrait savoureux de l’Amérique. Et l'on sent combien les frère Coen aiment leurs personnages, savent mettre une touche de mélancolie dans leur regard sur eux, sans qu'il n'y ait jamais de condescendance. Et l'on rit avec eux de Jesus qui lèche sa boule de bowling, des envolées délirantes de Walter ou de la fulgurance vaine du Dude qui griffonne le bout de papier comme Cary Grant le faisait intelligemment chez Hitchcock. Mais là le dessin révélé n’est qu'un gribouillage pornographique : l'effet déceptif très drôle illustre parfaitement la manière de faire, à la fois décontractée, intelligente et savoureuse des frères Coen.
Et, comme toujours chez les frères Coen, leur films emplis de personnages doivent beaucoup aux acteurs impeccables : ici Jeff Bridges mène la barque, accompagné d'un John Goodman truculent et de toute une ribambelle d'acteurs aussi charismatique les uns que les autres (avec Ben Gazzara en prime !) qui donnent une coloration incroyable au film.

Jeff Lebowski fait ses courses...

mercredi 18 juin 2014

Fargo (J. et E. Coen, 1996)




Très bon film noir des frères Coen. Ils parviennent à installer un univers gelé, glacé, qui semble figer les choses. Les personnages marchent difficilement dans la neige, grattent avec acharnement leurs pare-brises gelés, s'abritent du froid et se réchauffent avec un café brûlant. On sent la vibration particulière de l'air glacé. Les réalisateurs retravaillent ici l'ambiance créée dans Sang pour sang.
Les frères Coen nous racontent une histoire de paumés et de ratés. Jerry Lundegaard, petit vendeur de voitures, sans issue professionnelle ou personnelle, imagine l’enlèvement abracadabrant de sa propre épouse pour extirper de l’argent à son richissime et intraitable beau-père.

William H. Macy, en petit commercial
dépassé par les événements.
Les petites frappes qu'il recrute sont bien vite incapables de mener à bien l'entreprise et les choses leur échappent totalement. Et, dans cet univers froid et crispé, les explosions de violence résonnent d'autant plus.
Sans qu'il y ait d’humour on a pourtant des annonces de ce que sera le film suivant : dans The Big Lebwoski on rencontre aussi des personnages minables et ratés, qui se lancent dans des entreprises qui les dépassent. Mais, dans Fargo, l'engrenage provoqué par la nullité des individus déclenche une escalade criminelle épouvantable. Ce qui n'était qu'un faux enlèvement devient une suite de crimes qui semble inarrêtable.
A noter que les frères Coen font une petite tromperie en indiquant faussement, au commencement du film, que l'histoire est inspirée d'une histoire vraie (le générique rétablit la vérité : il s'agit d'une pure fiction).