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jeudi 9 septembre 2021

Les Croix de bois (R. Bernard, 1932)

 

Magnifique film de Raymond Bernard qui jette ses personnages dans l’enfer des tranchées. Sans trop jouer sur le pathos (on ne sait que peu de choses des soldats que l’on suit, le réalisateur ne cherchant pas à nous identifier plus avant à l’un ou l’autre), le film joue sur le réalisme des combats et des tensions. À une séquence d’attente terrible (les soldats qui doivent attendre à leur poste alors que les allemands creusent une galerie de mine) succèdent les incroyables séquences de combat, violentes et très longues. Immersives et happantes, leur longueur signifie en elle-même la folie qu’elles engendrent, la disparition des repères, la déconnection du soldat, pris dans le déferlement incessant des explosions. Et les copains qui meurent, ici, là, un autre blessé, un autre fauché, tout cela ne s’arrête jamais.
Sans autre récit que ce gigantesque entonnoir dans lequel tous s’embourbent, Raymond Bernard ne raconte pas la prise d’une colline ou un fait de guerre, il laisse sa caméra errer sur le no man’s land, comme les blessés hagards qui s’y recroquevillent.
Si les films de guerre abordent régulièrement ce regard sur les combats – un regard qui consiste d’abord à perturber le spectateur et à l’emmener au front, avant même de raconter une histoire (par exemple Requiem pour un massacre de Klimov) – Les Croix de bois fait figure de précurseur.



samedi 28 août 2021

J'étais une aventurière (R. Bernard, 1938)





Magnifique joyau du cinéma français, J’étais une aventurière est de ces comédies légères, délicieuses, et avec ce goût de préciosité que le genre a perdu depuis longtemps. Bien sûr on pense à Lubitsch : on a là une version française (en moins parfaite bien sûr, mais tout de même) de Trouble in Paradise. Avec Edwige Feuillère au cœur de l’intrigue, le film déploie raffinement et élégance, avec toujours ce second degré pétillant, autour de ces escrocs mondains qui mènent leur petite affaire au milieu des grands hôtels et autres casinos.
Et l’on ne peut retenir un soupir de triste nostalgie en voyant ce que fut le cinéma français et en constatant ce qu’il est aujourd’hui…

 



samedi 18 octobre 2014

Les Misérables (R. Bernard, 1933)




Le film de Raymond Bernard a la réputation d’être la meilleure adaptation du roman de Hugo. Il faut dire qu’il a en Harry Baur un Jean Valjean exceptionnel. Il parvient à être tout à la fois un bagnard lourd et errant, un maire respecté ou un grand-père touchant. La séquence chez l’évêque Myriel est remarquable.

D’autres adaptations sont décevantes. Celle de Le Chanois est nettement moins bonne : Gabin fait du Gabin et Bourvil est sans doute une erreur de casting. Même s’il joue très bien il est peu crédible : difficile d’assimiler Bourvil à un salaud sans cœur comme Thénardier, quelque remarquable que puisse être sa performance d’acteur.
Quant à la revisite par Lelouch, rien n'est véritablement touchant dans cette transposition. Là aussi il est difficile de voir autre chose que Belmondo faisant Jean Valjean. De sorte qu'on ne voit pas Jean Valjean. C’est un bon exemple du problème d’avoir un acteur trop célèbre et trop identifié pour jouer un personnage très célèbre et terriblement identifié par le roman.