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lundi 7 juin 2021

Barbe-Bleue (Bluebeard de E. Ulmer, 1944)

 


Edgar Ulmer, roi des séries B et parfait contrebandier, distille une étonnante atmosphère pour parvenir à cerner parfaitement son personnage de Barbe-Bleue : pour cela il réduit l’univers entier à celui qui entoure au plus près son personnage, l’enfermant dans son obsession incontrôlable. C’est un peu comme si rien n’existait en dehors de ses pulsions, maitrisées tant bien que mal et qui reviennent par bouffées. Le film, avec son Noir & Blanc, ses tons brumeux inquiétants, ses intérieurs de bois, ses marionnettes, son raffinement, créé cet univers si particulier qui semble une expression du cerveau malade de Gaston Morel. John Carradine, avec son allure, l’intonation étrange de sa voix et son regard, incarne parfaitement ce personnage calme et raffiné obsédé par les méandres de son passé.
Avec son rapport à la peinture, le film joue d’ailleurs sur une inversion du Portrait de Dorian Gray : la peinture rappelle son passé à Gaston, faisant ressortir la désillusion dont il ne parvient pas à se défaire et qui l’obsède. Le voilà manipulé par sa pulsion, tout comme il manipule lui-même ses marionnettes.
Ce resserrement non seulement de l’intrigue mais de tout l’univers et de toute l’esthétique du film aux pulsions du personnage est remarquable.



lundi 28 mai 2018

Détour (Detour de E. ULmer, 1945)




Excellent film noir, à la fois très classique dans son scénario – la fatalité s’abat sur un homme simple – et brillamment mis en scène.
Le scénario de Détour s’appuie sur une situation classique du cinéma américain (et qui correspond à une pulsion vitale de l’Amérique) : Al Roberts, petit pianiste un peu paumé et sans un sou, prend la route pour retrouver celle qu'il aime, cherchant à traverser le continent de part en part.
Ce sont les rencontres que fera Al qui scelleront son destin.  Le récit, sec et haletant, est parfaitement construit et amène des moments forts très marquants : la mort de Haskell, l’incroyable séquence du fil du téléphone ou la toute fin, organisée autour d’une image mentale, qui résume à elle seule le fatalisme du film noir.



Le film est construit sur un grand flash-back : c’est donc la version d’Al Roberts lui-même qui nous est proposée. Dès lors le spectateur peut choisir de le croire, ou, au contraire, de lire autrement l’histoire qu’il nous raconte…
On a là un parfait exemple de film de contrebandier, parfaitement mené et qui brille comme un diamant noir – et méconnu – dans le cinéma classique américain.