vendredi 31 août 2018

My Name is Julia Ross (J. H. Lewis, 1945)




Bon film noir de J.H. Lewis, qui, sur un format très court (à peine 1 heure) et un scénario somme toute très simple, emprisonne Julia Ross – et le spectateur avec elle – dans un entonnoir sans cesse plus étroit.
Si le film souffre de personnages caricaturaux (en particulier la mère et le fils responsables de l’enlèvement), l’étreinte se resserre autour de Julia avec beaucoup d’habileté : chaque stratagème qu’elle trouve pour échapper à ses geôliers se retourne contre elle et l’étouffe finalement un peu plus. Ce sentiment d’abandon progressif est très bien rendu.



Le film évoque, pêle-mêle, Le Château du dragon de J. Mankiewicz ou, bien sûr, Rebecca, avec moins d’incertitude fantastique que dans ces films, mais avec un ton sombre et désespéré qui fonctionne parfaitement.

mercredi 29 août 2018

Blissfully Yours (A. Weerasethakul, 2002)




Dans ce premier film à la résonance internationale, Apichatpong Weerasethakul cherche à saisir un élément du quotidien (une promenade amoureuse dans la forêt) pour en extraire un moment particulier, perdu au bord de ce petit ruisseau, avec la douceur du feuillage qui laisse passer le soleil, la douceur de l’eau, où le temps est comme suspendu et où l’on s’endort calmement, porté par la douceur des choses.
Le film, construit autour de cette séquence finale, raconte peu (même s’il évoque paradoxalement de nombreux thèmes, en particulier l’immigration et la sexualité), reste très lent, mais joue déjà avec ce thème récurrent chez Weerasethakul, de la séparation entre la société et la nature, avec ici un passage franc de la ville à la forêt. Cette exaltation de la beauté et de la douceur naturelle constitue déjà – et elle le sera encore de nombreuses fois – le pivot du film.



lundi 27 août 2018

Les Forbans de la nuit (Night and the City de J. Dassin, 1950)




Très bon film noir de Jules Dassin qui filme avec un mélange de réalisme et de stylisme les bas-fonds de Londres, en suivant les magouilles de Harry, petite frappe du milieu dont la fuite en avant vaine et tragique saute aux yeux dès les premières scènes. Tout le film concourt à nous montrer combien sa recherche du gros coup, celui qui l’installera parmi les caïds respectés de la ville, sera un échec permanent.
Tout son parcours est une fuite en avant : depuis son rejet de la petite vie simple que lui propose Mary (Gene Tierney) à l’hypocrisie avec laquelle il appâte ses proies, en passant par son inconscience face à la violence des mécanismes qu’il déclenche.

Richard Widmark trouve un rôle parfait (proche de celui du Carrefour du la mort de H. Hathaway) : son physique, sa façon de tordre la bouche, de ricaner, de se moquer avec des cris aigus, de se défiler honteusement ou de fanfaronner, font exister parfaitement son personnage.



Dassin construit un film sombre, illustré de fulgurances visuelles – avec une ambiance parfois expressionniste –, de personnages hauts en couleur (avec ces lutteurs au profil patibulaires) et un voile sombre en toile de fond qui convient parfaitement au genre.

vendredi 24 août 2018

Une vie de chien (A Dog's Life de C. Chaplin, 1918)




Une vie de chien est un des derniers courts métrages de Chaplin – juste avant Charlot soldat, auquel succédera Le Kid. On y trouve la version aboutie de toutes ces années de courts-métrages à mettre au point son personnage. Charlot, en fait, y est en tout point semblable à celui qui sera au cœur des longs-métrages de Chaplin : SDF solitaire et culotté, qui ne demande qu’à s’intégrer mais n’y parvient jamais, avec sa préciosité décalée si drôle et, avec, bien sûr, déjà, cette sensibilité immense. C’est cette sensibilité que ne pouvait exploiter Chaplin dans la majorité de ses courts-métrages (davantage orientés, du coup, vers le burlesque), ce qui le frustrera beaucoup. Ici, pourtant, on voit Charlot se tourner vers un chien, présenté comme un compagnon d’infortune (avec un parallèle marqué entre la vie du chien et celle de Charlot) et, ensuite, porter secours à la chanteuse.
On retrouve donc le ferment des plus grandes œuvres de Chaplin qui continue d’affûter ses armes cinématographiques : on retrouve certains sketchs dans des longs-métrages, le chien qui accompagne Charlot annonce Le Kid et la chanteuse annonce les rencontres de Charlot, aussi bien dans Les Temps modernes que dans Les Lumières de la ville.


L’Amérique filmée par Chaplin est très dure : les clochards ne valent pas beaucoup plus que des chiens, et le film va juqu'à montrer  quand bien même c'est au travers d'un sketch  l’absence de solidarité entre pauvres (avec la scène du bureau de recherche d’emploi où tout le monde lui passe devant).

Il faut noter la fin étonnante, miraculeuse, complètement détachée du reste du récit et qui est peut-être onirique : on ne retrouvera jamais une telle fin dans les longs-métrages de Chaplin.

mercredi 22 août 2018

Le Roi et quatre reines (The King and Four Queens de R. Walsh, 1956)




Petit western de Raoul Walsh, qui se plait à peindre différents portraits de femmes, tout en glissant parmi elles Dan Kehoe, séducteur patenté (Clark Gable). Chaque personnage féminin personnifie un type de femmes, avec une attirance bien particulière. Le film joue évidemment sur la dichotomie habituelle des westerns, organisée autour des femmes cow-girls au tempérament fort, opposées aux femmes plus douces et qui permettent de fonder un foyer.
Mais le film manque d’un ressort certain : malgré une tentative de twist final, la fin, notamment, déçoit.

lundi 20 août 2018

La Nuit est mon royaume (G. Lacombe, 1951)




Mélodrame de second rang de Georges Lacombe : l’histoire, à la fois trop sentimentale et sans surprise, se suit sans déplaisir mais s’avère beaucoup trop ronronnante pour réellement passionner. Le regard sur la vie des aveugles dans les années 50 a aujourd’hui beaucoup vieilli même si cette plongée dans le centre de rééducation donne clairement un aspect documentaire à certaines séquences.
C’est la personnalité de Gabin qui tient le film, un Gabin en pleine transformation : il n’est plus l’incarnation populaire mythique qu’il était avant-guerre mais il n’est pas encore la figure de patriarche qu’il sera plus tard.



vendredi 17 août 2018

Les Parachutistes arrivent (The Gypsy Moths de J. Frankenheimer, 1969)





Après sa trilogie paranoïaque (1), John Frankenheimer change sa caméra d'épaule et modifie considérablement son style. Loin de la flamboyance délirante de Seconds, il filme ici avec beaucoup plus de retenue et de sobriété – et avec même une certaine austérité (la même que l’on retrouvera dans Le Pays de la violence) – l'Amérique provinciale.
Il confronte deux groupes de personnages que tout oppose (un groupe de parachutistes itinérants et un couple de bourgeois sans enfants, guindé et replié sur lui-même). Pourtant, au plus profond d'eux-mêmes, tous ces personnages n'ont plus aucune illusion : leur vie est vide de toute substance.


De façon subtile et réussie, chaque groupe voit dans l'autre ce qu'il n'a pas et ce qu'il désire peut-être (un home pour les uns, une liberté – même illusoire – pour les autres), d'où une gêne et une tension sourde entre eux.
Seul Mike (Burt Lancaster), prend conscience de ce ressort cassé de la vie et, en proposant à Elyzabeth Brandon (Deborah Kerr) de partir avec lui pour qu'ils quittent, tous les deux, leur condition, il tente de sortir de cette illusion de vie. Et si Elyzabeth refuse de partir, Mike, en retour, fera le grand saut et choisit – usant en fait de la minuscule part de liberté qu'il lui reste – de ne pas ouvrir son parachute.


L'interprétation, variée, est excellente, depuis Deborah Kerr vieillissante, à Gene Hackman débonnaire en passant bien sûr par un Burt Lancaster au regard voilé.
Les séquences de voltige très réussies renvoient à La Ronde de l'aube de Sirk où, là aussi, l'existence remplie par les acrobaties aériennes cachait un vide sombre et désenchanté.



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(1) : Un crime dans la tête en 1962, Sept jours en mai en 1964 et Seconds (L’Opération diabolique) en 1966.

mardi 14 août 2018

Volpone (M. Tourneur, 1941)




Si le film est amusant et va assez loin dans l’amoralité (Volpone force Corvino, par appât du gain, à lui proposer sa femme), il a considérablement vieilli. Les décors et les costumes – qui reconstituent dans les grandes lignes une Venise du XVIème siècle – passent assez mal et l’ensemble est très poussiéreux, même si le twist final est une réussite.
Le film vaut pour ses acteurs : si Harry Baur en Volpone cabotine trop, Louis Jouvet est parfait en Mosca, à la fois mielleux et cynique, et Charles Dullin campe un vieil usurier mémorable.



lundi 13 août 2018

Cinq pièces faciles (Five Easy Pieces de B. Rafelson, 1970)




Avec un style résolument moderne qui tourne le dos à Hollywood, Bob Rafelson cogne sur les stéréotypes de la petite société américaine. Le film reprend les grandes lignes de Comme un torrent de Minelli, qui entremêlait – avec une virtuosité incroyable – des situations et des personnages similaires.
Ici aussi, comme chez Minelli, Robert Dupea, le personnage principal est un intellectuel qui revient d'un voyage (en réalité une errance au cours de laquelle il a fait un peu tous les boulots), avec à ses basques une fille populaire (Karen Black, parfaite, avec ce léger strabisme qui la fragilise et donne une note vaine à son personnage) qui détonne dans le milieu familial de Robert. C’est que Rafelson n'y va pas avec le dos de la cuillère pour décrire cette famille intellectuelle guindée (le père est paralysé, le frère est engoncé dans une minerve) qui va être dynamitée par Robert.
En revanche Rafelson a le cran d'emmener loin son idée : Robert Dupea méprise à peu près tout le monde (autant le peuple que son milieu d'origine) et il devient vite antipathique (et encore est-il sauvé en partie par Jack Nicholson, pour lequel le spectateur a, malgré tout, une forme d'identification). C'est qu'il est animé, en réalité, par une insatisfaction permanente, qui le pousse à réagir sans cesse contre le monde qui l'entoure, qui le pousse à se lever et repartir, ce qu'il fait, en fait tout au long du film. Ces deux aspects sont un enrichissement par rapport à Dave Hirsch, héros de Comme un torrent.


Sous couvert d'une forme moderne, Cinq pièces faciles reprend donc des situations déjà vues dans le Hollywood classique. Mais il s'approprie ces situations en les mettant au goût de son temps, créant ainsi une belle passerelle entre le classicisme et le Nouvel Hollywood qui, chacun à sa façon, parlent de l'Amérique. Il faut dire que, si le cinéma américain a considérablement changé en une décennie (le temps qui sépare le film de Minelli de celui de Rafelson), les ressorts de la société américaine – inépuisable matériau de base des films – sont, peu ou prou, les mêmes.

vendredi 10 août 2018

À des millions de km de la Terre (20 Million Miles to Earth de N. Juran, 1957)




Ce film de science-fiction – qui vaut surtout pour les séquences finales du monstre dévastant Rome – a aujourd’hui considérablement vieilli du fait d’effets spéciaux complètement désuets.
C’est la bonne vieille technique de l’image par image qui anime tant bien que mal le monstre vert à l’aspect de tyrannosaure. Cela fait sourire aujourd’hui mais le film était des plus ambitieux : une longue séquence montre le monstre qui s’échappe dans Rome, détruit le Pont Sant'Angelo et se réfugie dans le Colisée où il est abattu à coup de bazooka.



Mais bien d’autres séquences sont aujourd’hui complètement dépassées (notamment l’amerrissage de la fusée en début de film, avec des surimpressions qui passent mal) et l’histoire, si elle pouvait avoir une originalité avec un début centré sur la Sicile, se révèle bien vite très triviale, délaissant les personnages et cherchant simplement à mettre en place la libération du monstre dans la ville.
L’idée de lui donner une vitesse de croissance stupéfiante (il passe en quelques jours de quelques centimètres à une taille supérieure à celle d’un éléphant) confère une étrangeté supplémentaire à l’animal. Cette idée fameuse sera reprise dans Alien.
Et s’il y a évidemment du King Kong et bien plus encore du Godzilla (celui de I. Honda, en 1954) dans cette créature, on sent bien que ce monstre dinosaurien vert qui déambule dans les rues et dévaste tout sur son passage a profondément marqué le jeune Spielberg, alors âgé de onze ans et déjà passionné de cinéma...


mercredi 8 août 2018

Vera Cruz (R. Aldrich, 1954)





Extraordinaire western, virevoltant et haut en couleur, mais dont la truculence n’empêche pas une humeur amère et sombre : Robert Aldrich parvient à réaliser un film trépidant, empreint d’humour, chatoyant par moments (la séquence dans le palais de l’Empereur), tout en lui donnant une teinte nihiliste terriblement pessimiste.
Aldrich s'appuie sur son duo de stars (Gary Cooper et Burt Lancaster), pour secouer les conventions du western et l’emmener dans des directions inconnues du western classique. Il prend le contre-pied de la solide amitié hawksienne des westerns, le « à la vie à la mort » du western classique qui résiste à toutes les tentations : rien de tout cela ici, si Joe et Ben se sauvent la vie mutuellement, c’est uniquement par intérêt (ils ont besoin l’un de l’autre). Dès lors la nature humaine en prend un coup : il n'y a pas une action qui soit réellement due à un bon sentiment, tout n'est que trahison, fausseté et mensonge, que ce soit entre Ben et Joe, Joe et ses hommes, la comtesse et les deux compères, ou, bien entendu, Maximilien et les Américains. Tout n’est qu’égoïsme, individualisme et ambition.
Vera Cruz est ainsi, dans l'histoire du western, une des premières pierres qui vient dynamiter le genre en rendant floue la ligne de partage du bien et du mal, du héros et du anti-héros. Bien loin des belles ambitions qui motivent les héros du western (le rêve, l’amour, l’amitié), les aventuriers ne vivent que pour l'appât du gain. Si Gary Cooper garde encore l’apparence du cow-boy gentleman, que dire de Burt Lancaster, qui incarne une crapule détestable mais campée de façon incroyablement charismatique (l'acteur s'en donne à cœur joie avec son légendaire sourire) 


Il n’y a qu’à la toute fin qu’un soubresaut de morale vient sauver un peu l’ordre des choses, mais on est bien loin d’un happy-end, et Benjamin Trane s’en va, déçu, amer et sombre.

Le film annonce ainsi le western italien : aussi bien dans les ressorts de son action (une bande de mercenaires courant après de l’or annonce la trame générale du Bon, la brute et le truand), que dans ses personnages. Baignant dans l'amoralité, crasseux et mal rasé, Joe préfigure les crapules que camperont, dans les westerns italiens, une dizaine d’années plus tard, Thomas Milian, Gian Maria Volontè, Eli Wallach ou encore Jason Robards. Et la noirceur du film appelle la décadence morale des westerns italiens : Joe achève le capitaine d’origine allemande en lui enfonçant sa lance avec un rictus de contentement semblable aux actes des pires salauds. L'or vaut plus que tout et il justifie toutes les trahisons.
Et l’impact de Vera Cruz est aussi manifeste sur le plan du style : avec ses angles de vue étonnants ou sa profondeur de champ génialement employée, on voit ici une préfiguration du style exubérant si typique de Sergio Leone.


lundi 6 août 2018

La Cité sans voiles (The Naked City de J. Dassin, 1948)




Intéressant film noir en ce qu’il est l’une des premières tentatives de filmer avec une forme de réalisme de type documentaire. Jules Dassin, dans plusieurs séquences, centre le film sur New York plus que sur son enquête : il promène sa caméra dans les rues, mélange ses personnages aux passants, change de quartiers, etc. Le film montre ainsi plusieurs facettes de New York, dont certaines sont lointaines de l’image hollywoodienne habituelle. Bien sûr cette façon d’appréhender l’environnement est encore partielle (il y a beaucoup de scènes dans des intérieurs), mais l’idée est là. C'est ainsi que, dans cette façon de sortir du studio et de filmer la ville pour elle-même, La Cité sans voiles fait date.
Il est dommage que le film manque parfois de ressort et qu'une voix off bien inutile alourdisse le propos.
Les dernières séquences, en revanche, avec le taudis du meurtrier et la poursuite qui s’enclenche, sont très réussies.


vendredi 3 août 2018

La Fille de Ryan (Ryan's Daughter de D. Lean, 1970)




Beau film de David Lean qui alterne des séquences magnifiques – où le lyrisme de Lean aussi bien que sa finesse jouent à plein – avec d’autres moments où le liant du film se perd un peu.
Dans cette variation libre et lointaine de Madame Bovary – dont l’argument sert l’histoire au cœur du récit – viennent se greffer les tensions entre séparatistes irlandais et la garnison anglaise. Mais dans ce long film, c’est un peu comme si l’alchimie ne se faisait pas complétement et que les différents récits ne s’assemblaient pas parfaitement. Certains moments du récit apparaissent en retrait par rapport aux autres.

Rosy aspire à l’ascension sociale autant qu’à un ailleurs qui lui semble interdit, coincée comme elle est dans ce petit village, au bord de l’océan, entre plages et falaises. Elle se rabat, aveuglée par ses chimères enfantines, sur le maître d’école avant de succomber, violemment, devant le major Doryan, l’anglais. C’est ainsi que le récit croise les amours interdits de Rosy avec les conflits entre Anglais et Irlandais.



Certaines séquences sont très belles : les premières scènes entre Rosy et Charles Shaughnessy ; les plans subjectifs de Charles sur la plage qui comprend la tromperie de sa femme ; l’écrin de Nature construit autour de Rosy et du major ; mais aussi, dans un style aux antipodes, l’étonnante séquence de l’orage où les indépendantistes récupèrent une cargaison d’armes et, enfin, de façon générale, la magie ensorcelante des paysages filmés avec une profondeur de champ infinie.

Le film souffre sans doute d’un casting contrasté : Sarah Miles est une Rosy très touchante, tantôt rêveuse, tantôt détestable, avec cette folie de liberté qui passe dans ses yeux, Robert Mitchum, dans un rôle étonnant de maître d’école casanier, est admirable, de même que Trévor Howard, très sobre. Mais Christopher Jones est bien effacé en major marqué par la guerre et John Mills cabotine terriblement en idiot du village.


On est touché aussi par la rencontre amoureuse entre Rosy et le major, filmée comme une fulgurance au milieu d’un film très long : on sait que David Lean a consacré un film entier à la construction d’un amour improbable et irrésistible (l’admirable Brève rencontre), on comprend qu’ici une séquence suffise, cristallisant en un instant les douleurs du major, la compréhension de Rosy et cette façon dont l’un et l’autre se répondent.




mercredi 1 août 2018

Claude Chabrol et La Règle du jeu



Une citation de Claude Chabrol à propos de La Règle du jeu (cette réflexion fait bien sûr écho à la question de savoir s'il faut revoir un film déjà vu) :


« La Règle du jeu, j’ai vu la version sortie en 46 : je l’ai vu vingt-neuf fois. Il y a une version légèrement améliorée, un peu après, alors celle-là je l’ai revue une trentaine de fois. Et puis enfin il y a eu la version définitive, telle que Renoir l’a acceptée, et qui est venue après, et je l’ai encore vue une quarantaine de fois. Donc j’ai vu La Règle du jeu à peu près cent fois et j’ai une sensation très étrange, c’est que, quand j’allais voir La Règle du jeu, je me disais « tiens, je vais aller passer un week-end à La Colinière ». Et c’était vraiment l’impression que j’avais, c’est-à-dire que j’entrais dans la salle et en deux heures je passais mon week-end à La Colinière. »