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jeudi 29 octobre 2020

Garçon ! (C. Sautet, 1983)

 


Alors que Claude Sautet a signé de très grands films dans les années 70, il marque nettement le pas dans les années 80. Garçon ! représente tout à fait cette tendance : il est une version affadie et superficielle de Vincent, François, Paul... et les autres. Là où le premier film fouillait tout un groupe d’amis, ici il se concentre sur un unique personnage et encore ne l’emmène-t-il pas bien loin.
Yves Montand, au centre du premier film, se trouve bien trop esseulé ici : il cabotine et en fait trop – comme souvent dans la dernière partie de sa carrière. Et, sans véritable contrepoids (pas de Piccoli, de Reggiani ou de Depardieu ici), il s’agite, tourne en rond, méridionnalise son personnage, mais la sauce ne prend pas vraiment.


jeudi 2 juillet 2020

Bonjour sourire (C. Sautet, 1956)



Premier film très faiblard de Claude Sautet qui s’égare complètement dans cette comédie sans intérêt dont l’intrigue elle-même (faire sourire une princesse dépressive) est particulièrement naïf. Les acteurs cabotinent péniblement, avec même Louis De Funès – encore méconnu – qui répète ses grimaces à l’envi, mais tout cela ne mène à rien. On n’est pas surpris, en fin de film, que tout se termine par une course-poursuite en accéléré : il fallait en finir vite, au bout d’un moment ça n’est plus supportable.
Heureusement, après ce premier essai, voilà Claude Sautet vacciné : il délaissera la comédie. Il s’essaiera au polar (avec plus de bonheur, tout de même, que la comédie) avant de trouver sa voie dans l’étude de mœurs. Mais, tout de même, on reste surpris que Sautet, qui a réalisé des films si riches et si fouillé, soit parti d’aussi bas.



samedi 21 mars 2020

Nelly et Monsieur Arnaud (C. Sautet, 1995)




Sans être un grand film de Claude Sautet, Nelly et Monsieur Arnaud a une forme de douceur un peu diffuse, naissant de la relation pudique et progressivement de plus en plus forte entre les deux personnages. C’est en fait une histoire d’amitié entre un (vieil) homme et une (jeune et jolie) femme, ce à quoi le cinéma ne nous a jamais habitués.
Dans ce qui est son dernier film, Sautet met beaucoup de lui-même dans le personnage de Arnaud (avec une interprétation très juste, comme il se doit, de Michel Serrault). Empli d’angoisse, en proie au doute, avec une œuvre à finir qui le fait hésiter, cherchant tantôt à fuir et tantôt à se réfugier dans la solitude, appelant maladroitement à l’aide, ce personnage de vieil homme un peu perdu est réussi.




jeudi 3 octobre 2019

Quelques jours avec moi (C. Sautet, 1988)




Comparées à ses années 70, les années 80 de Claude Sautet sont à oublier. Il tourne peu et ne retrouve ni le ton ni le regard particuliers qui en font un peintre si juste de la société française.
Ni le scénario, convenu, ni les personnages, tout à fait superficiels, ne passionnent. Sautet, qui avait su progressivement multiplier les personnages dans ses films, tout en les caractérisant, parvenant à les traiter à la fois comme un tout et comme des individualités (qu’on se souvienne de Vincent, François, Paul et les autres), semble, ici, incapable de brosser ne serait-ce qu’un portrait un tant soit peu fouillé. Même le couple au centre du film fait pâle figure (on est bien loin, là encore, des Choses de la vie ou de César et Rosalie). Les personnages secondaires sont complètement incongrus et, plutôt qu’épaissir le film, l’affadissent et, même, dans certaines scènes, l’abêtissent.
Le duo principal est à la peine avec Sandrine Bonnaire qui n’incarne guère plus qu’une prolétaire délurée et Daniel Auteuil, dont le personnage annonce Un cœur en hiver, apparaît encore très frêle, même s’il sera bientôt spécialiste des rôles introvertis et absents. Jean-Pierre Marielle cabotine à tout va alors que les autres acteurs apparaissent bien pâlichons : Vincent Lindon, Jean-Pierre Castaldi, Dominique Lavanant ou Philippe Laudenbach montrent l’abysse qui les séparent des grands acteurs qui ont pu travailler avec Sautet (Reggiani, Denner, Frey, sans parler, bien sûr, de Montand, Piccoli, Romy Schneider ou Depardieu).
Sa peinture sociale fait flop et le film reste constamment à mi-chemin entre le drame et la comédie bas de gamme.
Le changement de scénariste apparaît très préjudiciable, puisque Sautet délaisse Jean-Loup Dabadie, son grand complice des années 70, au profit de Jacques Fiesci et Jérôme Tonnerre, bien peu inspirés (ils feront nettement mieux par la suite, toujours avec Sautet).


lundi 9 juillet 2018

Un mauvais fils (C. Sautet, 1980)




Petit film de Claude Sautet, qui explore non pas le monde bourgeois comme il le fait si souvent, mais la petite vie d’un ouvrier et de son fils.
Si son matériau change, il reprend ses thèmes habituels : il scrute les liens, les non-dits, les sentiments cachés, les culpabilités, les mensonges.
Le problème de Sautet est que son cinéma a besoin de très grands acteurs, capables de faire passer l’émotion sans mots, en un regard, en un léger changement d’expression du visage. Patrick Dewaere le fait très bien, un peu chien fou, toujours sur le fil du rasoir, toujours à la limite de trop en faire. Les autres acteurs font ce qu’ils peuvent mais la tâche est difficile pour Jacques Dufilho ou Brigitte Fossey. Yves Robert s’en sort mieux avec un jeu très sérieux et mutique qui finit par fonctionner.

lundi 23 octobre 2017

César et Rosalie (C. Sautet, 1972)




Beau film de Claude Sautet qui propose une variation sur le thème du triangle amoureux. L'interprétation est un des points forts du film, avec Yves Montand, Sami Frey et Romy Schneider tous les trois parfaits. Sautet parvient à les utiliser pour épaissir et faire exister sous nos yeux ces personnages déchirés, hésitants, qui s’accrochent comme ils peuvent à ce qu’ils peuvent. C’est que César et David aiment Rosalie, mais chacun à sa façon : l’un sanguin, possessif, rendu fou par l’absence ; l’autre discret, distant et qui s’efface. Et Rosalie, au milieu, hésite et ne tranche pas.
Le film est enrichi par un regard social avec les deux prétendants qui sont aux antipodes l'un de l'autre : l’un parvenu, macho, qui s’anime autour de parties de poker, l’autre intellectuel, artiste (et qui se moque d’ailleurs, avec ses amis, de cet alter ego rustique). Le Goût des autres reprendra cette distinction, mais en forçant le trait terriblement, jusqu’à ce qu’il constitue l’essentiel du ressort scénaristique.


Cela dit, malgré la qualité de Sautet, très attentif à ce qui attache ou sépare les individus, et malgré le charme du trio d’acteurs, le personnage de Rosalie pose problème. Sa revendication de liberté reste en effet très égoïste : toute à ses hésitations, elle se définit comme libre par rapport à César (libre de partir, de passer une nuit avec David, etc.). Il est bien évident que Rosalie a une responsabilité vis à vis de César, en ce sens qu’elle ne peut s’affranchir aussi facilement d’Autrui : quand bien même César est maladroit, quand bien même il ment pour la garder auprès de lui, quand bien même il a des crises de colère, elle ne peut le balayer d’un revers de main, au seul prétexte qu’elle est libre. Elle est engagée, quoi qu’elle en pense. Rosalie devrait relire Lévinas, quand il parle de l’autre de la relation amoureuse et de que cet autre, qui est l’altérité par excellence, vous « demande ». Lévinas, dans Éthique et infini, explique : « l’autre me demande comme quand on demande quelqu’un qu’on commande, comme quand on dit « on vous demande ». De cette demande de l’autre amoureux, naît une responsabilité. En s’accrochant à sa liberté (liberté de ne pas choisir entre César et David), Rosalie est tout à fait irresponsable. Pourtant cette responsabilité  dépasse (et de très loin) cette volonté de liberté qui s’exonère un peu facilement d’Autrui. C’est ainsi que le personnage de Rosalie, au-delà de ses deux hommes entre lesquels elle hésite constamment, apparaît comme totalement fictionnel, symbolique, presque, de la revendication de liberté des femmes, et au bout du compte bien peu réaliste. Dans un film qui se veut une dissection attentive des rapports humains, cela pose problème.


Le film, enfin, a le petit côté ménage à trois de Jules et Jim (l’aspect morbide en moins) et on s’amusera des points communs avec Préparez vos mouchoirs, où, là aussi, un duo mari/amant tourne en rond en tous sens pour combler la femme. Chez Blier, évidemment, les rapports humains sont passés au vitriol et les solutions proposées sont pour le moins provocantes.


mercredi 11 octobre 2017

Les Choses de la vie (C. Sautet, 1970)




Très beau film de Claude Sautet qui parvient à filmer ce qui se cache derrière le front plissé d’un homme, à explorer ce qui s’y joue. Très intelligemment construit en flash-back après un accident, alors que Pierre gît sur la pelouse, agonisant, on plonge, à rebours, dans le creux de ses souvenirs, partagés entre la mère de son fils, dont il est séparé mais à propos de laquelle de doux souvenirs remontent, et sa nouvelle compagne, si aimante.
L’interprétation est hors de pair : Michel Piccoli est parfait dans ce rôle où il intériorise tant (rôle qu’il saura maintes fois endosser au cinéma dans de multiples variations) quand Romy Schneider et Léa Massari, au contraire, sont si expansives et si émotionnellement lisibles.



La construction brillante alterne des moments de l’accident avec les souvenirs épars de Pierre. On notera l’excellente utilisation du ralenti (choix esthétique aujourd’hui dévoyé). Le puzzle de la vie de Pierre se reconstitue progressivement, mais, toujours, cet accident, qui revient sans cesse, vient briser tout espoir : chaque erreur, chaque moment où Pierre a des regrets est entériné et ne pourra être réparé. Les choses sont et rien n’est modifiable.
Le flash-back se boucle de façon extraordinaire, puisque Sautet parvient à se rapprocher de plus en plus des pensées de Pierre, qui gît sur le sol, avec cette voix off qui ralentit et les images mentales (le banquet final) qui l’animent et succèdent à ses souvenirs.
On notera comment Pierre, au fur et à mesure qu'il plonge dans ses souvenirs et qu'il s'approche de la mort, fait se rejoindre les deux femmes de sa vie : en même temps qu'il veut déchirer la lettre de rupture à Hélène (ce que fera Catherine) pour ne pas être seul, défilent sous ses yeux des moment à l'île de Ré avec Catherine. Au moment de mourir, il n'a pas eu à trancher, il est avec les deux. Et, beau jeu scénaristique, dans le même temps, alors que Pierre meurt, chacune est persuadée que Pierre est à elle : Hélène qui vient de recevoir le message de Pierre lui enjoignant de la retrouver et Catherine qui découvre la lettre de rupture destinée à Hélène que, dans un beau geste, elle déchire. Ce final poignant et très beau clôt parfaitement un film où Sautet a su rester sur la corde raide de l'indécision : c'est bien là ce qui se passe au fond du cœur de Pierre, qui alors qu'il conduit, s'attriste, quitte Hélène et se réconcilie, repense à sa vie, au fil des kilomètres, avant l'accident fatal.
Il en ressort une vie emplie de regrets, teintée d’une amertume de ne pouvoir rien changer, de ne pouvoir trancher (Sautet disait que son film raconte l'histoire d'un homme satisfait de mourir, parce que cela lui évite d'avoir à faire un choix), et il en ressort que les choses de la vie, justement, ne sont pas si simples.




lundi 15 juillet 2013

L'Arme à gauche (C. Sautet, 1965)




Film très secondaire de Claude Sautet. Le propos aurait pu être intéressant mais on n’est guère passionné par cette histoire de bateau volé et piraté. Si l’intrigue démarre très bien, elle s’essouffle complètement dès lors que la prise d’otage démarre. Sautet a sans doute bien senti le coup en arrêtant les films d’action et en redirigeant sa carrière vers des drames intimes où Michel Piccoli et Yves Montant remplaceront Lino Ventura (Les Choses de la vie, César et Rosalie, Max et les ferrailleurs, etc.).
Cette seconde partie de carrière sera d’une toute autre hauteur par rapport à la première.


lundi 12 novembre 2012

Classe tous risques (C. Sautet, 1960)




Intéressant deuxième film de Claude Sautet, qui reste sur le film de gangster. Mais, s'il s'appuie sur un très bon Lino Ventura, il délaisse sans doute trop les autres personnages. Par exemple les trahisons que subit Abel ne sont guère fouillées (on ne voit guère ceux qui le trahissent) et on regrette que le scénario cherche à isoler toujours plus Abel en ne s’attardant pas davantage sur Erik Stark (si ce n’est pour offrir un happy-end étrange au personnage), où on retrouve Bébel un peu dans le même rôle que dans Le Doulos, mais avec une autre morale.
Dès lors le film contraste avec ses films suivants (bien loin des films de gangsters) où il brillera à explorer plusieurs personnages en même temps, épaississant ainsi considérablement les drames intimistes qu'il aimait filmer. Il abandonnera donc Lino Ventura au profit d'Yves Montand ou de Michel Piccoli, qui excellent aux aussi, mais dans un tout autre genre.