lundi 31 août 2015

La Barbe à papa (Paper Moon de P. Bogdanovich, 1973)




Film empli d'un charme puissant : Peter Bogdanovich met une large empreinte de nostalgie dans ce road-movie délicieux. Comme beaucoup de films du Nouvel Hollywood, La Barbe à papa se situe dans les années 30, pendant la prohibition. C’est l'un des deux films réalisés par Bogdanovitch grâce à la petite maison de production (The Directors Company) montée avec Coppola et Friedkin sous le parrainage de la Paramount.
Ryan O’Neal est un looser magnifique et la petite Tatum O’Neal est formidable. La photo noir et blanc est magnifique et les plans séquences servent à merveille le punch de la petite Tatum (qui, du haut de ses dix ans, est très drôle à fumer comme une grande). Et l’affiche originale est superbe : elle s'appuie sur la photo que ne parviendra jamais à faire la petite Addie.


Addie (géniale Tatum O'Neal) qui veut fumer comme une grande

samedi 29 août 2015

Le militantisme caché de certains films




Dans de nombreuses interviews, beaucoup d’artistes (pas seulement les cinéastes), aiment expliquer (ou laissent clairement penser) qu’ils ressentent le monde différemment, qu’ils y captent ce que d’autres – ceux qui ne sont pas artistes – ne captent pas. Qu’ils ont une acuité supérieure, en somme, à celle du vulgum pecus. Et, par là, il faut comprendre que c’est ce qui rend l’artiste exceptionnel.

Nous ne partageons pas du tout ce point de vue (point de vue qui, soit dit en passant, est d’un manque d’humilité étonnant). En effet, ce qui rend un artiste exceptionnel n’est pas dans sa capacité à ressentir, mais dans sa capacité à exprimer ce qu’il ressent, ce qui n’est pas du tout la même chose.

Cela dit, si on peut trouver une réelle acuité et une réelle vibration dans de nombreux films abordant différents thèmes (par exemple la rencontre amoureuse, filmée avec une sensibilité éblouissante chez David Lean ou Clint Eastwood), il est des domaines où l’artiste s'avère incapable de la moindre finesse.
C’est le cas de nombreux réalisateurs dont les films se veulent des dénonciations de la société actuelle qui y est décrite comme tragiquement capitaliste et épouvantablement dure et violente. Et, bien souvent alors, ils cherchent à se draper dans un réalisme qui n’en est pas un. Généralement leurs films s'appuient sur des cas particuliers, qui, s'ils existent réellement, sont des cas extrêmes. Or créer une émotion à partir de cas extrêmes semble un peu facile et artificiel, et raisonner à partir de tels cas est une erreur qui enlève tout poids à l’argumentation.
Sans aller jusqu’au militantisme d’un Costa-Gavras (dans Le Capital par exemple), des films comme La Loi du marché ou Deux jours, une nuit sont des exemples de films qui se veulent réalistes, mais qui pâtissent de telles lourdeurs.
Les choix scénaristiques ne relèvent pas du regard d’un artiste mais de celui d’un partisan qui, pour mieux faire passer son message, s’appuie sur un cas extrême non représentatif. A chaque fois le cas existe mais il n’en est pas réaliste pour autant.

Dans La loi du marché il est question d’une caissière licenciée parce qu’elle a ramassé dans une poubelle quelques coupons de réduction : sur les dix mille pertes d’emplois quotidiennes en France, ce cas est-il représentatif ? Ce cynisme violent du patron est-il un exemple typique de la relation patron-employé ? Dans Deux jours, une nuit, si les collègues de Sandra veulent conserver leur prime cela entraînera son  licenciement. Cette terrible alternative proposée aux employées, si elle a pu exister, comment penser qu'elle est habituelle ou commune ? Est-il besoin de grossir à ce point le réel pour être convaincant et toucher le spectateur ? Ces cas extrêmes ne font pas partie de la vie de tous les jours, contrairement à ce que le film cherche à nous faire croire.

On admirera, a contrario, le désastre qui frappe Antonio lorsque sa bicyclette lui est volée dans Le Voleur de bicyclette. La puissance du film vient, entre autre, de ce que ce vol infiniment banal prend une importance tragique. C’est au travers de ce banal tragique que la société décrite par De Sica est violente et touchante. Tout au contraire, la situation de Sandra est violente et désespérante parce que l’alternative imposée à ses collègues est épouvantable mais elle n’est pas du tout banale. C’est d’ailleurs là qu’est l’arnaque (aussi bien intellectuelle qu’émotionnelle) en faisant croire que cette situation est tout à fait représentative alors qu’elle ne l’est pas.
Si le capitalisme est si violent et provoque tant de désespoirs, pourquoi s’appuyer sur de tels cas ? Quel besoin d’utiliser des miroirs à ce point grossissant ? Le miroir grossissant, par définition, n’est jamais un gage de réalisme.
Sur un autre thème, on pense aussi à Joyeux Noël, qui cherche à nous faire croire, en s'appuyant là aussi sur un cas particulier, que les soldats allemands et français, pendant la guerre de 14-18, ne demandaient qu’à fraterniser sur les lignes de front.

A travers ces quelques exemples, on comprend que le réalisateur – « l’artiste » – n’a, bien souvent, pas du tout une acuité de regard particulière et que sa prétendue capacité à exprimer ce qu’il ressent est mise au service d’un objectif assez peu noble : émouvoir le spectateur dans le but de lui faire ingurgiter, l'air de rien, un joli petit prêt-à-penser.

mercredi 26 août 2015

Bug (W. Friedkin, 2006)




Bon huis-clos horrifique de William Friedkin qui emmène sa situation initiale jusqu’au bout, le tout avec une économie de moyens remarquable. La folie délirante de Peter (très inquiétant Michael Shannon), qui contamine progressivement Agnes (Ashley Judd), fille paumée qui se rattache à ce qu’elle peut, est très réussie et terrifiante. Si la névrose de Peter se développe à cause de sa paranoïa, c’est en revanche par amour qu’Agnes se névrose. Le film développe ainsi une version particulièrement perverse de l’amour fou.
Friedkin, décidément touche-à-tout (que de grands écarts dans sa filmographie, qui va de French Connection au Convoi de la peur en passant par L’Exorciste), offre même un final – inévitable – où le film confine à l’horreur et au gore. Irrépressiblement, on pense à La Mouche.


On retrouvera Michael Shannon en proie à une paranoïa, même si elle est davantage apaisée, dans Take Shelter de Jeff Nichols.

La Grande vadrouille (G. Oury, 1966)




Excellente comédie que ce fleuron français. On sait à quel point, dans ce film, les deux personnages créés par Bourvil et de Funès sont complémentaires. C'est davantage de Funès, d'ailleurs, par son énergie délirante et incessante, qui est la vis comique du film ; mais le contrepoint de Bourvil, avec cette naïveté qui, par moment, prend conscience d'elle-même et lutte, est jubilatoire. On remarquera que, à chaque personnage, correspond une famille sociale, point sur lequel G. Oury insiste.
L'histoire est rocambolesque à souhait et l'idée de faire s'affronter les deux compères sur fond d'occupation est très bonne. Notons que seuls Lefort et Bouvet sont réellement drôles, les autres personnages beaucoup moins (sauf, pour quelques scènes, toujours le même type d'Allemand, gradé et rondouillard).
Bien des scènes et bien des répliques sont exceptionnelles (depuis le « ich bin malade » de de Funès, jusqu'à l'accent allemand d'un Bourvil déguisé en soldat).
De par l'exotisme de sa situation initiale et aussi par sa fidélité à ses personnages tout au long du film, La Grande vadrouille est certainement supérieure au Corniaud (en effet le personnage du corniaud, dans un retournement de situation mal amené, devient bien malin en fin de film pour les besoins de la cause).
Le film engendrera en France une mode du duo comique qui connaîtra des fortunes diverses (l'excellent duo Depardieu-Richard mais aussi Clavier-Réno ou encore Poelvoorde et Lanvin, etc.).

lundi 24 août 2015

Hunger Games (The Hunger Games de G. Ross, 2012)




Énorme succès pour la saga. Ce premier épisode est très faible, on est dans un scénario simpliste, avec des personnages caricaturaux et, bien entendu, un déroulement sans surprise.
Totalement vide de sens, le film est étonnamment violent pour le public cible (les adolescents). Il fait penser à Battle royale de K. Fukasaku : même lâcher d’ados armés dans un espace clôt, mêmes tueries à droite et à gauche, même absence de sens à tout cela. Qu’il y ait eu un grand succès pour ce film (au point qu’il ait initié toute une saga au cinéma) laisse perplexe.
Comme il se doit on s’interroge sur ce que pensent les producteurs du QI moyen du spectateur cible.


jeudi 20 août 2015

District 9 (N. Blomkamp, 2009)




Bonne surprise que ce film de science-fiction qui traite d'aliens de façon très originale. Ceux-ci ne menacent pas de nous envahir, ils sont au contraire parqués et l’humanité ne sait qu’en faire.
Bien entendu c’est là l’occasion pour le réalisateur de parler politique et notamment de l’apartheid. Mais on reste surpris d’avoir droit à une dénonciation féroce de l’apartheid en 2009. En effet l’apartheid en tant que tel n’existe plus et, plus encore, personne ne soutient réellement un tel régime. Certes on peut extrapoler à toutes les formes de racisme mais le parallèle avec l’apartheid est net (l’action se déroulant en Afrique du Sud). C’est comme un film qui dénonce l’esclavage des noirs aux Etats-Unis : qui cherche-t-on à convaincre ?
Mais l’essentiel n’est pas là : il est plutôt dans cette idée d’avoir parqué les aliens dans un ghetto bidonville gigantesque et de dérouler un film spectaculaire – et parfois extravagant – en partant de cette idée.

L’exposition est très réussie et très happante, avec le principe d’un faux documentaire télé (mockumentary) qui nous précipite dans l’instantané de l’action. Ce style est progressivement abandonné pour rejoindre celui assez conventionnel des films d’action habituels. C’est un peu dommage car la banalité de l’action emporte la fin (et cette banalité sera confirmée par Elysium, le film suivant de Blomkamp, qui est insipide de bout en bout).
La contamination de Van de Merwe (très bonne interprétation de Sharlto Copley) permet de démarrer réellement l’action et fait exploser la situation en révélant le racisme violent, le jusqu’au-boutisme des scientifiques, le sadisme des gangs, l’indifférence des politiciens, etc.

On pense évidemment à La Mouche noire : Van De Merwe a un bras d’alien, comme Delambre, et, bien entendu, à La Mouche, à la fois par la transformation progressive du héros, mais aussi dans cet aspect organique gore qui traverse le film.


Van De Merwe, avec son bras transformé

lundi 17 août 2015

Du plomb dans la tête (Bullet to the Head de W. Hill, 2013)



Énième film d'action de W. Hill, énième film bourrin et stupide de Stallone. Avec son pote Schwarzy on suppose qu'ils se tirent la bourre pour savoir qui fera le film le plus débile (Le Dernier rempart, sorti un mois plus tôt). Franchement on hésite à trancher.
La petite lumière d'espoir est que le film a été un gros flop et n'a guère rapporté d'argent. On respire. Parce qu'on a bien conscience du niveau d'intelligence que prêtent les producteurs du film aux spectateurs :


samedi 15 août 2015

L'Armée Brancaleone (L'Armata Brancaleone de M. Monicelli, 1966) et Brancaleone s'en va-t-aux croisades (Brancaleone alle crociate de M. Monicelli, 1970)




Il faut comprendre les deux films comme un diptyque : le premier film ayant connu un très grand succès en Italie, une suite fut tournée.
Sur fond de Moyen Âge, ces deux films sont d'incroyables délires qui se permettent toutes les facéties. Comme dans d’autres comédies de la période, on sent les auteurs, réalisateurs et acteurs à l’unisson pour tout oser : les farces, les moqueries, les affrontements les plus dangereux, les lâchetés les plus folles. On croise des lépreux, des pendus, des sorcières, même un stylite : des génériques aux séquences finales, tout y passe. Le film repose sur la performance extravagante et géniale de Vittorio Gassman qui construit un chevalier qui passe du pathétique au valeureux d’une scène à l’autre, prêt à sauver un innocent ou à tenter d’entourlouper la Mort. Il y a bien sûr du Don Quichotte dans Brancaleone.
La fin de Brancaleone s’en va-t-aux croisades est incroyable d’audace (les personnages ne s'expriment plus qu'en vers, le chevalier affronte la Mort elle-même, etc.).


Brancaleone affrontant la Mort

On sait où les Monty Python ont trouvé leur inspiration pour leur Sacré Graal (aussi bien dans le thème que dans le ton).


Savez-vous qui je suis ?
Mon nom est - écoutez-bien - Brancaleone De Norcie !

vendredi 14 août 2015

La Garçonnière (The Apartment de B. Wilder, 1960)



La Garçonnière The Apartment Billy Wilder Affiche Poster

Autre comédie brillantissime de Billy Wilder (après la perfection de Certains l’aiment chaud) et nouveau chef d’œuvre. Cette fois Wilder parvient à mélanger le ton comique, où il est très à l’aise, avec un regard acerbe et cynique sur l’Amérique. Ici c’est notamment l’hypocrisie et l’arrivisme qui sont ciblés.
J. Lemmon sert de révélateur parfait avec cette façon d’être à la fois complice et innocent, en profitant des services qu’il rend ce qui lui permet, presque malgré lui, de damer le pion à d’autres ambitieux dans son immense assurance, remarquable représentation symbolique des grands groupes américains. Avant, finalement, de claquer la porte à ce genre de vie.
Les innombrables employés de l'immense compagnie d'assurance de Baxster
Mais le film glisse progressivement vers un autre ton et, avec l’entrée en scène de Fran (extraordinaire Shirley  McLaine), on passe progressivement de la comédie au drame. Le film se permet alors d’être à la fois grinçant tout en explorant l’intimité touchante des personnages. L’équilibre entre ces deux tons si opposés - équilibre si difficile à trouver - est parfait.

Wilder prouve une nouvelle fois tout son génie : capable de passer d’un genre à l’autre avec aisance, capable de rendre hommage au cinéma ou de lui faire des clins d’œil, capable aussi de tirer à boulets rouges sur l’Amérique. La Garçonnière, tout comme Le Gouffre aux chimères par exemple, dans des tons très différents (c’est là le tour de force) sont des attaques dures sur certaines tares de l’Amérique contemporaine. L’Amérique, une nouvelle fois, se juge elle-même avec lucidité et sans concession.
Et Wilder nous refait le coup : la réplique finale éclatante est à ranger aux côtés de celles de Certains l’aiment chaud ou de To be or not to be dans les hauteurs immenses de la légende du Cinéma.


Jack Lemmon et Shirley MacLaine : "Shut up and deal !"

mercredi 12 août 2015

Saw (J. Wan, 2005)



Saw Affiche Poster

Saw est le premier film de son réalisateur, film qu’il a eu bien du mal à financer mais qui a connu un très grand succès en salle. Bien que Saw fût qualifié d’original, il reprend directement l’intrigue de L’Abominable Docteur Phibes de Robert Fuest. Il en reprend les motivations du tueur (une vengeance face à un corps médical déficient) et le principe des pièges successifs appliqués à différentes victimes. On retrouve ainsi dans Saw une sorte de masque qui broie la tête de la victime ou l’idée de cacher une clef dans un corps humain, ce que le film de Fuest propose déjà. Bien entendu la vague gore du film de genre a emporté tout le charme un peu désuet et très anglais de Fuest, au profit d’un pseudo-réalisme sordide et glauque où toute retenue s’en est allée.
Saw apparaît ainsi comme un mélange des films gore classiques tels que Orgie sanglante ou 2000 maniaques, saupoudré d'idées prises du côté de L'Abominable docteur Phibes, le tout dans un univers glauque et sordide façon Seven.

On est surpris de trouver dans Saw des garde-fous – qui n’étaient pas là dans le film de Fuest – alors que toute l’horreur sadique des pièges est montrée avec un voyeurisme outrancier. En effet le tueur de Saw se targue de moraliser ses victimes et de les laver de leurs péchés. Ils ont d’ailleurs une chance (minime il faut bien dire, mais symbolique) de se dépêtrer du piège. Rien de ça chez Fuest où rien ne viendra adoucir la vengeance de Phibes, surtout pas la bonne morale. On a ainsi l’impression étrange que l’on montre des abominations épouvantables tout en faisant un cours de morale, ce qui est quand même assez gonflé. Et cela montre des tendances qui n’existaient pas auparavant dans le genre. Pas de jolie morale derrière le Leatherface de Massacre à la tronçonneuse ou les zombies de La Nuit des morts-vivants. C’est comme si l’on pouvait montrer les pires scènes de crimes ou de tortures mais en se devant de l’entourer (de se protéger ?) d’une morale (on retrouve la même tendance dans l’éprouvant Hostel de E. Roth, qui reprend la même veine d’horreur en montrant le plus de barbarie possible, mais en ne s’épargnant pas un rééquilibrage moral, très discutable pour le coup).
Cela dit, si Saw n’invente rien, il est réussi dans son genre. Le problème évidemment est de supporter le genre : on est ici dans l’épouvante et l’horreur. Le film est bien entendu (c’est le genre qui veut ça) très malsain, très violent, absolument tordu et il réussit la gageure d’être crescendo dans l’horreur. L'ambiance post-Seven exagérée est elle aussi réussie.
Bien entendu le film est parfaitement vain. Il est là pour titiller le dégoût, tester un peu le spectateur, tout cela peut-être en se lavant les mains de tout aspect malsain, non seulement par l’aspect moralisateur du tueur, comme on l’a dit, mais aussi puisqu’après tout, tout est pour de faux puisque c'est du cinéma. On est curieux, malgré tout, de connaitre les tenants et aboutissants des véritables fans du genre, ce qu’ils cherchent et ce qu’ils trouvent devant ce genre de film.

Comme le film a cartonné, de nombreuses suites ont été tournées, suites qui déclinent sans fin des morceaux de barbarie, plus sanguinolents et atroces les uns que les autres, et qui sont donc aussi inutiles et vaines les unes que les autres.

dimanche 9 août 2015

L'Extravagant Mr Ruggles (Ruggles of Red Gap de L. McCarey, 1935)




Excellente comédie de L. McCarey. Charles Laughton est délicieux dans le personnage de Marmaduke Ruggles, majordome européen, précieux et appliqué, confronté au Far-West.
C'est de ce majordome perdu au poker par son maître que viendra la leçon de démocratie lorsqu'il récite le discours de Lincoln à Gettysburg. Le film commence en caricatures (une Angleterre snobe, une Amérique délurée) et va s'approfondissant, toujours drôle, équilibré, délicieux. Et Marmaduke s'intègre socialement en troquant la recette du mauvais café américain en échange d'une recette de bon thé anglais... Plusieurs répliques de Lauhgton sont légendaires (quand il se saoule et, mieux encore, quand il regrette de s'être saoulé).
Il faut se souvenir de ce que furent les comédies américaines, de ce que fut ce genre, aujourd’hui qu'il est dévoyé et que les comédies sont devenues lourdes et sans malice.


samedi 8 août 2015

Equalizer (The Equalizer de A. Fuqua, 2014)




Prototype de film complètement vain et inutile, qui propose une énième version de l’ancien flic rangé mais qui était super-extra-fort (il désarme et tuer cinq grands méchants en quinze secondes montre en main, en retournant les doigts et en brisant les cervicales à tout-va) qui, pour les beaux yeux d’une prostituée passée à tabac, va anéantir la mafia du coin. Il affronte d’abord des méchants, puis des grands méchants et finit en éliminant le super-grand méchant.
Denzel Washington s’y colle et donne à son personnage un aspect moralisateur assez pénible. Il faut tenter de voir le film au second degré, tant tout est exagéré et attendu, mais Fuqua semble se prendre très au sérieux (avec des tentatives esthétiques – complètement ratées –, comme ces zooms sur l’œil de Washington, juste avant que celui-ci ne passe à l’attaque).
Aussitôt vu, aussitôt oublié.
Bien entendu on se doute de ce que les producteurs pensent des spectateurs qu’ils cherchent à appâter dans les salles…


jeudi 6 août 2015

Hercule (Hercules de B. Ratner, 2014)




Pourquoi regarder un tel film ? On peut toujours se dire qu'on ne connaît pas un film avant de l'avoir vu. Certes. Encore que, on en a parfois une petite idée (les campagnes de promotion sont faites pour ça). On sait très bien, d'ailleurs, quelle est la nourriture proposée par Mc Do, quand bien même on n'y a jamais mangé. C’est l'avantage des drugstores : ils ne trompent pas sur la marchandise.
Ici non plus il n'y a pas tromperie, il faut être sacrément naïf pour s'attendre à quelque chose et être surpris, in fine, de la nullité étonnante du film.
On pouvait se dire, néanmoins que, peut-être, les douze travaux... Mais ils sont évacués dès le prologue. En fait, pas de chance, c’est une adaptation libre d'une BD, elle-même adaptation libre de la mythologie. Rien à signaler donc.
Le film nous montre une bande de mercenaires emmenée par Hercule et qui affronte toutes sortes de dangers. On notera le très conventionnel humour qui accompagne désormais tout blockbuster qui se respecte. Hercule fait des bons mots, voyez-vous : il massacre tout en commentant ses massacres, en toute décontraction.
On peut s'interroger sur ce que pensent les producteurs (qui conçoivent leur film comme une planche à billets) du public cible de ce genre de film.


lundi 3 août 2015

Fric-frac (M. Lehmann, 1939)




Si l'intrigue est un peu molle et très convenue (le cave éperdu d'amour qui se fait flouer et finalement accepter), en revanche les acteurs sont savoureux et font tout le sel du film. Fernandel est un amant un peu trop caricatural, surtout à coté de Michel Simon, incroyable de naturel, quand il fait le gaillard mou qui ronchonne, quand il s'incruste, quand il fait la sieste, quand il s'énerve, etc. Et ses tirades en argot (au bonneteau ou sur les « doudounes ») sont mémorables. Arletty est fidèle à elle-même, tout dans le mélange entre le charme de son sourire et sa gouaille parisienne.