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samedi 15 mars 2014

Le Cuirassé Potemkine (Bronenossets « Potiomkine » de S. M. Eisenstein, 1925)




Film fondateur et qui est aussi l’un des plus célèbres du monde, l’un des plus reconnus et des plus influents. Le Cuirassé Potemkine reste en effet éblouissant, en particulier certaines séquences célébrissimes. Il constitue aussi une mise en application brillante des théories d’Eisenstein sur le montage. C’est ainsi qu’on a volontiers décrit le film comme une œuvre musicale quand Eisenstein parlait lui-même d’une « tragédie en cinq actes ». Le film montre la révolte de marins en 1905 qui sera violemment réprimée par le régime tsariste et qui est un des événements précurseurs de la révolution d’octobre. Il est donc structuré en cinq parties, avec notamment la fameuse séquence de « l’escalier d’Odessa », éblouissante, largement passée à la postérité.
On notera que cet objet de propagande est une œuvre d’art exceptionnelle, ce qui est extrêmement rare, surtout en cinéma. Le plus souvent la forme et la lourdeur des propos engloutit complètement l’œuvre.
Le film démarre avec une idée simple et efficace : le clivage dans le navire (entre les marins et les officiers dont les conditions de vie sur le même bateau sont aux antipodes) représente le clivage social de la Russie et le peuple opprimé par le tsar et ses sbires. Suivant les contraintes du régime socialiste, le film ne met en avant aucun personnage mais glorifie le peuple, qui dévale en désordre le célèbre escalier, assassiné sans pitié par les soldats qui descendent implacablement.



Les recherches formelles d’Eisenstein trouvent donc une concrétisation parfaite : la puissance narrative est très forte et le montage percutant (avec de célèbres gros plans chocs). Il faut noter que, comme pour beaucoup d’œuvres anciennes et qui ont été créées dans un contexte politique autoritaire, l’histoire du film est complexe, et il en existe différentes versions, plus ou moins censurées.


On remarquera l’évocation du film – notamment au travers de la séquence de l’escalier d’Odessa – dans de nombreux films, depuis Nous nous sommes tant aimés de E. Scola, aux Incorruptibles de B. De Palma, en passant par Brazil de T. Gilliam.


lundi 13 mai 2013

Alexandre Nevski (Александр Невский de S. M. Eisenstein, 1938)




Film de commande voulu par Staline (de même que plusieurs autres chefs-d’œuvre d’Eisenstein) et destiné à exalter la puissance patriotique, Alexandre Nevski met en scène un prince du XIIIème siècle qui repousse les cavaliers teutoniques. Le parallèle avec l’URSS menacée par la montée du nazisme est tout à fait clair (les bannières teutoniques, par exemple, sont floquées de l’aigle allemand).



Le film est marqué par la légendaire bataille sur le lac gelé où le souffle épique du film a gardé toute sa force. Mais on sent bien qu’Eisenstein d’une part est peu à l’aise avec le parlant (certaines scènes sont assez quelconques, celles précisément où il s’agit de dialogues qui apparaissent assez statiques) et, d’autre part, est obligé de renoncer (au moins en partie) à des montages trop complexes ou intellectuels, exigence du régime soviétique oblige. La dernière demi-heure, en revanche, est exceptionnelle : la beauté plastique des plans de cavaliers qui chargent sur le lac crée un extraordinaire souffle épique.


samedi 23 février 2013

La Ligne générale (Генеральная линия de S. M. Eisenstein, 1929)




Important film d’Eisenstein qui, comme toujours, est coincé dans le cardan des desideratas du parti. Son film se voulait être un destin individuel (celui de la jeune Marfa), mais il devint progressivement une propagande sur la beauté et l’efficacité des fermes collectives. La dimension de propagande – ou même parfois de publicité – saute aux yeux mais ne doit pas empêcher les qualités du film, notamment toutes les innovations de son auteur.



En effet, ce que l’histoire du cinéma retient c’est bien plus la mise en scène d’Eisenstein, avec ses mouvements de caméra, ses gros plans des paysans et, bien entendu, son montage si novateur.
On sait combien Eisenstein avait théorisé le montage, le film est un exemple d’application des principes qu’il a énoncés. C’est ainsi que de nombreuses séquences, de par leur découpage, sont entrées à la postérité, avec par exemple le célèbre montage parallèle lorsque l’écrémeuse se met à fonctionner.



Et, de façon plus générale, c’est tout le film qui monte en tension grâce au travail sur le rythme du montage des séquences.

Si, dans son propos le film s’écarte donc de ce que voulait dire Eisenstein, il a eu davantage la main sur le montage. Encore qu’il faille nuancer le propos : ses travaux de montage n’étaient pas du goût du pouvoir qui remodela certaines séquences. La patte géniale d’Eisenstein sur La Ligne générale est ainsi entrecoupée par des scènes insérées après coup.