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lundi 6 décembre 2021

Magic (R. Attenborough, 1978)

 



Intéressant film très intimiste de Richard Attenborough qui s’intercale entre des grosses productions (Un pont trop loin et Gandhi). Centré sur un personnage et opérant un resserrement de plus en plus fort autour de lui, le scénario commandait un acteur remarquable : Anthony Hopkins joue parfaitement ce ventriloque qui perd pied peu à peu.
La sècheresse austère de la mise en scène convient très bien au sujet et laisse la part belle aux personnages, avec, au cœur du film, ce duo terrible et maléfique : Corky développe cette relation terrible avec sa marionnette qui devient peu à peu un personnage envahissant – comme un ça freudien, mais organisé et méthodique – et qui le phagocyte progressivement.


samedi 17 avril 2021

Gandhi (R. Attenborough, 1982)



Ce fameux film de Richard Attenborough, s'il fut couvert d'Oscars, laisse un peu sur sa faim. Certes il retrace les grands traits de la vie de Gandhi, certes Ben Kingsley est remarquable dans le rôle-titre, certes le message sur la non-violence, sur la  dignité d'un individu et d'un peuple sont remarquables. Mais, derrière l'hagiographie – qui ne laisse guère de place pour un regard critique sur Gandhi – il ressort bien peu de choses en définitive : à se fixer uniquement sur Gandhi, on ne comprend pas ce qui se passe de ce moment clé de la décolonisation de l'Inde.
Gandhi nous dit qu'un jour les Anglais comprendront qu’ils ne sont pas chez eux en Inde et qu’alors, ils partiront. Et un jour, effectivement, ils partent. Mais on ne comprend pas ce revirement chez les Anglais qui, finalement, acceptent de partir. On aurait voulu voir, à l'image, en scrutant des visages, des atmosphères ou des silences, en montrant la dissonance entre l'Anglais et l'Indou, ce qui se passe chez les Anglais, ce qui les convainc, ce qui les convertit. Mais Attenborough ne s’intéresse pas vraiment à autre chose que son personnage, sur lequel il reste fixé en permanence
et qui n’est même pas un prétexte (à l’exploration de l’Inde, à la décolonisation, à comprendre les rapports humains, etc.) : il n’en a que pour Gandhi.
Et, à ce manque sur l’attitude anglaise, répond un autre manque, tout aussi fondamental, et qui montre combien Attenborough ne fait qu’effleurer son sujet : en début de film, Gandhi, avocat fraichement sorti de l'université de Cambridge, découvre le violent racisme de l'Afrique du Sud. Et il se bat pour la justice mais, s'il le fait, c'est en tant que citoyen britannique, puisque, pour Indien qu'il puisse être, il n'en est pas moins sujet de Sa Majesté et a donc les mêmes droits. Or, quand il retourne en Inde, Gandhi ne se considère plus comme citoyen anglais mais il lutte pour l'indépendance de son pays, déclarant que les Anglais sont étrangers. Ce changement de perspective, que l’on ne comprend guère, aurait été passionnant à suivre, puisqu’il est le miroir du trajet que devront parcourir les Anglais.
On se souvient que, dans La Croisée des destins, le personnage joué par Ava Gardner incarnait l'Inde, avec ses contradictions et ses tiraillements ; ici Gandhi ne représente rien d'autre que Gandhi.
On préfère l’angle de vue que choisit Attenborough dans Cry Freedom, où le personnage central du martyr – Steve Biko – laisse la place au journaliste qui va utiliser cette figure pour dénoncer l’apartheid.
Quand à Ben Kingsley, si sa performance est mémorable, on le redira une nouvelle fois : le mimétisme n'est jamais, pour un acteur, une si grande performance. Imiter un personnage existant, même parfaitement, est toujours plus simple que de le créer.

 

samedi 7 décembre 2019

Cry Freedom (R. Attenborough, 1987)




Tout en restant très académique, Cry Freedom se suit sans déplaisir, offrant un joli rebond après la mort surprenante (puisqu’elle a lieu assez tôt dans le film) de Steve Biko.
Denzel Washington – dont la sobriété de jeu est à remarquer, d’autant plus qu’elle lui fera progressivement défaut à mesure que sa carrière avancera – compose un Steve Biko humble et serein, dont le sort cruel est violemment dénoncé.
Mais, avec une ligne de mire pointée sur Woods (très bon Kevin Kline, au jeu plus complexe qu'il n'y paraît de prime abord) et non sur Biko, Richard Attenborough crée parfaitement une tension avec l’étau qui se referme sur Woods puis avec son évasion rocambolesque.


Attenborough réussit ainsi à construire un récit équilibré qui ne recherche pas l’émotion à tout prix (le film n’est jamais tire-larme, malgré la violence du massacre final, filmé dans toute sa cruauté).
Il faut bien sûr remettre Cry Freedom dans son contexte historique puisque, en 1987, à la sortie du film, l’apartheid sévissait encore. Il fait donc partie de la dénonciation médiatique recherchée par le journaliste Donald Woods (dont le film retrace l’histoire), et, de façon plus large, des pressions de l’occident contre le régime de l’apartheid.
Ainsi, quand bien même il s’agit d’un film partisan – dont on ressent quelques défauts, notamment un certain manichéisme – il n’en a pas la lourdeur fatigante. S’il milite, Richard Attenborough s’en remet d’abord à son talent de narrateur, sans chercher à asséner sans cesse son message.