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samedi 25 juin 2022

Grand Prix (J. Frankenheimer, 1966)

 



Version hollywoodienne du film de course automobile, Grand Prix en a les qualités avec une réalisation solide, une histoire construite avec application autour de plusieurs personnages charismatiques, du suspense, etc. Mais il en a aussi les défauts : le film est trop appliqué, trop policé pour réellement emporter le spectateur. On est en fait à l’exact opposé du film Le Mans de Katzin et McQueen qui, lui, pêche par une narration à peu près absente.
John Frankenheimer filme très bien la vitesse des bolides et il montre très bien combien le pilote, à chaque tour de piste, joue sa vie. On est loin de telles prises de risque aujourd’hui, avec des machines et des circuits largement sécurisés (du moins tant que faire se peut). Mais la folie de ces passionnés un peu dingues apparaît très bien par séquences, même si le film ne se risque pas trop à creuser la question qui ne manque pas de surgir : pourquoi mettre à ce point sa vie en jeu ?




mercredi 13 octobre 2021

Les Cavaliers (The Horsemen de J. Frankenheimer, 1971)




Cette adaptation de l’immense roman de Kessel laisse (forcément) sur sa faim. Malgré deux bons interprètes (Omar Sharif et Jack Palance font un Ouroz et un Toursène convaincants, chacun dans leur style) et malgré des paysages parfois magnifiques (dès le générique), on ne retrouve guère le souffle épique et romanesque du roman, ni le rapport majestueux et dantesque à la Nature, au minéral et aux Dieux inconnus qui façonnent le monde. Mais, si l’on sait John Frankenheimer capable de fulgurances stylistiques (voir sa trilogie de la paranoïa), en revanche il n’est pas du tout un cinéaste de l’épique. Il eût fallu un Ford, un Hawks ou un Kurozawa pour bien filmer une Nature englobante et au-dessus des Hommes. Ou alors, pour une autre relation à la Nature, aller du côté du mysticisme d’un Malick ou d’un Herzog.
Ainsi, malgré quelques bonnes séquences (le Bouzkachi), Frankenheimer, finalement, peine à toucher à travers le parcours pourtant inouï d’Ouroz et a bien du mal à retranscrire ce qui peut se passer à l’intérieur de son crâne et à montrer combien son trajet démentiel le façonnera.




vendredi 1 octobre 2021

Le Prisonnier d'Alcatraz (Birdman of Alcatraz de J. Frankenheimer, 1962)

 



Avec Le Prisonnier d’Alcatraz, John Frankenheimer expose une idée importante qui prend tout son sens dans l’œuvre même du cinéaste. Il faut dire que l’essentiel de Frankenheimer est dans ses films de jeunesse où il a beaucoup à dire, et, ensuite, rattrapé par Hollywood, il ne dira plus grand-chose.
De Seconds aux Gypsy Moths, Frankenheimer traque des personnages qui ne sont pas bien dans leur peau, qui se cherchent, qui s’effondrent sous le quotidien ou la banalité. Et, pour en sortir, les solutions proposées sont toujours radicales. Ici, tout au contraire, et alors qu’il est enfermé dans une cellule à l’isolement, Robert Stroud accepte sa condition : il ne cherche pas à s’évader, il fait avec ce qu’il a (les oiseaux), passant des mois à construire sobrement une cage, avec cette dilatation particulière du temps en prison. Pas de révolte, pas de frustration, mais une concentration sur ce que son univers (les quelques mètres carrés de sa prison) lui propose.


On retrouve un peu le même système de monomanie que le personnage du Joueur d'échecs de Zweig, contraint lui aussi de se concentré infiniment sur un sujet précis pour survivre. On retrouvera le même cheminement (avec la même acceptation du destin) chez le professeur prisonnier de La Femme des sables de Teshigahara.
Stroud, condamné, proscrit, donne donc une leçon de sagesse dont feraient bien de s’inspirer plusieurs des personnages des films suivants de Frankenheimer. Celui-ci propose donc, dès ses premiers films, un tout cohérent avec plusieurs films qui entrent en résonance.


 

vendredi 17 août 2018

Les Parachutistes arrivent (The Gypsy Moths de J. Frankenheimer, 1969)





Après sa trilogie paranoïaque (1), John Frankenheimer change sa caméra d'épaule et modifie considérablement son style. Loin de la flamboyance délirante de Seconds, il filme ici avec beaucoup plus de retenue et de sobriété – et avec même une certaine austérité (la même que l’on retrouvera dans Le Pays de la violence) – l'Amérique provinciale.
Il confronte deux groupes de personnages que tout oppose (un groupe de parachutistes itinérants et un couple de bourgeois sans enfants, guindé et replié sur lui-même). Pourtant, au plus profond d'eux-mêmes, tous ces personnages n'ont plus aucune illusion : leur vie est vide de toute substance.


De façon subtile et réussie, chaque groupe voit dans l'autre ce qu'il n'a pas et ce qu'il désire peut-être (un home pour les uns, une liberté – même illusoire – pour les autres), d'où une gêne et une tension sourde entre eux.
Seul Mike (Burt Lancaster), prend conscience de ce ressort cassé de la vie et, en proposant à Elyzabeth Brandon (Deborah Kerr) de partir avec lui pour qu'ils quittent, tous les deux, leur condition, il tente de sortir de cette illusion de vie. Et si Elyzabeth refuse de partir, Mike, en retour, fera le grand saut et choisit – usant en fait de la minuscule part de liberté qu'il lui reste – de ne pas ouvrir son parachute.


L'interprétation, variée, est excellente, depuis Deborah Kerr vieillissante, à Gene Hackman débonnaire en passant bien sûr par un Burt Lancaster au regard voilé.
Les séquences de voltige très réussies renvoient à La Ronde de l'aube de Sirk où, là aussi, l'existence remplie par les acrobaties aériennes cachait un vide sombre et désenchanté.



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(1) : Un crime dans la tête en 1962, Sept jours en mai en 1964 et Seconds (L’Opération diabolique) en 1966.

mardi 17 mars 2015

Le Train (J. Frankenheimer et B. Farrel, 1964)




Bon film d’action, solide, avec de nombreuses scènes qui sont de véritables moments de bravoure. On retrouve un peu l’état d’esprit de La Bataille du rail, où tous les cheminots sont complices pour faire échouer le projet des Allemands d'acheminer vers Berlin les tableaux des grands maîtres impressionnistes. Mais le film s’attache davantage au spectaculaire qu’à ses personnages. Il y a bien peu d’affects et le choix de Lancaster est discutable : s’il est très bien en homme d’action, il fait beaucoup trop américain et il est peu crédible en cheminot français (surtout qu’il croise, au milieu de nombreux acteurs et figurants français, Michel Simon…).
C’est un peu dommage que les personnages ne soient pas davantage épaissis parce que cette idée du cheminot qui n’entend rien à l’art mais qui s’acharne à bloquer un convoi emportant des chefs-d’œuvre impressionnistes est très bonne. D’autant plus que le colonel allemand, d’une tout autre classe sociale, reconnait ces tableaux comme autant de chefs-d’œuvre. Mais l’affrontement entre les deux hommes n’est guère sur ce plan.

lundi 16 décembre 2013

L'Opération diabolique (Seconds de J. Frankenheimer, 1966)




Incroyable film de John Frankenheimer, qui vient prendre place aux côtés de Un crime dans la tête et de Sept jours en mai, dans une série de films complotistes ou paranoïaques.
Après un incroyable générique, Frankenheimer tire à boulets rouges sur l’American way of life en filmant la vie moyenne d’Arthur Hamilton comme un cauchemar. Son petit train-train de métro-boulot-dodo est filmé de façon épouvantable, comme un supplice, avec un Frankenheimer qui s’en donne à cœur joie avec des gros plans outrés sur le visage d’Hamilton suant à grosses gouttes, soucieux et écrasé.


Le film, qui ne dévoile que très progressivement ses cartes, passionne et on suit, perplexe, le parcours d’Hamilton, à travers les carcasses de la boucherie, puis dans son rêve  distordu, puis dans cet étrange bureau. La suite, à l’accent faustien, continue de distiller un malaise d’autant plus grand que l’on perçoit tout ce qui se déroule au même niveau que Hamilton, bringuebalé et pris dans un engrenage qui le dépasse.
Frankenheimer, ensuite, continue de faire feu de tout bois : son idée de changer d’acteur pour représenter le même personnage est géniale (même si elle est très risquée, car l’identification des personnages à l’acteur qui les représente est très forte). Mais il n’hésite pas et pousse son idée jusqu’au bout puisqu’à John Randolph, acteur rond, sans grande saveur, il substitue rien moins que Rock Hudson.


Le film est alors comme plié en deux puisqu’une seconde vie s’offre à Hamilton qui change de visage, de nom, de métier, de lieu de vie. C’est une vie de rêve qui lui est offerte : il ressemble à Rock Hudson, est aisé, vit de sa passion (la peinture), dans une maison au bord de la mer, avec un serviteur obséquieux. Et Frankenheimer, impitoyablement, poursuit son pilonnage : cette seconde vie, celle dont on rêve, celle que l’on s’imagine que l’on aurait pu faire, se révèle, nous dit Frankenheimer, pire que l’autre.
Hamilton, plutôt que banquier moyen voulait être peintre ? Il se révèle nul en peinture et n’arrive à rien. L’ironie grinçante fait mouche et, très vite, la vie devient invivable.
La seule séquence alors, de tout le film, qui est filmée de façon douce et touchante, apaisée, est celle où Hamilton, sous ses nouveaux traits, vient rendre visite à son ancienne femme. Las, il n’y a plus rien à sauver et la fin, notamment la dernière séquence, scénaristiquement implacable, est glaçante.


mardi 12 novembre 2013

Sept jours en mai (Seven Days in May de J. Frankenheimer, 1964)




Bon film de Frankenheimer, qui déploie avec habileté un complot visant à renverser la présidence des États-Unis. Loin du manichéisme, le scénario fait hésiter longtemps le spectateur, en s’appuyant sur deux intégrités d’acteurs (Burt Lancaster et Kirk Douglas, dont les personnages, d’abord côte à côte, se retrouvent progressivement face à face) qui s’opposent à la personnalité retorse du président.
Frankenheimer, d’abord dans Un crime dans la tête, puis ici, avec 7 jours en mai, lance avant l’heure la mode des films de complot, mode qui fera florès 10 ans plus tard à partir du Watergate (avec par exemple À cause d’un assassinat ou Les Hommes du président de Alan Pakula ou Les Trois jours du Condor de Sidney Pollack).


vendredi 30 août 2013

Le Pays de la violence (I Walk the Line de J. Frankenheimer, 1970)




Intéressant film de Frankenheimer, différent des films brillants qu’il a pu faire dans les années 60 (son style s’est maintenant très assagi) et bien plus intéressant que nombre de films qu’il fera plus tard. A partir d’un ressort classique (un sheriff entre deux âges happé par le charme d’une jeune fille qui fait partie d’une famille de trafiquants), le film distille un malaise constant.
On voit très vite et très nettement ce que le sheriff Tawes (impeccable Gregory Peck) ne voit pas : Alma, la jeune fille pimpante, est un appât destiné à le corrompre. Le film, alors, resserre peu à peu son étreinte, à mesure que Tawes s’illusionne, et il se dirige fatalement vers une issue tragique et déchirante.
Frankenheimer dresse un portrait d’une bourgade perdue, qui est comme une face cachée que l’Amérique n’aime pas voir, Amérique repliée sur elle-même, emplie de vieux, où la vie s’est arrêtée et qui s’accroche à des baraques de tôles et des distilleries clandestines. La voix mélancolique de Johnny Cash enveloppe tout cela d’une nostalgie triste et désespérée.



On notera que le titre original (I Walk the Line) est bien plus pertinent que celui proposé en français : le franchissement de ligne jaune qu’il évoque correspond tout à fait aux tiraillements de Tawes, coincé entre le poids de cette vie minable et sa tentation de tout plaquer pour partir avec Alma.

mercredi 3 juillet 2013

Un crime dans la tête (The Manchurian Candidate de J. Frankenheimer, 1962)



Un crime dans la tête The mandchurian candidate Affiche Poster

Film très original, extravagant même dans son scénario, mais tout à fait réussi. La première demi-heure, en particulier, propose un traitement parfait du mélange rêve-réalité qui donne un ensemble baroque étonnant.
Le film fait partie de la trilogie de la paranoïa de Frankenheimer (avec Sept jours en mai et Seconds). Ces films, emboîtant le pas de Psychose, parlent de schizophrénies, d'univers mental délirant, de complots étranges. Dans Un crime dans la tête, cet univers incertain a des ricochets à l'échelle nationale.

C’est, par ailleurs, un film typique de la guerre froide, opposant frontalement Russes et Américains, communistes et anti-communistes. C’est en cela qu’il est assez daté. Pour le reste cette robotisation d’un homme est tout à fait actuelle et pertinente : le film est passionnant. La trame mêle à la fois les indices qui permettent de démonter pas à pas le lavage de cerveau et le déroulement du plan pour lequel ce lavage de cerveau a été prévu. Il n’y a que la toute fin qui est un peu trop prévisible. Franck Sinatra et Laurence Harvey sont très bien, Janet Leigh (dans un rôle secondaire) est très jolie.


A noter que le film, réalisé en 1962, anticipe incroyablement l'assassinat de Kennedy, à tel point qu'il a été déprogrammé lors de sa sortie car trop dérangeant. On a là un exemple étonnant de ces films qui sentent venir l'air du temps en proposant des thématiques ou des images qui seront au cœur du cinéma quelques années plus tard.