lundi 30 août 2021

Le Témoin à abattre (La Polizia incrimina la legge assolve de E. G. Castellari, 1973)

 



Bon polar italien, très typique des années 70 où, à la noirceur du scénario, répond la mise en scène très rythmée et assez stylisée de Enzo G. Castellari, qui prend le spectateur et ne le lâche plus.
Parfaite expression cinématographique des années de plomb, le film est très violent, sans concession et porte un regard très dur sur les guerres de la drogue et sur l’état de la société italienne. On retiendra aussi de ce Témoin à abattre Franco Néro, alors en pleine gloire et qui passe sans cesse du polar au western.



samedi 28 août 2021

J'étais une aventurière (R. Bernard, 1938)





Magnifique joyau du cinéma français, J’étais une aventurière est de ces comédies légères, délicieuses, et avec ce goût de préciosité que le genre a perdu depuis longtemps. Bien sûr on pense à Lubitsch : on a là une version française (en moins parfaite bien sûr, mais tout de même) de Trouble in Paradise. Avec Edwige Feuillère au cœur de l’intrigue, le film déploie raffinement et élégance, avec toujours ce second degré pétillant, autour de ces escrocs mondains qui mènent leur petite affaire au milieu des grands hôtels et autres casinos.
Et l’on ne peut retenir un soupir de triste nostalgie en voyant ce que fut le cinéma français et en constatant ce qu’il est aujourd’hui…

 



lundi 23 août 2021

Amour (M. Haneke, 2012)

 



Michael Haneke, le chantre de la culpabilisation du spectateur par la violence, semble surprendre en scrutant les derniers moments d’un vieux couple. Mais, s’il délaisse ses habituelles images de violence, il garde toujours le même principe, en guidant violemment et émotionnellement, sans guère laisser de choix au spectateur. Tout, ici, est symbolique – depuis la vieillesse jusqu’à l’arrivée de la mort –, rien n’échappe à l’étau du réalisateur. C’est bien là une marque de sa manière de faire, bien fatigante à dire vrai.
Mais, au-delà du dévouement de George pour Anne, c’est l’enfermement progressif qui est bien rendu, avec seulement les rêves pour s’extraire de ce monde qui se recroqueville petit à petit (mais où même les cauchemars, bientôt, continuent de confiner George).

L’âge des acteurs, de même que leur notoriété, sans doute, est un élément clé du film. Trintignant est devenu un vieillard et Emmanuelle Riva, que l’on avait longtemps perdue de vue et n’avait bien souvent que des petits rôles, réapparaît soudain, en vieillard elle aussi, après tant d’années.


 

vendredi 20 août 2021

Midsommar (A. Aster, 2019)



Revisite du Wicker Man de Hardy, Midsommar, hormis quelques aplats de couleurs dans les paysages ouverts de Suède, apporte peu. On comprend très vite où le film veut en venir, avec l’horreur qui finit par s’étendre sur les protagonistes.
Le spectateur risque de trouver bien long à la détente la bande d’amis qui se fait piéger et, quand celle-ci comprend ce qui se trame, il est trop tard. Mais il y a là sans doute un problème de narration puisque le spectateur est bien mieux informé que les personnages du film et, du coup, la tension baisse considérablement (sans compter que les amis piégés semblent bien naïfs) : on se demande juste à quelle sauce ils seront mangés, sans que l’on doute qu’ils y passent tous les uns après les autres, selon l’habitude classique et morne des films d’horreur. Ari Aster aurait pu se souvenir que, dans The Wicker Man, Robin Hardy, plus habilement, nous faisait découvrir les tenants et aboutissants en même temps que l’enquêteur, ce qui lui permettait de nous manipuler à souhait et de créer une tension croissante.


mercredi 18 août 2021

Godzilla vs Kong (A. Wingard, 2021)

 

Godzilla vs Kong n'est qu'un lamentable produit industriel. Il ne propose qu'une bouillie d’images accrochées à un scénario qui tente d’utiliser le prestige cinématographique des deux monstres Godzilla et King Kong, comme cela a déjà été fait par le passé, dans King Kong contre Godzilla en 1962, quand Honda surfait sur le succès foudroyant de sa bestiole après le film fondateur de 1954.
On décroche très vite devant la bêtise du scénario et devant un déluge d’action qui n’a aucun sens. Voilà un énième blockbuster boursouflé et crétin : l’exploitation ad nauseam des filons fait décidément bien du tort au cinéma.


 

lundi 16 août 2021

Le Choix de Sophie (Sophie's Choice de A. J. Pakula, 1982)

 

Si Le Choix de Sophie a eu une certaine résonance lors de sa sortie, le film, pourtant, est assez inégal : certaines séquences sont un peu forcées (dans les camps notamment, à l’exception de la scène clé, réussie), d’autres perdent le rythme. De la même manière la distribution est inégale.
Mais, bien sûr, trônant loin au-dessus des autres acteurs, Meryl Streep, dans un rôle difficile, est exceptionnelle. Elle livre ici une partition où elle montre toute la richesse de sa palette, avec son accent, sa façon de passer du rire aux larmes, de s’éteindre lorsque le passé lui revient, d’être enjouée ou touchante, tantôt légère, tantôt un peu folle et aux marges du monde, tantôt happée par le malheur. On ressent rarement cette impression d’avoir un acteur très au-dessus du reste du film (qui a des qualités, certes, mais avec trop de pathos, trop d’irrégularités, trop de longueurs).
Cela dit, le film reste très prenant, tant l’histoire vécue par Sophie – et que l’on cerne au fur et à mesure – est terrible.



samedi 14 août 2021

Comment je suis devenu super-héros (D. Attal, 2021)

 

Comment je suis devenu super-héros, en un sens, est assez expérimental : il tente une greffe improbable, celle de l’univers typiquement américain des super-héros avec celui de l’univers de polar français. En ce sens le film est assez réussi puisque le jeu sur les super pouvoirs passe bien, à mi-chemin de la série des X-Men – avec ces humains aux pouvoirs particuliers et des Indestructibles – avec ces super-héros en marge et sur le déclin. On regrette, en revanche, que cette greffe américaine se fasse sur des rameaux très fades : le film reprend les poncifs laborieux et conventionnels de ce que les séries télé policières françaises donnent à voir, avec ses commissariats, ses flics sans saveur, ses femmes-flics énergiques, toute une imagerie vue trop souvent. L’ensemble, alors, malgré quelques bonnes idées (et un Benoît Poelvoorde bienvenu) est assez quelconque et tire davantage du côté du téléfilm que de la puissance du cinéma.