Affichage des articles dont le libellé est Vidor King. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Vidor King. Afficher tous les articles

samedi 6 février 2016

Le Rebelle (The Fountainhead de K. Vidor, 1949)




Important film de King Vidor, qui permet de mesurer l’écart parcouru par le cinéaste durant sa carrière : alors qu’il a mis en avant dans de nombreux films l’importance de la communauté, des humbles gens, de la complémentarité entre les talents de chacun (par exemple dans La Foule ou Notre pain quotidien), il délivre ici un hymne au génie individuel, devant lequel la foule n’a qu’à s’incliner. Dans Le Rebellel’esprit libre, individuel, s’exprime au travers de sa création.


Le style de Vidor éclate dans le film : les décors sont expressionnistes, les jeux de plongé-contre-plongés sont accentués, tous les traits de style sont appuyés. Les métaphores sont nettes et sans fioritures (la séquence dans la carrière, par exemple, avec Patricia Neal qui peine à se retenir devant Gary Cooper en sueur en train de manier son marteau-piqueur). Ce style si caractéristique (qu’on retrouve dans le jeu très marqué de Patricia Neal) a sans doute vieilli aujourd’hui mais il est un mélange de la volonté très forte d’appuyer le trait de la part de Vidor et de la bride forcée qui enserre Hollywood.
Gary Cooper reste lui fidèle à son jeu habituel, tout en intériorité. Il reste laconique dans le film, hormis l'étonnante tirade lors de son procès, extrêmement longue, et qui résume la pensée profonde du réalisateur.

Si l’architecte Frank Lloyd Wright inspire le personnage de Howard Roark, la part d’autobiographie entre Roark et Vidor est manifeste : lui qui a si souvent été bridé par les studios, lui qui, aussi, ne doute pas une seconde de son très grand génie, a mis beaucoup de lui-même dans cet architecte qui refuse aux promoteurs la moindre concession et devant lequel le monde ne peut que s’agenouiller.

L’image finale, avec la contre-plongée délirante de Roark en haut de son building, est remarquable.


mercredi 6 janvier 2016

Guerre et paix (War and Peace de K. Vidor, 1956)




Le film et vraiment très hollywoodien, il fait très studio. Il se veut ample et lyrique mais il reste trop lisse et vide. Quelques séquences sont réussies et ont un certain souffle (la retraite de Russie) mais il est sidérant de ne pas parvenir à épaissir réellement ne serait-ce qu’un personnage (excepté Koutouzov peut-être) en ayant comme point de départ le foisonnant du roman de Tolstoï.
L’une des compositions les plus fades de Henry Fonda, rejoint en cela par la plupart des autres acteurs. Certes Audrey Hepburn est toute pimpante en Natasha, mais ça ne fait pas tout.

mardi 13 mai 2014

La Furie du désir (Ruby Gentry de K. Vidor, 1952)




Film reconnu de King Vidor mais qui a assez mal vieilli. Jennifer Jones exprimait peut-être la sensuelle torride dans les années 50, mais, qu’il s’agisse de ce film ou de Duel au soleil (où l’actrice a, peu ou prou, le même rôle scénaristique), elle surjoue de façon assez pénible. C'est un peu dommage, le film reposant en grande partie sur le désir qu'elle est censée provoquer.
L'histoire raconte en effet l’irrépressible désir entre Ruby (Jennifer Jones) et Boake (Charlton Heston), leurs heurts, leurs réconciliations, leurs vengeances. Ruby finit par ruiner Boake, celui-ci veut la tuer mais ils finissent enlacés.
Reste une belle critique du puritanisme social et des commérages dans une petite ville et un final dans les marécages très réussi.

lundi 6 janvier 2014

Le Grand passage (Northwest Passage de K. Vidor, 1940)




Bon film de King Vidor, organisé autour de la personnalité du major Rodgers, incarné par un très bon Spencer Tracy. Au fur et à mesure de l'avancée de sa troupe, le major est sans cesse plus dur et on sent que Vidor aurait pu le pousser plus loin encore avant, dans un dernier moment trop hollywoodien, de le réhabiliter complètement. Ce personnage est un premier revirement dans les idées de Vidor, qui, après des films à la gloire de la communauté (de La Foule à Notre pain quotidien), glisse vers des films plus individualistes. Il ira ainsi jusqu’au Rebelle, où il prendra le parti du génie seul face au peuple.
Le film est très réussi dans son jusqu’au-boutisme (qu’on retrouvera par exemple dans Les Maraudeurs attaquent de Fuller), avec des hommes sans cesse repoussés au-delà de leurs limites physiques et morales.
On notera plusieurs morceaux de bravoure, comme la traversée de marécages, la chaîne humaine en travers de la rivière ou les barques emportées dans la montagne pour contourner l’ennemi (Fizcarraldo de Herzog en proposera une version XXL).
Le film était organisé comme une première partie qu’un deuxième opus devait compléter, mais les producteurs de la MGM en décidèrent autrement.


vendredi 27 décembre 2013

Notre pain quotidien (Our Daily Bread de K. Vidor, 1934)




Grand classique de King Vidor, qui est un hymne à la force de la communauté unie, dans laquelle chacun, par ses qualités et ses compétences propres, amène une pierre à l’édifice. L’idée d’un tout supérieur à la somme des parties est très bien exprimée ici.
Vidor choisit ici de se concentrer sur la culture de la Terre, en plein exode rural durant la Grande dépression. Il peint avec beaucoup d’humanité les personnages, n’hésitant pas à montrer leur désarroi et leurs doutes. Et il faut une magnifique séquence de creusement de la tranchée, depuis le puits jusqu’au champ, plein d’élan et de rythme, tous à l’unisson, pour mener à bien l’entreprise.


samedi 26 octobre 2013

La Foule (The Crowd de K. Vidor, 1928)




Très bon film de King Vidor, qui propose un héros bien loin des modèles habituels d’Hollywood. En effet, même s’il ne doute pas qu’il aura sa chance et qu’il pourra la saisir, John Sims est un looser et il ne s’élève jamais au-dessus de sa condition d’employé de base. Même son ami lourdeau Bert progresse pas à pas dans l’entreprise. On suit alors la trajectoire d’un homme ordinaire, dans des tracas et des inquiétudes qu’évitent les héros des films. Mais le malheur frappe John et sa petite famille, il passe alors d’un job à l’autre mais cela ne mène à rien. Il n’a même pas le courage de se suicider.
Bien loin des standards habituels, Vidor donne donc une version particulièrement acide du rêve américain : rien ne permettra à John de s’extraire de la foule des anonymes et de se particulariser.



La fin du film pose problème puisque Vidor propose un happy end un peu artificiel qui contraste avec la fin tragique vers laquelle se dirigeait le film (mais Vidor a tourné plusieurs fins et celle proposée finalement n’est pas la plus sombre). Mais même cette fin ne permet pas plus que ça d'espérer des jours heureux pour le couple.



On ne saurait trouver plus d’écart dans une œuvre entre ce film et Le Rebelle, qui viendrait quelques vingt ans plus tard, dans lequel Vidor, tout au contraire, magnifie la réalisation personnelle et le génie individuel.

jeudi 20 juin 2013

La Grande parade (The Big Parade de K. Vidor, 1925)




Ce très grand film de King Vidor porte un regard acéré sur la guerre, décrite à la fois comme une tragédie, mais aussi comme le réceptacle des émotions et des aventures humaines.
Vidor prend le temps de construire ses personnages : la première partie de la séquence de guerre, qui s’apparente à la vie de garnison, est clairement comique (le personnage de Slim tient du burlesque) même si l’amour naissant entre James et Mélisande épaissit les personnages, leur faisant perdre la superficialité qu’ils avaient tout d’abord.
La force du film, ensuite, quand les troupes partent au front, est de changer de ton radicalement. Les adieux entre Mélisande et Jim, déchirants et disproportionnés, annoncent la fin : Mélisande s’agrippe à la jambe que perdra Jim. Jim, ensuite, lui lance la chaussure droite, comme une annonce de ce qu’ils se retrouveront et qu’alors, elle pourra rendre la chaussure, la seule, désormais, dont il aura besoin.


La puissance des scènes de combat provient de la confrontation entre leur violence et les personnages comiques. Si Chaplin envoie Charlot dans les tranchées, il ne meurt pas pour autant. Ici Slim meurt sous les coups des balles ennemies, sans que James ne puisse le sauver à temps. Le tragique est renforcé par un effet purement cinématographique : Slim l’ouvrier burlesque n’a pas sa place dans les tranchées, sous les bombes ennemies. Il y meurt pourtant.


L’évolution du personnage de James est incroyable : de riche fils oisif et peu concerné, il se lie d’amitié au régiment avec des hommes du peuple (qu’il n’aurait par ailleurs jamais côtoyés) et développe un amour sincère et puissant pour la jeune paysanne, bien loin de la superficialité de son premier engagement.
La fin, qui voit les amoureux se retrouver, annonce, par son lyrisme, les chefs-d’œuvre de Frank Borzage. Et, précisément, on retrouvera dans L’Isolé, lorsque Tim, paralytique, reprend pied pour courir jusqu’à sa bien-aimée, une évocation de James qui clopine maladroitement en haut de la colline.