samedi 31 janvier 2015

Lacombe Lucien (L. Malle, 1974)




Film remarquable et iconoclaste dans l’approche des thèmes traités. Louis Malle choisit un personnage principal guère sympathique, qui est rustre, peu intelligent, sans culture : comme il erre sans but  et sans idée, il se raccroche à ce qu'il trouve et parvient à en tirer profit. La collaboration, alors, lui donne ce que le maquis lui a refusé : une considération, une importance, de beaux habits, de l'action, des passe-droits. Tout ce que l'on veut sauf, bien sûr, une conviction profonde ou un quelconque antisémistisme. Mais cela lui va très bien. Il en vient alors à trahir des proches (l'instituteur, qui sera bientôt torturé) sans se rendre compte.
En pleine seconde guerre, suivre ainsi la destinée d'un collabo est une vraie réussite et pousse à penser cette période beaucoup plus puissamment qu’en suivant des résistants. La différence (montrée ici comme terriblement ténue) entre le résistant et le collabo est d'ailleurs explorée (on pense aux premières séquences d’Une vie difficile) : Lucien voulait être résistant, il sera collabo, voilà tout.
Lacombe Lucien est ainsi un des grands films qui traite de résistance ou de collaboration, période qui n'est pas souvent bien traitée par le cinéma. Si l'on pense bien sûr à L'Armée des ombres ou encore à Un homme de trop, ce sont souvent des films moins pertinents ou assez caricaturaux qui sont réalisés. Bien loin du propos complexe et dérangeant de Lacombe Lucien.   


jeudi 29 janvier 2015

L'Hypothèse du tableau volé (R. Ruiz, 1979)




Le film est une longue discussion, très savante, construite autour d’un narrateur qui décrit et explore les méandres intellectuels qui naissent d’une série de tableaux d’abord présentés puis illustrés à l’image. Le narrateur et le collectionneur accompagnent le spectateur et provoquent mille interrogations, en ayant bien conscience que tout n’est qu’hypothèses et interrogations et en incitant à poursuivre les réflexions.
Le cœur du film est dans la présentation d’une série de tableaux reliés les uns aux autres et dont l’un d’eux manque. Les liens qui permettent de passer de l’un à l’autre (ici un rayon lumineux, là un miroir), permettent de proposer des  hypothèses sur le tableau manquant. Et, au-delà de la série interrompue par le vol d’un des tableaux et du scandale de l’histoire montrée par les tableaux, c’est l’utilisation de la parole comme outil pour mieux voir qui est au centre du film.


Le film, alors, brillant dans ses développements mais ardu et érudit, joue avec les liens et les manques, avec les symboles et les figurations. Et le spectateur, en fin de film, choyé par les voix qui l’incitent à penser, est laissé à ses méditations, lorsque le collectionneur le raccompagne à la porte.

mercredi 28 janvier 2015

Exodus : Gods and Kings (R. Scott, 2014)




Grosse machine qui ne manque ni de moyens ni de stars, mais qui ne mène à peu près nulle part. Ridley Scott, Christian Bale & Co cachetonnent et déroulent un film sans âme, hollywoodien dans le sens le plus navrant du terme.

lundi 26 janvier 2015

L'Assassinat de Kennedy (A. Zapruder, 1963)




Ce documentaire très court (26,6 secondes) et extrêmement célèbre est le film le plus commenté et le plus disséqué du cinéma (chacun des 486 photogrammes a été analysé cent fois). Filmé in situ par A. Zapruder avec sa caméra personnelle, il montre le moment où le président Kennedy, défilant à Dallas, est assassiné, ce qui constitue à l’époque un document exceptionnel (quand on sait qu’aujourd’hui il aurait été filmé cent fois sous de multiples angles).

Le film a deux intérêts principaux liés au cinéma (laissons de côté son apport quant à l’assassinat de Kennedy).
Le premier est la violence des images. En 1963, le code Hays est encore en vigueur et il est tout à fait inconcevable de filmer des images d’une telle violence. Le film montre en effet le crâne du président éclater sous l’impact d’une balle. Même si cette partie du film est restée longtemps censurée, elle montre le décalage entre ce que montre le cinéma d’Hollywood à l'époque et la réalité. Ce film, avec d’autres images de la réalité (par exemple le massacre de My Lai en 1968 rapporté du Vietnam), a fait prendre conscience progressivement du gap entre film et réalité et a contribué à abolir le code de censure.

Le second apport du film est encore plus décisif : il remet à plat l’idée pourtant intuitive de la preuve par l’image. Le film, en effet, ne permet pas de trancher quant à la présence d'un ou plusieurs tireurs. J.- B. Thoret le dit très bien : « ce film spectaculaire censé détenir la vérité d’un événement a porté un coup fatal au principe de transparence sur lequel était fondé le cinéma hollywoodien classique. […] Auparavant, il suffisait de voir pour savoir et la vérité apparaissait dans l’image elle-même. Le film de Zapruder, lui, montrait tout mais n’expliquait rien. On pouvait donc voir sans comprendre. »



L’influence de ce film est immense dans le cinéma (de même bien sûr que l’assassinat en lui-même). On ne compte plus les films qui mettent en scène un sniper qui veut abattre sa cible à distance. On voit aussi de nombreuses scènes directement inspirées du film de Zapruder (par exemple dans Bonnie & Clyde d'A. Penn).

samedi 24 janvier 2015

Rambo (First blood de T. Kotcheff, 1982)




Ce premier film mettant en scène Rambo est loin d’être mauvais. On a tendance à l'oublier parce qu'il a enfanté des suites qui sont devenues des caricatures de ce que le cinéma commercial américain peut faire de plus affligeant.
Mais ce premier opus tient la route. Bien sûr on n’échappe pas aux caricatures. Le pauvre Rambo n’a pas de chance d'être mis entre les mains d'un policier qui est un abruti fini et violent (dommage pour Rambo, mais heureusement pour le scénario : voilà Rambo énervé !). Le personnage du shérif est plus intéressant et aurait mérité d'être creusé un peu : s’il ne veut pas de Rambo dans sa ville, nous dit-il, c’est à la demande des citoyens qui ne veulent pas d'étrangers dans leur petit patelin. L’intéressante question de savoir comment les vétérans du Vietnam (ou de tout autre conflit) peuvent réintégrer la société passe vite à la trappe. A tel point qu’on n’en sait rien en fait : on ne voit jamais Rambo croiser un concitoyen ; on comprend juste que, d’après le shérif, il n’est pas bienvenu. Certes mais c'est un peu court : l'évocation d’une Amérique conformiste qui n’aime pas l’étranger est donc on ne peut plus légère.
Mais, comme Rambo s’est échappé, toute réflexion est vite hors de propos : il faut rattraper le fauve. On tombe alors dans le film d’action, certes efficace, mais typique des années 80, avec Rambo qui se camoufle, qui se recoud, qui chasse, bref qui survit avant de contre-attaquer et de tout démolir.

C’est dommage car le film promettait davantage, en abordant le retour des vétérans dans l’Amérique et la façon dont la société les considère. Rambo s’inscrit alors complètement dans la lignée du Voyage au bout de l’enfer, sur la plaie vive qu’est le Vietnam (le film, en ce sens, est davantage un film de la fin des années 70 qu’un film des années 80, bien qu’il date de 1982) ou même de Capitaine Conan sur ces soldats qui sont de véritables machines de guerre complètement asociales et ingérables une fois le conflit terminé (et qui rouillent comme un char au fond du jardin, nous dit Conan). 


Rambo représente aussi une belle image du héros qui revient de la Frontière, qui y a affronté la sauvagerie, et qui ramène avec lui une part de sauvagerie, qui ne cessera de le hanter. Si sa puissance de frappe submerge tout dans un espace de Frontière (la forêt est son royaume comme l'apprennent le shérif et ses hommes) il est contraint, par ailleurs, de vivre à l'écart de la société des hommes civilisés. Il est ainsi une évocation moderne, transposé dans une Amérique des années post-Vietnam, d'Ethan Edwards, dont la connaissance de la Frontière lui permet de retrouver Debbie mais l'oblige à repartir, ne pouvant rester dans la civilisation. Rambo, lui non plus, ne saurait se civiliser normalement : ensauvagé (indianisé, même, avec son look ou ses techniques de chasse) il est par définition marginal.

Après Rocky, Sylvester Stallone s’offre un second personnage qui déborde largement le cinéma pour s’installer dans l’imagerie américaine populaire. On sait combien l’aura du personnage est phénoménale, à tel point que des guérilleros prendront le look de Rambo (bandeau, débardeur).

Les suites affligeantes (à commencer par Rambo 2), illustrent simplement l'exploitation de filons par les producteurs : le but est de gagner de l'argent, avec une totale indifférence sur la qualité des films, leur vraisemblance ou encore sur leur symbolique (en pleine Amérique reaganienne, voilà une image bien caricaturale de l'Amérique impérialiste et guerrière).

jeudi 22 janvier 2015

Iron Man (J. Favreau, 2008)




De tous les super-héros de l'univers Marvel adaptés à l'écran, celui mis en scène par J. Favreau est sans doute le plus décontracté et le plus attachant ; la performance de Robert Downey Jr. dans le rôle phare de Tony Stark y étant pour beaucoup. Le personnage qu'il joue est certes un héros de cinéma très gratifiant mais il le fait avec un détachement qui convient très bien.
J. Favreau compose un film solide, monocentré (seul un personnage semble retenir réellement son attention, pas même celui du méchant – il a pourtant l'excellent Jeff Bridges à portée de main), s'attachant à développer l'interaction entre Stark et son armure.
En ce sens (celui de la relation entre les personnages) le film fait assez faux et superficiel. Mais l'ego de Tony Stark est contrebalancé par le ton du personnage. Avec ce détachement, cette vision ironique des choses (ironie qui ne cache pas que Stark est un homme seul, que c'est avec une machine qu'il s'entend le mieux et qu'il s'affuble d'une armure qui fait de lui une machine), le film est plaisant à regarder.

Les suites se heurteront au problème essentiel auquel sont confrontés tous les super-héros : celui de trouver à chaque film un méchant à sa mesure et qui, à chaque fois, est plus terrible encore que les précédents. C'est ainsi que si ce premier opus passe beaucoup de temps à la conception et à la réalisation de son super-exosquelette (avec la bonne idée d'une pré-réalisation avec les moyens du bord dans une grotte afghane), le suivant le dédouble (ils sont deux, côte à côte, à se battre) et le troisième le démultiplie de façon étonnamment insipide. En parallèle Favreau tente d'épaissir un peu son personnage (pour en faire un peu plus qu'un génie facile et ironique) : on voit là que ce n'est pas son truc et qu'il est plus à l'aise dans l'orchestration de combats entre machines.

lundi 19 janvier 2015

Marqué par la haine (Somebody up there likes me de R. Wise, 1956)



Marqué par la haine Paul Newman Robert Wise

Histoire classique, qui emmène vers un happy-end historique (il s’agit d’une adaptation à partir d’une histoire vraie) mais un peu forcé.
Ce qui est intéressant dans ce film de boxe c’est le lien qui est fait entre le tempérament et la qualité de boxeur de Rocky (déjà !) Graziano. L’un et l’autre sont tout à fait liés. Son punch et sa volonté de massacrer l’adversaire sur le ring lui viennent de sa colère noire issue de son père, issue des rues. C’est sa vengeance qu’il porte avec lui, dans ses poings. La boxe lui permet alors d’exprimer sa rage et de convertir de façon positive un instinct qui jusqu’alors l’avait détruit (en cognant à tort et à travers).
On est loin des meilleurs films sur le thème (Gentleman Jim, Nous avons gagné ce soir, Fat City...) mais Paul Newman, pour son premier grand succès, est très bon. Son jeu très expressif passe très bien pour son personnage écorché, perdu, qui fait ce qu’il peut avec le peu qu’il a.
L’histoire sera reprise vingt ans plus tard par Sylvester Stallone dans Rocky : un petit boxeur des rues qui affronte un champion du monde, une femme qui n’aime pas la boxe mais comprend qu’elle est sa seule chance, un entraîneur qui sent les choses, etc.
En revanche la carrure de Stallone tranche : c’est intéressant de voir le nombre d’acteurs qui ont endossé les gants le temps d’un film sans avoir un physique particulièrement puissant ou musclé (Errol Flynn, Robert Ryan, Paul Newman, Alain Delon, Robert De Niro…) et qui sont loin des carrures auxquelles les années 90 nous ont habitués (Sylvester Stallone, Dolph Lundgren…). Et les choses vont plus loin encore aujourd’hui, le moindre acteur américain qui n’a pas un rôle franchement sentimental ou comique se devant d’avoir un corps sculpté impeccablement…

Marqué par la haine Paul Newman Robert Wise

dimanche 18 janvier 2015

Lucy (L. Besson, 2014)




Ouf, voilà un film qui atteint certains abysses de bêtise. Il faut se faire violence pour aller au bout. Et le plus navrant : le film est un succès (plus de 5 millions d'entrées en France...).
Simple question : que doivent penser les producteurs des pauvres spectateurs qui auront payé pour voir pareil spectacle ?


mardi 13 janvier 2015

Le Convoi de la peur (Sorcerer de W. Friedkin, 1977)




Le Convoi de la peur, dont on parle parfois comme d’un chef-d’œuvre méconnu, est un remake assez décevant du Salaire de la peur. Le film est réalisé alors que Willima Friedkin est au sommet de sa gloire : adoubé par la critique (avec French Connection) puis par le public (avec L'Exorciste), il a d'énormes moyens et une carte blanche de la part des studios. Las, Friedkin gaspille beaucoup d'idées, d'argent, revoit son casting sans cesse et, au bout du compte, le film déçoit.
Néanmoins, tout en gardant le grand principe d’une équipée quasi-suicidaire à transporter de la nitroglycérine, la bonne idée du film est d’avoir déplacé l’action d’une région aride et escarpée vers une jungle étouffante. Le tournage fut d'ailleurs en lui-même une aventure invraisemblable et une épreuve pour les acteurs et les techniciens (un peu comme le furent Aguirre ou Fitzcarraldo pour Herzog). La réussite du film est dans la façon dont Friedkin ne laisse subsister aucun doute quant à l'issue de la mission : les quatre personnages, dans un sens, sont déjà morts. Ce sont des morts qui filent vers leur destin.
On retient aussi quelques bonnes séquences dont celle, incroyablement aventureuse, de la traversée du pont.


dimanche 11 janvier 2015

Peter Ibbetson (H. Hathaway, 1935)



Peter Ibbetson Affiche Poster

Très beau film, très romantique, qui, après une introduction très douce (de bonnes séquences avec des enfants, ce qui n'est pas si fréquent), prend une ampleur exceptionnelle dans la dernière partie, avec une dimension onirique qui emporte littéralement. On sait que le film enchantait les surréalistes, par ce mélange à la fois très romantique et fantastique, il enchante surtout par cet ailleurs qu’il propose, où, par l’image, il parvient au tréfonds des plus beaux rêves. Gary Cooper est parfait comme toujours : son jeu tout en retenue, sobre, fin, est admirable.

Gary Cooper Peter Ibbetson

samedi 10 janvier 2015

Les Mines du roi Salomon (King Solomon's mines de C. Bennett, 1950)



Les Mines du roi Salomon Bennett Stewart Granger Deborah Kerr Poster

Film d’aventures exotiques assez classique. Mais certains côtés sont désuets, par exemple l’aspect trop « pédagogique » de la présentation de la savane, avec un vrai catalogue des espèces (des guépards à l’oryctérope, en passant par les fourmis et autres limaces) ou la mise en plis impeccable de Deborah Kerr après des semaines de bivouac.
Mais d'autres réussites équilibrent le tout : la rusticité du matériel, l’idée d’aventures qui durent des mois en étant accompagné de dizaines de porteurs, une possible mine de diamants, une carte incomplète qui se solde par une croix, un territoire inconnu : on est un peu dans Le Monde perdu. On discerne une lointaine ascendance avec Indiana Jones (l’exotisme de l’aventure, des serpents et autres araignées, des peuples plus ou moins belliqueux qui parlent des sabirs plus ou moins connus, des grottes piégeuses, des trahisons…). On préférera peut-être la vitalité de Hatari ! si l’on veut s’échapper en Afrique.

vendredi 9 janvier 2015

Les Monstres (I Mostri de D. Risi, 1963)



Les Monstres affiche

Film à sketchs typique de cette période du cinéma italien (avec Les Nouveaux monstres, Bonsoir Mesdames et Messieurs, Parlons femmes...). L’ensemble des sketchs forme un tout cohérent et montre comment le cinéaste regarde avec un mélange d’humour, de dérision et de férocité la société autour de lui.
De nombreux sketchs sont remarquables, par exemple le premier (I : La Bonne éducation) où Ugo Tognazzi entreprend d'éduquer son fils et y parvient ; le deuxième (XIII : La victime) avec Vittorio Gassman qui passe d’une maîtresse à l’autre ; le troisième encore (XVI : on oublie vite) où Tognazzi commente avec un détachement inoubliable les images d’exécution. Le dernier sketch (XIX : Le noble art) est très féroce.
Comme toujours dans la comédie italienne personne n'est épargné : l'italien moyen, le curé, le policier, tout le monde en prend pour son grade. Et c'est d'ailleurs là la clef de la puissance ravageuse de la satire.

C’est évidemment l’occasion de voir jouer deux acteurs italiens exceptionnels de la période. On sent le plaisir des scénaristes, des acteurs et des réalisateurs. L’harmonie des meilleurs sketchs est jubilatoire.

Vittorio Gassman Ugo Tognazzi Les Monstres

dimanche 4 janvier 2015

X-men (B. singer, 2000)




A l'origine d'une saga qui s'est bonifiée au cours des épisodes, ce premier X-men est très superficiel et très kitsch, on l'oublie volontiers. Quelques personnages prendront un peu d'épaisseur au fur et à mesure et, même si les scénarios s'embourbent quelque peu dans les pouvoirs de plus en plus puissants (un peu comme le requin des dents de la mer de plus en plus grand au fur et à mesure des suites), ils sont globalement plus réussis.
En revanche l'idée de base du scénario (qui propose une dichotomie de l'humanité entre  mutants et non mutants) se prend un peu les pieds dans le tapis, puisqu’à cette dichotomie initiale s'en ajoute une seconde, inévitable et qui fait le cœur des films, à savoir le classique découpage entre les  bons et les méchants. On aura donc, au gré des épisodes, des bons mutants qui deviendront méchants ou bien l'inverse, ou des méchants politiciens non mutants que l'on fera muter, etc. Tout ce salmigondis est un peu étrange et rend le tout bien superficiel.
Mais Hollywood connaît son métier et, en plus de suites innombrables, parvient à isoler un personnage (celui plébiscité par le public) pour en tirer, parallèlement, une seconde saga (Wolverine). Ils sont très forts.

samedi 3 janvier 2015

L'Incompris (Incompreso de L. Comencini, 1967)



L'Incompris Comencini Affiche Poster

Film intime et déchirant, L'Incompris est à la fois d’une très grande tristesse mais aussi empreint d’une très grande dignité, d’une très grande retenue.
Comencini est plus célèbre pour ses comédies, mais il n'y a aucune trace ici de touche comique. Le film ne s'écarte jamais d'un ton dramatique  et triste  : il montre le talent du réalisateur, à manier ainsi des tons aussi différents.
Comencini évoque une famille traversée par la mort de la mère. Cette souffrance est évoquée au travers d'un univers riche et luxueux (la famille est celle d'un diplomate), paradoxe plein de significations quant on sait combien Comencini (et combien d'autres avec lui) ont peint les travers de l'Italie en tirant à boulets rouges sur les riches (L'Argent de la vieille, par exemple, qui n'épargne ni riches ni pauvres). Le père, qui souffre infiniment mais en silence ; l’aîné, qui souffre mais doit le cacher, et dont la douleur déborde mais que son père ne comprend pas ; et le petit dernier, d’abord épargné semble-t-il, et dont l'innocence est une cruauté pour son grand frère.

Il est souvent difficile de trouver un ton juste avec un enfant, ici Comencini sonde plus avant encore : il trouve le ton juste avec deux enfants, d'âges différents, aux réactions différentes et il parvient à montrer le triangle relationnel du père et des enfants, avec au centre la mère disparue. Cet équilibre, cette justesse de ton est extraordinaire.
Certaines scènes sont très fortes : l’enfant sort de la douche en sifflotant, il a froid, appelle sa mère pour qu’elle lui apporte une serviette, puis, tout à coup, se souvient.

L'Incompris Luigi Comencini Affiche Poster