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mardi 5 août 2025

Les Infidèles (E. Bercot, A. Cavayé, M. Hazanavicius, G. Lellouche, 2012)

 



Amusant film à sketchs qui renvoie, par bien des aspects, à Parlons femmes de Risi. On y retrouve le même plaisir potache de tirer à boulets rouges sur les personnages de dragueurs lourds, persuadés d’eux-mêmes, ou sur les dragueurs compulsifs ou incapables, brassant un peu les couches sociales et n’hésitant pas (mais c’est bien dommage) à aller vers le gore un peu trash par moment.
Bien sûr les sketchs sont inégaux mais Jean Dujardin et Gilles Lelouch s’en donnent à cœur joie et ils prennent un plaisir manifeste à se grimer, à coup de coiffures improbables ou de styles variés, un peu comme le faisait Vittorio Gassman chez Risi.
On notera dans le sketch La Bonne conscience combien Jean Dujardin est capable de très bien jouer le beauf incapable dont les ratées et les frustrations renvoient immédiatement à une vie glauque et vaine. Ce jeu, que l'on retrouvera notamment dans I Feel Good, est une vraie réussite de l’acteur qui parvient alors à osciller du comique au pathétique en un instant (un peu à la manière de Benoît Poelvoorde).

 

jeudi 9 février 2023

Coupez ! (M. Hazanavicius, 2022)

 



Reprenant l’astucieux mais foutraque Ne coupez pas !, Michel Hazanavicius en tire un film à la fois davantage maîtrisé, plus abouti et mieux interprété (mais il faut bien dire que le budget et le professionnalisme des équipes ne sont pas tout à fait les mêmes). Une nouvelle fois, après The Artist ou Le Redoutable, le réalisateur s’intéresse aux dessous du cinéma et il prend plaisir à filmer l’envers du décor.
Il n’en reste pas moins que la première demi-heure – quand bien même elle est l’argument du film – reste longue et fastidieuse. Et elle donne une sensation de second degré qui ne s’assume pas, comme si Hazanavicius n’était pas parvenu à réellement faire une séquence franchement au premier degré (ce qui est pourtant le cœur du film) et qu’il ne pouvait s’empêcher d’y glisser une forme d’autodérision qui contredit le scénario.

Mais Hazanavicius, ensuite, habile dans la comédie (ses OSS 117 montrent un sens du rythme et un sens comique certains), arrive à jouer avec le scénario pour en sortir non pas seulement une comédie potache sur le tournage d’un film de zombies comme le faisait le film original, mais un regard sur le tournage d’un navet par une équipe dépassée et un réalisateur médiocre. On retrouve un peu le même ton et le même regard que Tim Burton dans son Ed Wood.
Romain Duris qui joue le réalisateur écartelé entre la production, ses acteurs et des circonstances toujours plus plombantes, montre une belle puissance comique. Son antinomie avec son acteur principal Raphaël (Finnegan Oldfield, parfait) marche très bien et les gags s'enchaînent en même temps que les répliques fusent dans une dernière demi-heure très drôle.




dimanche 30 octobre 2016

The Artist (M. Hazanavicius, 2011)




Le très grand succès de The Artist ne peut que réjouir l'amateur de cinéma : voilà un film muet en noir et blanc en haut de l'affiche !
Le film lui-même, en revanche, laisse circonspect. Si cette idée de filmer « à l’ancienne » est très bonne, pourquoi s’abstenir d’écrire un scénario ? Parce que cette histoire d’un artiste du muet qui peine à passer au parlant et dont la carrière croise celle d’une danseuse qui devient star ne distille aucune surprise (et, du coup, bien peu d'émotion) : dès les premiers instants on devine toute la trame. Jusqu’à la fin où  – quel coup de théâtre !  – les deux sont amoureux et sont stars ensemble. L’idée finale d’aller vers la comédie musicale est très bonne mais ne sauve rien (et ne surprend toujours pas).
Le scénario n’apportant aucune surprise, on aurait pu trouver de l’intérêt dans cette mise en abyme du cinéma autour de la transition entre le muet et le parlant. Mais d’autres films l’ont fait, et avec quel brio ! Revoir Chantons sous la pluie permet de mesurer à quel point The Artist est simpliste. On ne nous dit rien en fait de transition. La trajectoire de George, autant que celle de Peppy, est écrite à l’avance. Que les uns ont pu en pâtir, que d’autres en furent bénéficiaires : la belle affaire.
Le film, en revanche, évoque de nombreux autres films et il est, sur ce point, réussi.
La situation est à mi-chemin entre Chantons sous la pluie et Une étoile est née (avec l’ascension de Peppy qui devient une star) et de nombreuses évocations ou saynètes évoquent tel ou tel film. Par exemple le jeu avec le manteau évoque L’Heure suprême de Borzage :


Diane se pelotonne contre le manteau de Chico
De même Peppy s'imagine enlacée par Georges

Jean Dujardin a un rôle écrit pour lui (celui des sourires faciles et outranciers), où son jeu tout en exagération est efficace (il choisit bien ses rôles : on reste plus réservé sur sa qualité d’acteur quand les exagérations ne sont plus de mise…).