samedi 29 août 2020
Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages (M. Audiard, 1968)
jeudi 27 août 2020
La Plateforme (El hoyo de G. Gaztelu-Urrutia, 2019)
Thriller horrifique
très quelconque, qui a la grande ambition d’une dénonciation sociale (anticapitaliste
et anticonsumériste, du jamais vu), en mettant en scène une sorte de prison verticale
où la survie des uns doit tout à la bonne volonté des autres. Bonne volonté qui
est bien sûr tout à fait absente, puisque, nous dit le film de façon très
originale, l’homme est un loup pour l’homme. Le gentil héros, alors, est un
altruiste perdu au milieu des égoïstes.
À cette grosse
ficelle volontiers trash (avec quelques scènes horrifiques bien au goût du jour),
Galder Gaztelu-Urrutia propose une mise en scène on ne peut plus conventionnelle, jouant d'un univers bétonné, de lumières bleues froides ou de sang numérique. Il cherche à proposer une fin ouverte, comme s’il fallait
comprendre toute l’installation qu’il nous proposait ou comme s’il importait de
distinguer la réalité vécue par les prisonniers de leurs espoirs. En réalité –
et contrairement à l’architecture de la prison – le film n’a que peu de profondeur
ou de hauteur : ce petit jeu sadique ne propose pas grand-chose et ne mène
à peu près nulle part.
mercredi 26 août 2020
Tango et Cash (Tango & Cash de A. Kontchalovski, 1989)
Prototype du
film d’action bas de gamme des années 80, organisé autour de deux stars du film testostéroné. Qu’il s’agisse du scénario, des personnages ou de la mise en scène,
rien ne vient sauver le film du désastre.
Certes Tango et Cash n’a pas de prétention et
se veut un simple divertissement, mais il est surtout un gros hamburger indigeste,
débordant de graisse et sans intérêt.
On regrette que
le très bon et reptilien Jack Palance, à la voix et au phrasé si
particuliers, vienne jouer les grands méchants dans ce divertissement commercial
sans âme.
lundi 24 août 2020
Lady Snowblood (T. Fujita, 1973)
Film culte du
cinéma d’exploitation japonais, Lady
Snowblood a trouvé une récente notoriété à l’international en inspirant
nettement Tarantino pour son Kill Bill.
On retrouve
ainsi dans le film de Tarantino de multiples allusions et emprunts au film de Toshiya Fujita, aussi bien au niveau
du fil rouge suivi par le film (une vengeance qui s’exerce tour à tour sur
différents tortionnaires), que dans différentes séquences (les entraînements,
les combats dans la neige), dans son style (gros plans, jeux de caméras,
chapitres, etc.) ou encore dans son goût pour la violence (bras coupés, gerbes de
sang, etc.).
Lady Snowblood – inspiré d’un manga – suit donc la lignée des films de King Hu (L’Hirondelle d’or, Dragon Inn, A Touch of Zen) ou de Chang Cheh (la
série du Sabreur manchot) qui ont installé un cadre de référence pour le wuxia (le film de
kung-fu asiatique) et souligne le développement du genre sur les écrans
asiatiques. Mais le genre abandonnera assez vite ses bonnes idées de mise en scène pour
nourrir bientôt un cinéma d’exploitation toujours plus avide de films réalisés à la
va-vite.
vendredi 21 août 2020
Tootsie (S. Pollack, 1982)
Comédie légère dont
la renommée doit beaucoup à Dustin Hoffman, qui s’amuse comme un fou à se travestir
en femme. Mais, pour le reste, le film, qui flirte davantage par moment avec la
comédie intellectuelle à la Woody Allen plutôt qu’avec la comédie légère ou burlesque, reste divertissant mais un peu trop prévisible.
On a beaucoup
salué la performance d’acteur de Dustin Hofmann mais, s’il est un acteur
exceptionnel, c’est bien plus dans la diversité de ses rôles que dans celui-ci,
où le personnage de Tootsie est finalement peu approfondi. C’est d’ailleurs une
des faiblesses du film que, comme dans tant de comédies, les personnages soient si caricaturaux. Mais le
récit saura utiliser Tootsie comme révélateur, et ces multiples personnages – c’est
là l’idée force du film – seront enrichis de leur rencontre avec Tootsie (y compris
Michael lui-même). Paradoxalement, c’est peut-être en marge du thème central du
rapport homme/femme que les idées sont les plus intéressantes, en particulier
la difficulté d’exister en tant qu’acteur au milieu d’une production
télévisuelle toujours plus commerciale et vulgaire. Cela dit, bien entendu, ce
thème aujourd’hui très conforme aux idées du moment était alors très en avance
sur son temps : c’est ce qui donnait alors la force au film, force largement perdue
aujourd’hui.
Pour ce qui est
du jeu d’acteurs grimés en femmes, on est bien sûr très loin des facéties merveilleuses
de Tony Curtis et Jack Lemmon dans Certains l’aiment chaud (film qui, lui au contraire, n’a rien perdu de sa verve et
de sa force comique) et, en ce qui concerne Dustin Hoffman lui-même, l’on
retiendra bien davantage sa performance dans Lenny de Bob Fosse ou dans Macadam
Cowboy de John Schlesinger que ici, dans ces travestissements amusants mais
assez superficiels.
mercredi 19 août 2020
Trois pour un massacre (Tepepa de G. Petroni, 1969)
Étonnamment, Tepepa (on préférera le titre d'origine) n’est pas aussi systématique que
la très grande majorité des westerns italiens de la période : le style,
ici, ne copie que d’assez loin celui de Sergio Leone, il est moins marqué et
caricatural. L'on saura gré à Giulio Petroni de nous avoir épargné les zooms violents, les cadrages dissonants et le montage tout en rupture : autant d'éléments si typiques des ersatz du maitre italien et qui n'aboutissent le plus souvent qu'à exagérer de banals moments du scénario.
Dès lors il est un peu dommage que l’histoire soit si peu
originale et ne surprenne guère avec ce triangle de personnages très classiques (un pistolero, un méchant colonel mexicain et
un européen mystérieux) qui se tournent autour sur fond de révolution mexicaine.
Thomas Milian
fait le job et Orson Welles, que l’on sait très bon dans les rôles de méchants
suants et sans scrupules (dans La Soif du
Mal ou Le Procès), campe
parfaitement ce militaire rond, gras et cruel. Le dénouement, lui, ne laisse
guère de doute et rend Tepepa un peu
décevant, alors qu’il avait de beaux atouts.