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mardi 12 août 2025

Aaltra (B. Delépine et G. Kervern, 2004)

 



Road movie improbable et très corrosif, déversant un regard au vitriol comme peu de films ont pu le faire ces dernières années, Aaltra est une réussite.
L'on suit intrigué ce voyage à la fois noir, délirant et en partie mutique avec ces deux protagonistes handicapés. La présence de Benoît Poelvoorde vient comme valider cet équilibre, lui qui incarne si bien ce mélange tragi-comique, cette crète étroite entre le rire et le sordide. Le rythme est un peu décousu mais le ton est là : entre comédie et noirceur profonde, il est la vraie réussite du film, qui part d’un rire amer, passe par la tristesse pour filer jusqu’au glauque.


lundi 28 juillet 2025

Near Death Experience (B. Delépine et G. Kervern, 2014)

 



Near Death Experience, film très dépouillé et minimaliste dans sa forme, joue avec l’image de Houellebecq en reclus, loin du monde et de ses fureurs. Mais, étonnamment pour les réalisateurs Delépine et Kervern qui ne sont pas coutumiers du fait, le film semble bien prétentieux : comme si les réalisateurs espéraient que images proposées, accompagnées de la voix off, allaient se lever et parler d’universalité, comme si Paul pouvait avoir une puissance qui le dépasse et nous parle. Pourtant non, entre la voix off volontairement atone et banale et la nature filmée au plus près, l’équilibre ne se fait pas. La nature est arpentée mais elle ne surgit pas à l’écran, les paysages ne deviennent rien d’autre qu’eux-mêmes (ils ne sont pas un ailleurs, ni un rêve, ni un autre monde), la voix n’emporte pas le spectateur mais elle le coince dans un misérabilisme décevant. Et ce ne sont pas les accents très houellebecqiens des dialogues (qui ne sont pourtant pas de lui) ni la collusion très étroite entre Paul et l’écrivain/acteur qui peuvent faire décoller réellement le film.
Film qui manque aussi de cet humour grinçant et parfois très noir que les réalisateurs savent d'ordinaire si bien utiliser (da Aaltra à I Feel Good en passant par Mammuth). Là les choses, plus sérieuses, deviennent prétentieuses et tout tombe à plat.


jeudi 27 octobre 2022

I Feel Good (G. Kervern et B. Delépine, 2018)





Portrait drolatique et pitoyable d’un raté, I Feel Good suit d’un regard mi-amusé mi-navré les tentatives de Jacques Pora pour emmener au bout l’une de ses idées invraisemblables. Il faut dire que l’ambition d’être riche – qui apparaît ici comme la substance chimiquement pure de l’ambition dans la société moderne – est un puissant moteur qui le fait repartir sans cesse, incapable qu’il est de se rendre compte de ses incapacités. Le film joue à plein du contraste avec sa sœur, pragmatique, humble et consciente d’elle-même.

On apprécie qu’une star comme Jean Dujardin se mette dans la peau d’un tel hurluberlu, même si, il faut dire, ce Jacques Pora a beaucoup à voir avec nombre de personnage joués par l’acteur, personnages qui sont souvent gonflés d’égo et de suffisance mais très creux. Ici le vide du personnage éclate au grand jour.

L’idée de chirurgie esthétique est très bonne et Gustave Kervern et Benoît Delépine emmènent très loin leur situation, dans un final à la fois drôle et pitoyable.

Cela dit, situé dans le microcosme d’une communauté Emmaüs, on a du mal à voir dans I Feel Good une satire de l’ensemble de la société tant, dans cette communauté, il n’y a que Jacques qui ne jure que par l’ambition folle de la réussite, alors que tous les autres, autour, savent très bien ce qu’il en est de leur vie et apparaissent épargnés par les maux violents qui traversent le monde (l'ambition, la recherche de la richesse, le culte de l’apparence, etc.).

 

 

 

dimanche 15 mars 2015

Mammuth (de G. Kervern et B. Delépine, 2010)




Depardieu en gros pépère traversant la campagne sur une antique moto, voilà une image amusante et qui peut interpeller. L'idée de départ n'est pas mauvaise (un ouvrier partant en retraite doit rechercher des preuves de ses emplois passés pour toucher l'intégralité de sa pension de retraite) mais sa mise en œuvre est minimaliste.
Le couple de départ est très caricatural et le road-trip de Serge-Depardieu devient une petite virée sans grande portée, où il y aura peu de rencontres (les scénaristes insistent sur la rencontre avec la nièce, borderline et shootée, qui transformera l'ouvrier caricatural en petit vieux hippie tout aussi caricatural). Les réalisateurs cherchent même à épaissir le propos en évoquant un premier amour brisé qui revient hanter Mammuth, pour finalement s’apaiser, cherchant à évoquer une boucle qui se boucle. Mais s'il faut retenir une image on préférera peut-être la double rencontre sur une plage avec Benoît Poelvoorde qui campe une de ses spécialités (le beauf comico-tragique), le temps de deux courtes séquences amusantes.