lundi 31 mai 2021

L'Homme au fusil (Man with the Gun de R. Wilson, 1955)

 

Reprenant un personnage typique du genre, L’Homme au fusil se présente comme une version à la fois classique et épurée du nettoyeur de ville mais avec une humeur emplie de lassitude. Le film, avec une forme de prescience, sent venir la fin du genre, ou, en tous les cas, son besoin de renouvellement.
Parallèlement à cette fin du western classique, que semble filmer sous nos yeux Richard Wilson, Anthony Mann, notamment, orientera le genre vers de nouvelles perceptions, avec des personnages qui gagneront une épaisseur psychologique considérable, là où Clint Tollinger apparait usé et désabusé dans L’Homme au fusil, presque content d’être blessé pour, enfin, pouvoir passer à autre chose.



samedi 29 mai 2021

Les Gaîtés de l'escadron (M. Tourneur, 1932)

 

Le film de Maurice Tourneur apparaît comme une suite de petites saynètes qui constituent une chronique comique de la vie de caserne.
On se réjouit du trio d’acteurs qui viennent émailler les scènes avec Fernandel en soldat brimé par tous les gradés, Gabin en prisonnier feignant et râleur et, bien sûr, Raimu en capitaine débonnaire qui vient unir entre eux ces moments de la vie de la caserne, avec la visite d’inspection du général en point d’orgue.
Tout cela est léger et reste constamment drôle, passant d’un personnage à l’autre, d’un petit moment pris sur le vif et croqué en quelques plans à un autre. Sans grande prétention pour ce qui est du réalisme de la vie de caserne, Les Gaîtés de l’escadron est réussi et offre plusieurs séquences truculentes.



jeudi 27 mai 2021

Brune brûlante (Rally 'Round the Flag, Boys! de L. McCarey, 1958)

 

Cette comédie de Léo McCarey a assez mal vieilli. Derrière la légèreté du propos et le rythme tranquille, on comprend bien où veut en venir le réalisateur, qui, dans sa volonté de brosser un portrait gentiment corrosif de l’American way of life, joue uniquement de personnages archétypaux, certes parfaitement brossés mais qui, très vite, deviennent caricaturaux. Et l'on se lasse, justement, de ces excès permanents. Excès qui tournent au cabotinage d’acteurs (Paul Newman est rapidement fatigant) et aux gags potaches sans grand relief. Que l’on est loin, ici, de la finesse et de la verve dont peut faire preuve McCarey !




mardi 25 mai 2021

Dédée d'Anvers ( Y. Allégret, 1948)

 

Dédée d’Anvers apparaît comme une queue de comète du réalisme poétique, en un avatar fade des films de Marcel Carné. Là où il y avait une épaisseur psychologique forte, avec des personnages types qui s’animaient sous nos yeux, et une atmosphère particulière, ici tout devient superficiel, exagéré, peu émouvant, comme forcé. C’est un peu dommage, Dédé d’Anvers bénéficiant d’une distribution magistrale (Bernard Blier, Marcel Dalio, Simone Signoret) mais qui ne sauve guère le film (et accentue même la déception, tant on a toujours tendance à se réjouir, lorsque le générique défile, de retrouver de grands noms).



vendredi 21 mai 2021

Le Portrait de Jennie (Portrait of Jennie de W. Dieterle, 1949)



Étonnant film, très poétique, qui joue sur un romantisme fantastique qui constitue une forme de sous-genre à Hollywood (où  Peter Ibbetson ou L’Aventure de Mme Muir sont les plus fameuses réussites). Pour évoquer ces rencontres entre Eben et Jennie (Joseph Cotten et Jennifer Jones) qui défient le temps et se font hors du monde, Dieterle filme un New-York hivernale, s’extrayant de la ville pour aller dans les parcs emplis de neige, dans une lumière étrange et douce. La séquence finale, avec ses bobines de couleurs vertes, devient fantasmagorique et bientôt redoutable, lorsque la tempête se lève et que les vagues déferlent sur le phare. Et l’image finale, calme et douce, en couleurs, vient comme un dernier contraste entre tout ce qui a précédé. Et on ne sait discerner complètement entre les rêves et la réalité à l’origine de ce tableau qui concrétise ces pulsions de l’artiste.