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mercredi 20 mars 2024

Delicatessen (J.- P. Jeunet et M. Caro, 1991)


 



Ce premier film de Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro est une belle réussite. Ils ont réussi à installer (avec des moyens limités) une ambiance très particulière, en partie rétro, en partie post-apocalyptique (le film est une forme de huis clos dans un immeuble, au milieu d’une friche indéfinissable), avec une image jaune-sépia déjà caractéristique. Une belle galerie de personnages peuple l’immeuble avec le terrible boucher du commerce du rez-de-chaussée (Jean-Claude Dreyfus, dans une composition marquante) et, ensuite, à chaque étage, des personnages grotesques, étranges, iconoclastes. La distribution fait la part belle à des acteurs encore inconnus (Karine Viard par exemple) et Dominique Pinon trouve là un très bon premier premier rôle.
Le film, ensuite, déploie toute l’imagination des auteurs, depuis le récit principal jusque dans ses moindres détails, multipliant des saynètes parfois savoureuses.
Si le film est souvent jubilatoire, on sent bien l’influence de Marc Caro qui donne à Delicatessen une noirceur qui confine parfois au glauque, alors que, une fois que Jeunet sera seul aux commandes, il conservera bien des motifs déjà présents (les personnages hauts en couleur, une attirance vers le rétro des années cinquante ou soixante, le soin du détail baroque, le ton de comédie) mais dans une ambiance douce et très (trop) sucrée donnant à ses films une légèreté que n’a pas Delicatessen (Amélie Poulain en est le prototype, mais Micmacs à tire-larigot le montre très bien aussi).

 


lundi 19 février 2024

Micmacs à tire-larigot (J.- P. Jeunet, 2009)





Cette comédie de Jean-Pierre Jeunet recueillera sans doute des avis tranchés : il faut dire que, film après film, celui-ci confirme son style et s’y cantonne. On a donc droit ici à un montage vif, à des personnages burlesques et hauts en couleur, à un récit qui ne s’embarrasse pas de fioritures et qui avance, le tout dans une ambiance qui fait la part belle au rétro et aux belles années du passé, baignant dans une lumière sépia qui envahit l’écran. L’ambiance steampunk de La Cité des enfants perdus laisse ici place à une décoration très typée récupération, entre brocante et ferraillerie.
On trouvera néanmoins le propos bien vide. Il n’y a pas une once de crédibilité dans cette histoire qui certes ne se prend pas au sérieux, mais qui dénonce en passant l’industrie des armements, de manière un peu facile et très vite moralisante, c’est un peu dommage (les méchants, même dans les comédies, sont toujours des grands patrons, d'autant plus qu'ici ils vendent des obus).
Mais l’on préfère ce ton léger aux variations de ton mal senties du film précédent de Jeunet, Un long dimanche de fiançailles, où les deux registres dramatiques et comiques ne se mariaient pas du tout. Jeunet ne sait pas filmer sérieusement : il a bien raison de rester dans la comédie.

 


vendredi 29 décembre 2023

Foutaises (J.- P. Jeunet, 1990)

 



Ce court-métrage de Jean-Pierre Jeunet amuse : il est un exercice de style qu’il reprendra, quelques années plus tard, pour ouvrir Amélie Poulain. Cette succession de « j’aime/je n’aime pas » est amusante et légère et Dominique Pinon, déjà, est de la partie.
 
 

 




lundi 22 août 2022

La Cité des enfants perdus (J.- P. Jeunet et M. Caro, 1995)

 



Jouant à fond d’une ambiance steampunk qui envahit chaque surface de l’image, Jean-Pierre Jeunet cherche à immerger le spectateur dans son univers mais, en fait, il finit par le noyer, tant son maniérisme fatigue.
C’est qu’il n’est pas un angle de vue reposant, pas un personnage conventionnel, pas une couleur classique : son style forcé règne à chaque image. Mais tout cela est exagéré et ce n’est pas l’originalité, l’imaginaire ou l’incongru que l’on retient mais une lassitude saoulante. L’histoire, qui n’est pas ce qui passionne le plus le réalisateur, ne convainc guère non plus et le film, finalement, est décevant et vite oublié.

 

vendredi 6 décembre 2013

Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain (J.- P. Jeunet, 2001)




Ce gros succès de Jean-Pierre Jeunet, qui met en scène une France contemporaine (l’action est lancée par un événement bien précis : la mort de Lady Diana), convoque pourtant une idée de la France bien loin de la réalité de 1999.
En fait Jeunet s’inspire directement de l’esthétique publicitaire, en reprenant la publicité de 1980 pour la lessive Gama, la fameuse « rue Gama » :


On découvre alors ce qu’est réellement Amélie Poulain : une version longue, d’un peu plus de deux heures, de la publicité de quarante secondes. On y voit, sans déplaisir mais sans grand intérêt non plus, une France sépia, largement ripolinée, accompagnée du frou-frou de l’accordéon, doucement nostalgique. Et le film nous promène de rues en rues de la même façon que la publicité nous fait parcourir la rue Gama.


Au-delà de l’esthétique, tout à est à l’avenant. Le film nous vend, d’une certaine façon, non pas une lessive, mais une France qui n’existe pas. Jeunet ne s’en cache pas mais, ce faisant, il ne conduit pas le spectateur bien loin. Il présente des personnages comme autant de stéréotypes (avec cette voix off qui détermine précisément les caractères et la place de chacun). Et il n'est pas un de ces personnages qui se verra offrir l'occasion de dépasser ou de contredire ce stéréotype dans lequel il apparaît.
Et, de même que dans la lessive de la publicité, Amélie Poulain elle-même, en faisant le bien autour d’elle, « lave plus blanc que blanc » en quelque sorte.

mardi 6 août 2013

Un long dimanche de fiançailles (J.- P. Jeunet, 2004)




Médiocre film de Jean-Pierre Jeunet, qui tente d’adapter son style au genre du film de guerre. Mais si ses facéties habituelles (une image parfois sépia et ripolinée, des personnages burlesques dessinés à gros traits, des situations incongrues) semblent à leur place dans la comédie pure (Delicatessen) ou dans la comédie doucereuse et sucrée (Amélie Poulain), en revanche cela ne colle pas du tout avec le thème. Ici cohabitent aussi bien des scènes très dures et qui se veulent une dénonciation de la violence des tranchées avec des scènes, au contraire, au ton burlesque (le facteur qui apporte des nouvelles). Tantôt on cherche à faire rire, tantôt on fait pleurer dans les chaumières.
À mélanger ainsi les tons, le risque est grand : ou bien l’on est un pur génie et la sauce prend merveilleusement, ou bien le film devient un fourre-tout émotionnel et déséquilibré. Mais n’est pas Chaplin ou Lubitsch qui veut : ici il ne s’agit que d’un grand fourre-tout bien indigeste.