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mercredi 30 décembre 2015

Stars Wars, épisode VII : Le Réveil de la force (Star Wars: Episode VII - The Force Awakens de J. J. Abrams, 2015)



Star Wars 7 Affiche Poster

Bien sûr on retrouve « l'univers Star Wars », les fans seront subjugués. Le film est spectaculaire, ce qui est le kit de base de toute superproduction américaine blockbustée à coups de moyens infinis. Voilà, c'est à peu près tout.
Les personnages sont étonnamment lisses et vides (on a là un point commun avec Luke Skywalker : l’absence de charisme) tout en remplissant le cahier des charges : une femme, un noir, un robot rigolo (il faut plaire aux enfants), un grand méchant (qui est réussi la première demi-heure, ensuite il est grotesque), des stars attendues qui viennent cautionner tout cela.
Ne nous étendons pas sur le scénario qui est un copier-coller étonnamment proche et peu inventif du premier épisode (chronologique) de la série. Série qui semble s'orienter vers un reboot, mais bon, tout cela reste bien primaire. Et le film exploite jusqu’à plus soif les quelques bonnes idées des tout premiers épisodes : alors, comme tout filon surexploité, cela devient ridicule.
Quant à la réalisation elle-même, elle est tout à fait conforme aux  blockbusters actuels : lisse, plate, avec des prises de vue ou un découpage tout ce qu’il y a de conforme et d’attendu.


dimanche 22 novembre 2015

THX 1138 (G. Lucas, 1971)



TXH 1138 George Lucas Affiche Poster

On aura bien du mal à retrouver dans ce film quasi-expérimental des gènes communs avec les futurs films de George Lucas (à quelques petits détails ou associations d'idées près).
Dans un futur (peut-être post-apocalyptique) où les humains vivent sous terre, ils ne sont plus que des numéros et leurs vies, jusqu’à leurs sentiments, sont contrôlées. L’un d’eux (le numéro THX 1138 – un très bon Robert Duvall) se rebiffe. Il accédera, dans une belle image finale, à la surface.

THX 1138 Robert Duvall George Lucas

Bien sûr l’histoire en elle-même est très simple, mais elle n’empêche pas Lucas de s’exprimer. Son talent se voit ici bien plus que dans Star Wars (où il se voit bien peu il faut dire). En effet le film est presque conceptuel, et c’est par un gros travail sur l’image et sur le son que Lucas nous fait entrer dans cet univers quasi abstrait, avec des décors minimalistes, des repères parfois totalement absents (très bonne idée que cette « prison » absolument blanche, comme un non-monde, un non-endroit).
Il est tout à fait dommage que, immergé (et submergé) dans son univers stars warsien, Lucas ait oublié ainsi ses premières recherches formelles. 

On retrouve cet univers (une humanité enterrée ou avec un contrôle chimique des émotions) dans de nombreux films de science-fiction (depuis Matrix jusqu'à L'Armée des douze singes de T. Gilliam en passant par Equilibrium de K. Wimmer).

THX 1138 Robert Duvall

samedi 5 octobre 2013

Star Wars, épisode I : La Menace fantôme (Star Wars: Episode I – The Phantom Menace de G. Lucas, 1999)




Seize ans plus tard, George Lucas reprend son enfant chéri Star Wars et lance une prélogie, avec des moyens financiers colossaux et des effets-spéciaux de pointe (deux éléments qui l’avaient bridés lors du tournage du premier film). Las, malgré un succès colossal (lié à la fois à l’attente des nombreux fans et aux gigantesques opérations de promotion), la déception est énorme.
En effet, au-delà d’une réalisation sans imagination (on se dit que, phagocyté par Star Wars, Lucas ne retrouvera plus jamais sa verve créatrice du début), le film patauge complètement en cherchant à joindre les deux bouts, entre l’héritage de l’univers de la série et un cahier des charges exigeant.
C’est que le film doit, tout à la fois, respecter l’univers de Star Wars et être un film familial. Par familial il faut entendre que le film n’est plus seulement destiné aux adolescents (comme c’était le cas lors du premier film), mais il cherche aussi à plaire aux enfants. Sur ces deux points, le film est un échec.

Tout d’abord, si Lucas a construit un univers cohérent dans les premiers épisodes, il a, semble-t-il, oublié à quel point un tel univers est fragile mais essentiel. En effet un univers de science-fiction, lorsqu’il est construit de toute pièce comme ici, doit jongler toujours avec un certain nombre d’éléments scientifiquement limites mais qui sont considérés comme acquis pour qui veut entrer dans le film. Par exemple, dans l’univers de La Guerre des étoiles, il est convenu que les vaisseaux vont plus vite que la lumière. De même il est convenu qu’une Force est ressentie et maîtrisée par les Jedi, et qu’elle leur permet, entre autres choses, de contrôler certains esprits, de ressentir un équilibre ou une dissonance dans la Nature, de bouger des objets, etc. Cette Force est décrite comme une religion par ces détracteurs qui, ne la ressentant pas, n’y « croient » pas.  Et cet univers fait évidemment partie du charme des films.
Ici Lucas brise toute cohérence en n’hésitant pas à définir scientifiquement cette Force en lui donnant une existence concrète au travers de l’invention des midi-chloriens, qui sont des micro-organismes symbiotiques. Définir scientifiquement cette Force (en dosant le taux de midi-chloriens pour détecter les futurs Jedi) détruit les conventions mises en place dès le début de la saga. D’un enseignement de vieux sages qui « sentent » les choses, on passe à une prise de sang pour calculer le taux de midi-chloriens ! Lucas cherche ensuite à joindre les deux bouts (celui de la religion et celui de la science) en évoquant l’idée qu’Anakin Skywalker est conçu par les midi-chloriens et qu’il est « l’Elu ». Bien entendu tout cela est ridicule, on se demande quelle mouche à bien pu piquer les scénaristes.

La volonté de conquérir de nouveaux publics jeunes est sans doute à l’origine de l’existence du personnage de Jar-Jar Bink. Ce personnage laisse pantois. Sa création est celle d'un réalisateur qui ne sent pas son film et qui ne parvient pas à trouver le dosage entre l'action et l'humour. Lucas avait, il est vrai, une pépite dans les trois premiers épisodes : il s’agit du personnage de Han Solo (vrai héros attachant de la saga, bien plus que Luke), dans lequel Harrison Ford projette ce mélange délicieux de décontraction et d'aventure. Marque de Harrison Ford (mais non création, il y a bien des acteurs qui ont su avant lui mélanger ainsi la décontraction et l'aventure), suivant une recette qu'il appliquera avec bonheur dans les Indiana Jones. Dans les premiers épisodes il y avait bien les échanges entre C3-PO et R2D2 qui amenaient une variante burlesque, mais c'est surtout Han Solo qui s'en chargeait. Or ici point de Han Solo et les personnages sont tous extrêmement sérieux. Dès lors le scénariste s'est trouvé face à un problème : comment insuffler une dose d'humour dans le film ? Lucas & Co n'ont rien trouvé de mieux que d'inventer un personnage uniquement comique, burlesque, gaffeur, ce qui confine au ridicule à côté des autres personnages qui sont, eux, on ne peut plus sérieux. Dès lors le ton du film se perd, l'équilibre entre action/humour/tragique n'est pas trouvé. Non, Han Solo ne tire pas la langue quand il est contrarié. Ce n’est pas la peine de déployer des effets numériques à tout va pour créer un tel personnage. Bien sûr ce personnage est une bénédiction pour élargir le public. Les premiers Stars Wars étaient des films d'adolescents, ici on cherche à accrocher les enfants en sus.



À ces deux faillites – détruire un univers et ne pas trouver le juste ton – se rajoutent diverses aberrations scénaristiques. Et remarquons que le morceau de bravoure du film – la séquence célèbre de course de podracers –, si elle est tout à fait spectaculaire, peine à se justifier. Elle est en fait complètement déconnectée du reste du scénario et prend une importance énorme alors que c'est une séquence absolument secondaire dans l’intrigue. Cette course est traitée comme une séquence finale alors qu'elle n'est qu'un élément secondaire. Et, même, la séquence finale est très en-dessous (d'ailleurs on l'oublie très vite, on se tire dessus à droite à gauche, rien d'éblouissant). On pensait que ce type d'erreur scénaristique n'avait plus cours dans ce genre de productions où le spectaculaire est un fonds de commerce bien rodé.

Le retour de la saga Star Wars s’accompagne donc d’une destruction en règle de ce qui faisait la substance même des premiers épisodes : un univers propre qui happe le spectateur et un équilibre entre l’action et l’humour, le tout combiné offrant un spectacle plaisant. Rien de tout cela ici : le film apparaît comme un space opera banal, un peu grotesque, qui exhibe des signes de la saga Star Wars comme autant de gimmicks mais sans que le charme n’opère.



dimanche 30 juin 2013

La Guerre des étoiles (Star Wars de G. Lucas, 1977)




Entre les uns qui voient un film vieillot et désuet et les autres qui lui vouent un culte, il semble bien difficile d’apprécier La Guerre des étoiles (1) en toute simplicité. Pourtant ce premier épisode est l’un des plus réussi et, pour mieux l’apprécier, sans doute faut-il faire l’effort de le (re)voir en n’oubliant pas qu’il n’a pas été programmé pour être l’immense succès planétaire qu’il est devenu. Aujourd’hui ce film est vu comme celui qui inaugure la saga alors qu’il forme pourtant un tout cohérent. George Lucas avait certes négocié à l’avance avec la Fox deux suites, mais il n’imaginait pas le raz de marée qui allait suivre et qui allait porter le film et son univers tout en haut des légendes du cinéma.
Actant l’échec public de son premier film (la science-fiction de THX 1138) et la réussite de son second (le film pour ado avec American Graffiti), Lucas retourne vers la science-fiction mais cible à nouveau le public ado, tout en distillant des valeurs morales nettes. À le replacer dans son contexte, on remarque que Star Wars a de nombreux gènes communs avec les films de science-fiction des années 70 : depuis l’apparence des vaisseaux et autres engins de l’espace, jusqu’aux premiers rôles un peu naïfs (Luke Skywalker est assez proche du héros de L’âge de cristal par exemple).

Mais trois grands changements – venus de l’ambition de George Lucas et de son désir de réaliser un film spectaculaire – ont porté le film et ont contribué à créer un choc visuel à l’époque.
D’une part les effets spéciaux sont très aboutis et marquent un net progrès par rapport aux films précédents de science-fiction. Les effets lasers, les moteurs poussant les vaisseaux, les décors très travaillés, les masques de caoutchoucs amusants et variés (dans le bar à Aldorande par exemple) créent un univers très convaincant.
La deuxième grande innovation concerne le rythme. Non pas le rythme du film lui-même (qui est assez lent dans sa première partie dans le désert d'ailleurs), mais du rythme des déplacements dans l'espace. La notion de vitesse est indissociable de la réussite visuelle du film : rompant avec les évolutions lentes (et silencieuses) des vaisseaux dans l’espace, les voilà qui bondissent, hurlent et virevoltent, à coups de course-poursuites, d’accélération ou de rase-mottes. C’est sur cet aspect que le film est réjouissant. Il n’y a qu’à voir l’écart entre le Dark Star qui se déplace silencieusement et lentement dans le film du même nom et les chasseurs de l’empire qui traversent l’écran en hurlant pour comprendre l’apport de Star Wars. Le titre même du film montre bien que, au-delà de l’aventure de Luke et de ses compagnons, c’est cette idée de va et vient à toute vitesse dans l’espace et de tirs au laser en tous sens qui prévaut dans l’imagination de Lucas. Cette idée d’une « guerre des étoiles » semble bien étrange : il n’y a pas l’ombre d’une guerre entre étoiles.
Dernier revirement : le film ne s’attarde pas sur les débauches de technologies. Lucas, en rupture avec les films précédents (de 2001 à Silent running), n’insiste pas sur les éléments ultra technologiques (tirer sur des ennemis, décoller, utiliser un spider en lévitation, etc.) et les considère comme faisant partie du quotidien. L’effet en est démultiplié et le plongement dans un autre univers beaucoup plus efficace. On n’est pas dans un futur plus ou moins lointain (2), on est réellement dans un ailleurs.

À côté de ces trois grandes révolutions, Lucas a de très bonnes idées : celle du sabre-laser est géniale, aussi bien visuellement que pour lier l’aspect chevaleresque des Jedi avec un univers de science-fiction. De même cette Force étrange, qui transcende toute la technologie. Dark Vador, enfin, est un méchant parfait (mais qui le deviendra encore plus au fil des épisodes).

Pour le reste Lucas pioche à droite et à gauche dans l’univers déjà riche du genre. La gestion des maquettes sont un héritage de 2001 ; l’idée des droïdes (R2D2 notamment) vient tout droit de Silent running ; l’hyperpropulsion avec le passage à la vitesse lumière, et l’explosion de planète ont déjà été vues dans Dark Star ; Luke rappelle beaucoup le héros de L’Âge de cristal, etc. Et Lucas est allé chercher chez Kurosawa un certain esprit chevaleresque et que le duo de droïdes rappelle les deux paysans presque burlesques de La Forteresse cachée.

Des décors travaillés mais dans la lignée
des films de science-fiction des années 70. 

En ce qui concerne les personnages, toute la cohésion des aventures repose sur Han Solo (Harrison Ford, parfait), dans un rôle classique (le mercenaire bad guy ironique), qui vient dynamiser le trop sérieux Obi Wan et le candide Luke. La façon dont Han Solo roule pour lui-même en toute décontraction ou dont il asticote la princesse dès le premier regard est très réussie.


Cela dit Lucas ne saisit pas vraiment l’importance de ses personnages : Dark Vador ne deviendra un parangon du Mal que dans l’épisode suivant, L’Empire contre-attaque, dans lequel l’idée de Jedi, qui n’est encore qu’ici qu’un décorum sur lequel Lucas insiste peu, prendra une importance capitale. On comprend alors que c’est surtout L’Empire contre-attaque qui élève la saga au rang de mythe cinématographique en construisant un univers qui déchaînera tant de passions chez ses fans.

Mais la réunion de tous ces éléments est réussie et si le film, en toute rigueur, n’est pas exempt d’erreurs scientifiques, il construit néanmoins un univers tout à fait cohérent (3) et très divertissant.


Mais on ne peut s’empêcher de noter que, parmi les principaux films de science-fiction des années 70, il est un de ceux qui ne portent pas de regard sur la société : il ne s’agit pas d’un film d’anticipation, il n’y a pas de scénario post-apocalyptique ni de métaphore d’un quelconque totalitarisme (si l’Empire rappelle les totalitarismes du XXème siècle, on est loin d’une dénonciation type Rollerball). Dans ce sens Star Wars est assez peu riche et tire son seul intérêt de l’élan de ses aventures. Ce n’est qu’ensuite, à partir de l’épisode suivant, que la richesse propre à la saga (notamment la Force et le singularisme des Jedi) lui confère une réelle originalité (mais sans pour autant proposer une réflexion au spectateur).
Si le film est une pierre angulaire des progrès concernant les effets spéciaux, pour lesquels il représente une caisse de résonance incroyable, il s'agit d'un divertissement essentiellement ludique, qui plus est filmé de façon bien conventionnelle (on est bien loin de la richesse visuelle et innovante de THX 1138). C’est en ce sens que La Guerre des étoiles, paradoxalement, marque l’appauvrissement de la science-fiction au cinéma. Le genre, en effet, s’orientera rapidement vers ce type de space opera, oubliant que la science-fiction, par nature, est prompte à porter un regard sur le monde.



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(1) : N'hésitant pas à bousculer l'histoire, George Lucas n'a pas hésité à renommer le film désormais appelé Star Wars, épisode IV : Un nouvel espoir. Quelques éléments numériques ont été rajoutés ici et là et c'est cette nouvelle version qui est désormais la seule commercialisée.

(2) : Même si, on le sait, du point de vue strictement diégétique, la saga se passe dans un passé lointain...

(3) : Ce sera de moins en moins le cas au fur et à mesure des films, chaque épisode tendant à se prendre les pieds dans le tapis de son propre univers. Sur cette destruction de la cohérence même de l’univers Star Wars, les épisodes les plus récents (la prélogie) sont affligeants.