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lundi 20 septembre 2021

Regards et Sourires (Looks and Smiles de K. Loach, 1981)

 



Looks and Smiles, que l’on peut aujourd’hui voir avec le recul des cinquante années de carrière de Ken Loach, est une belle réussite et apparait très typique des premières années du réalisateur dans ses thèmes et dans sa manière de filmer.
Il filme avec réalisme mais en s’attachant à ses personnages, il les peint avec précision et empathie, reste sincère avec eux, sans sombrer dans le misérabilisme.
Bien sûr on connaît les thèmes de Loach, qui, film après film, dénonce la misère sociale, mais, dans ses premières réalisations, il est plus efficace puisqu’il se garde de tordre ses personnages au service de ses idées. Ce sont Billy et son faucon qui comptent avant tout dans Kes, Janice laminée par ses parents dans Family Life, ici c’est l’histoire un peu bancale de Mick et Karen, leurs maladresses et leur naïveté qui sont le cœur du film. Le creuset social, les difficultés du chômage, la vie qui leur cogne dessus, cela passe au second plan. C’est là une force du film, que Loach aura tendance à oublier parfois, quand ses personnages représenteront l’Angleterre écrasée par la misère ou par le chômage. Alors, quand le personnage n’est plus qu’un passe-plat, la force du film manque et celui-ci devient un manifeste.




lundi 16 mars 2020

Cathy Come Home (K. Loach, 1966)




Drame très dur de Ken Loach, sans doute l’un de ses films les plus violents socialement, dans une filmographie qui n’en manque pas. Le ton du film autant que la façon de filmer, très proche des personnages et avec un hyper-réalisme parfois sidérant, peignent la misère avec une efficacité terrible.
Loach tient déjà ce qui sera l’axe central de sa filmographie : à travers la recherche d’un film choc, il dénonce la misère sociale, reliée directement à la situation économique (à peu près tous ses films étant des variations sur ce thème). Ici le chômage et le manque de logements créent des situations épouvantables, allant jusqu’à une violence de l’état qui, en fin de film, prend ses enfants à Cathy.
On peut facilement trouver que le traitement du film est par trop misérabiliste ou que Ken Loach insiste sur un cas particulier qui n’est pas représentatif. Mais même si Ken Loach en rajoute dans la détresse en scrutant cette descente aux enfers d'un couple qui se débat comme il peut, la puissance naturaliste du film reste très efficace.




jeudi 5 mai 2016

La Part des anges (The Angels' Share de K. Loach, 2012)




Agréable comédie de Ken Loach, avec un arrière-plan social cher au réalisateur. Les premières séquences, qui permettent d’introduire plusieurs personnages, sont typiques du cinéma de Loach : c’est un cinéma social, avec une vision presque documentaire. La comédie démarre réellement avec l’introduction du thème du whisky, d’abord un peu incongru, mais qui devient progressivement le cœur du film. Le happy-end a des allures de miracle mais le genre s’y prête bien.
Pourtant sans grande prétention, l’ensemble a cette chaleur que sait mettre Loach dans les portraits qu’il brosse.


samedi 23 novembre 2013

Family Life (K. Loach, 1971)




Film très marquant de Ken Loach, qui expose l’étouffement de Janice, la fille borderline, coincée dans son univers familial. Ce thème « psychiatrique » est dans l’air du temps (on le retrouvera dans Une femme sous influence, réalisé quelques années plus tard) et Loach choisit de l’exprimer non pas au travers de conditions ouvrières ou minières difficiles (comme dans Kes) mais dans une famille « normale » (terriblement normale même), qui vit dans un petit pavillon grisâtre, au milieu de cent autres petits pavillons grisâtres. C’est que le désastre social qui est filmé est moins porté par l’environnement social (le chômage, la misère des rues, la ville minière qui s’effondre) que par l’environnement familial lui-même, creuset de la folie ordinaire.
Family Life dissèque, avec une acuité terrible, le mécanisme infernal (et inconscient de lui-même) qui emprisonne Janice. Les parents ne voient pas, ne comprennent pas ce qui éclate pourtant à l’image, cette asphyxie de Janice, enserrée par le satrape aliénant qu'est sa mère, rigide, qui fonctionne à coups d’interdits, de jugements définitifs sur les choses et qui, peu à peu, étouffe sa fille. Quelle issue pour Janice, quel espoir pour s’en sortir et exister ? Le film laisse poindre un espoir mais qui sera de courte durée.
Le récit, proche du documentaire, contient d’incroyables accents de vérité (on pense à L’Enfance nue de Pialat par exemple) qui marquent le spectateur et font de Family Life l’une des plus marquantes réussites de Ken Loach.


lundi 23 septembre 2013

Kes (K. Loach, 1969)




Très beau film de Ken Loach, qui porte un regard très sombre sur cette petite ville minière déshéritée du Yorksire.
A douze ans Billy semble avoir déjà perdu toutes ses illusions, entre sa famille en lambeaux, son frère qui le rudoie et l’école qui n’est d’aucune aide pour s’en sortir. Il lui reste son monde à lui, qu’il organise autour du faucon qu’il découvre et qu’il dresse, magnifique espoir pour le coup.
Loach filme magistralement cette noirceur des rues, cette brume sombre de l’Angleterre, cet accent à couper au couteau, cette famille qui sent la bière, et Billy, qui fait ce qu’il peut et qui étouffe sous un carcan de rudesse fruste. La puissance visuelle et universelle de Kes fait mouche.
Mais si Ken Loach fait mouche c’est qu’il filme simplement Billy et sa vie désenchantée (qui semble tournée inéluctablement vers la mine) sans chercher à asséner et à militer comme il le fera tant de fois plus tard. La séquence où Billy captive ses camarades en classe en parlant de son faucon est magnifique et touchante. C’est en cela que le film, certainement, est bien plus puissant et marquant  pour le spectateur. Loach, adepte de ce cinéma social, tombera trop souvent dans un cinéma militant en forçant le trait systématiquement et en oubliant la simplicité déchirante de Kes.