mercredi 28 juillet 2021

Cliffhanger (Harlin R., 1993)





Prototype de film d’action des années 90, qui suit fidèlement la recette habituelle : une star à gros biscotos (l’ami Stallone), des méchants très méchants, et des scènes d’action toujours plus spectaculaires (ici, par exemple, le héros est régulièrement suspendu dans le vide). Et, comme il se doit, tout cela ne mène à peu près nulle part.
Walker (Stallone) prend des coups et les rend, tant et si bien qu’il gagne à la fin. Même l’originalité de départ (le film se déroule dans des hauts sommets enneigés, ce qui change un peu des ambiances urbaines conventionnelles) est vite laminée par la bêtise ambiante du scénario et des personnages.
La mise en scène de Harlin, quant à elle, est d'une fadeur et d'un conformisme fatigants.
Bien entendu, comme pour mieux contraster avec son affligeante médiocrité, cette série Z bodybuildée à coup de dollars fut un succès au box-office…

 

lundi 26 juillet 2021

Ce bon vieux Sam (Good Sam de L. McCarey, 1948)

 

Cette fable de Leo McCarey a beaucoup vieilli. On comprend bien où le film veut en venir en suivant les tribulations de ce trop bon Sam qui est constamment piégé par ses bons sentiments, son altruisme trop poussé et sa bonne volonté. Et l'on sait que, comme dans toute bonne comédie, le curseur est poussé un peu loin. Mais, malgré tout, ce personnage qui s’oublie tout à fait, jusqu’à ne pas voir les desiderata de son épouse, jusqu’à se mettre en danger sans se rendre compte de rien ne convainc guère. Le film joue à plein sur le ton naïf ou benêt qu’adopte volontiers Gary Cooper, mais ce ne sont pas là ses meilleurs rôles, loin s’en faut.
Le genre (à la fois comédie et fable moralisatrice) et le discours du film (qui égratigne à sa façon l’American way of life) autorisent le happy-end final, qui vient, enfin, récompenser le dévouement sans borne de cet altruiste de Sam au cœur constamment sur la main. Mais on ressort déçu : Ce bon vieux Sam est un film de second rang de McCarey.



vendredi 23 juillet 2021

L'Athlète incomplet (The Strong Man de F. Capra, 1926)



S’il est intéressant de voir le premier film de Franck Capra – qui commence donc son immense carrière dans le burlesque pur et dur –, L’athlète incomplet, néanmoins, est loin des prestigieuses références du genre, en particulier Chaplin, modèle avoué de Harry Langdon, qui apparait comme un succédané très limité. Le film, s’il est organisé en plusieurs parties, ne réussit guère à travailler son personnage qui, finalement, déploie ses simagrées et ses acrobaties en différents lieux un peu comme on changerait les décors au théâtre.
Si, en 1926, le film a su trouver son public, aujourd’hui ce burlesque forcé et trop répétitif ne fonctionne plus guère. Il permet néanmoins de mesurer, si besoin était, tout le génie d’un Chaplin, dont le comique, au contraire, ne vieillira jamais.


 

mercredi 21 juillet 2021

Le Cirque du docteur Lao (7 Faces of Dr Lao de G. Pal, 1964)

 

Si le film a une certaine étrangeté qui vient du mélange des genres qu’il propose (une fable aux allures de western fantastique et volontiers merveilleux), il a néanmoins considérablement vieilli. Assez lourd, avec des personnages portraiturés à gros traits et sans finesse, sans grande surprise, le film travaille des poncifs qui ne mènent pas bien loin. Et puis, il faut bien dire, les effets spéciaux, aujourd’hui, sont difficiles à apprécier au premier degré, en particulier la toute fin, qui, si elle achève de nous surprendre, tient autant de Godzilla que de À des millions de km de la Terre.
Comme le veulent les fables moralisatrices aux allures enfantines, la morale est sauve et les méchants deviennent gentils. On notera cependant la double confrontation entre celui qui est encore méchant et, d’une part le curieux monstre aux allures de serpent dont le discours tout en miroir et en faux-semblant est étonnant et, d’autre part, l’aveugle qui prédit l’avenir avec désespoir mais aussi justesse et sagesse.

 

lundi 19 juillet 2021

L'Homme à l'affut (The Sniper de E. Dmytryk, 1952)

 

Intéressant film noir qui donne à voir l’évolution ultérieur du genre. S’il commet des crimes, le sniper est d’abord un malade, dont Dmytryk suit habilement le parcours tout en méandres, depuis ses relations qui sont autant d’échecs, jusqu’à ses pulsions.
On mesure l’écart dans le traitement d’un thème semblable, vingt ans plus tard, avec L’Inspecteur Harry : à la compréhension et au traitement du meurtrier comme d’un malade qui a besoin d’aide dans The Sniper, succède le jusqu’auboutisme de Callahan, qui fait face non plus à un malade à soigner, mais à un psychopathe pervers qu’il faut éliminer.



samedi 17 juillet 2021

Imitation Game (The Imitation Game de M. Tyldum, 2014)

 


Biographie sans grande saveur et sans grand intérêt reprenant les réussites d’Alan Turing pendant la guerre. Tout semble très convenu avec, autour de grands axes véridiques, de nombreux petits arrangements destinés à créer une tension assez artificielle. C'est dommage, toute cette bataille de codages et décodages de messages secrets est, en elle-même, passionnante. Mais, malgré Benedict Cumberbatch qui campe très bien Turing dans un mélange de génie et d’asociabilité, le film, beaucoup trop quelconque, lisse et sans surprise, s’oublie vite.



jeudi 15 juillet 2021

Le Dingue du Palace (The Bellboy de J. Lewis, 1960)

 


Premier film réalisé par Jerry Lewis, où il se met en scène comme personnage principal qui est, en fait, le seul véritable protagoniste. C’est que le film est constitué d’une suite de gags qui sont autant de gaffes ou de situations où le groom Stanley est en porte-à-faux du monde qui l’entoure.
Bien sûr il y a quelques gags qui fonctionnent et l’aspect absurde du film lui-même est intéressant, mais la sauce ne prend guère et le cabotinage loufoque de Jerry Lewis est bien lourd. Mais il faut dire que Jerry Lewis franchit bien souvent allègrement la distance souvent si petite entre un gag réussi et un gag qui en fait trop (il la franchit dans nombre de ses films d’ailleurs…).
Jacques Lourcelles adore, Jean-Luc Godard adore, Les Cahiers du cinéma adorent : las, toute cette caution critique ne nous inspire pas davantage.




mardi 13 juillet 2021

L'Echelle de Jacob (Jacob's Ladder de A. Lyne, 1990)





Film de série B qui se veut un grand thriller horrifique et qui semble beaucoup espérer de son twist final. Mais l’ensemble est bien décevant et n'est pas vraiment convaincant, même après la – vague – relecture imposée par la fin.
Finalement on n’accroche guère à cette histoire finalement assez commune de vétérans du Vietnam traumatisés et l’on oublie vite ce petit film.

 

lundi 12 juillet 2021

Trois de Saint-Cyr (J.- P. Paulin, 1938)

 

Découpé en deux parties distinctes, Trois de Saint-Cyr est assez inégal. Toute la première partie a bien mal survécu à la guerre (on est encore dans des idéaux et des manières de faire que la Seconde guerre mondiale va balayer) et apparait vieilli. La seconde partie pâtit de son regard colonialiste lui aussi largement dépassé.
Pourtant, au-delà de la sacralité pour Saint-Cyr, le film s’attache à construire trois personnalités différentes qui s’éloignent, se rejoignent, s’opposent, se sacrifient. Le film, en quelque sorte, est sauvé par ses personnages, desquels se dégage, de plus en plus au fur et à mesure qu’on les côtoie, une certaine noblesse.

 


samedi 10 juillet 2021

Dune (D. Lynch, 1984)

 

Dans ce film assez décevant, David Lynch se perd un peu dans sa volonté (assez ambitieuse) d’adapter le roman de Herbert, ne parvenant pas à imprimer son style dans un univers de science-fiction. Lynch cherche pourtant à donner une préciosité et une intériorité au personnage de Paul Atréides, l’épaississant comme il le fait dans bien d’autres films. Mais cette volonté est malheureusement contredite par d’autres personnages qui sont eux bien peu travaillés et détonnent complètement dans l’univers de Lynch (on pense à Feyd-Rautha, joué par Sting). À cela s’ajoute l’aspect kitsch des décors et des effets spéciaux, même si les séquences avec les vers ne sont pas celles qui ont le plus mal vieilli.
On retrouve bien sûr des thèmes chers au réalisateur – l’intériorité des personnages, leurs rêves, la monstruosité, une humeur sombre qui transparaît – mais l’ensemble est un peu gaspillé dans un univers très kitsch, et tous ces éléments semblent disparates, presque incongrus dans cet univers de science-fiction, quand, dans les grands chefs d’œuvres du réalisateur, ils s’assemblent et créent une atmosphère unique.




jeudi 8 juillet 2021

Blanches colombes et vilains messieurs (Guys and Dolls de J. L. Mankiewicz, 1955)

 

Mankiewicz surprend avec cette comédie musicale, qu’il parvient à très bien tenir, proposant un univers urbain haut en couleur et efficace.
Si la présence de Franck Sinatra ne surprend pas, celle de Marlon Brando, en revanche, détonne. Mais rien n’arrête l’ami Brando et il se coule avec facilité dans le ton du film, proposant une forme de pastiche de ses propres rôles, donnant toujours une teinte distanciée un peu ironique à son personnage. Bien
entendu, comme le genre l'exige alors, les vilains font amende honorable et l'ensemble se finit par un joli happy end.



lundi 5 juillet 2021

The Wicker Man (R. Hardy, 1973)

 



Intéressant et original, The Wicker Man est le récit d’une visite qui tourne mal (ce que l’on pressent très vite) mais dans des proportions que l’on ne soupçonne pas. L’enquête de Neil Howie dans l’île relève alors de l’immersion dans un monde qu’il ne comprend pas et qui le dépasse. Lui, le bigot réactionnaire, est confronté d’une part à une religion et à des coutumes on ne peut plus libertaires et permissives (l’influence des années 70 est sur ce point flagrante – ainsi que la bande originale assez psychédélique – et donne un coup de vieux au film) et, d’autre part, à une communauté fusionnelle qui non seulement ne l’aide pas dans son enquête mais, bien plus, le manœuvre à tout-va pour arriver à ses fins.
La prise de conscience trop tardive de ce qui se trame sur l’île est alors une descente aux enfers savamment orchestrée par Robin Hardy. En châtelain gourou, Christopher Lee fait une belle partition et le film n’hésite pas à aller jusqu’au bout de son idée dans une fin terrible et réussie.

 

samedi 3 juillet 2021

Monseigneur (R. Richebé, 1949)

 

Construit autour d’une intrigue originale bien que peu crédible, Monseigneur est tenu de bout en bout par Bernard Blier, toujours impeccable, avec son charisme bonhomme et sa façon de se fondre dans son personnage.
Dès lors le film se suit sans déplaisir et parvient à retomber sur ses pieds, alors qu’on pouvait s’interroger sur la manière dont les scénaristes allaient se sortir de la toile qu’ils avaient eux-mêmes tissée. Mais, là encore, l’ami Blier parvient à amener le spectateur avec lui et à décricoter l’affaire.