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lundi 6 février 2017

Charulata (S. Ray, 1964)



Très beau film de Satyajit Ray, qui explore avec calme et minutie les sentiments naissants de Charulata, la femme oisive isolée dans la demeure riche de son mari, qui découvre l’amour pour son jeune beau-frère.
Ray propose un film délicat, à l’image extraordinaire, et il promène avec sa caméra, d’une pièce à l’autre, jouant des lumières, des clins d’œil, s’inspirant de Renoir (les gros plans, le jeu autour de la balançoire), oppose les intérieurs et les extérieurs dans le jardin, tout en contenant les sentiments et en maitrisant les émotions, montrant le labeur idéaliste du mari Bhupati – symbole de l’Inde qui s’émancipe – et l’oisiveté artistique d’Amal, avec lequel Charulata passe de la complicité à la passion.
Le film est d’une très grande beauté plastique, beauté qui s’incarne à la fois dans la photo limpide et claire, dans le visage de la très belle Madhabi Mukherjee mais aussi dans la calligraphie que Ray filme longuement.


Ray, comme Renoir avant lui, oscille entre une poésie sensible et un monde réaliste et il oppose la femme d’intérieur qui s’égare dans les jardins et son mari, Bhupati, chez qui le projet journalistique prend toute la place, qui ne sait rien de ce qui se joue dans les pièces de sa demeure et qui comprend trop tard la passion solitaire de sa femme.

S’éloignant du réalisme de ses premiers films (La Complainte du sentier et ses suites), Ray opte pour la beauté formelle et une histoire de bourgeoisie où les cœurs restent pris dans l'ordre social.


jeudi 17 janvier 2013

La Complainte du sentier (Pather panchali de S. Ray, 1955)




Très important film de Satyajit Ray qui, pour sa première réalisation, et alors qu’il n’a ni expérience ni argent, décide de tourner le dos aux importants studios, qui imposent une esthétique loin de ses aspirations. Il s’enfonce dans L’Inde et pose sa caméra aux abords d’un village pauvre, réquisitionne des acteurs non-professionnels et tourne avec trois francs six sous.
Le regard que pose Ray sur l’Inde est celui des néoréalistes en Italie : il parvient à saisir l’essence du pays, à capter l’âme de l’Inde. Le film est une lente chronique, doucement rythmée par une musique au sitar, de la vie de la petite famille d’Apu, le garçon de sept ans, entouré de sa sœur, de sa mère qui porte les enfants à bout de bras et d’un père trop absent.



La grande réussite de Ray est d’avoir su intégrer ses influences néoréalistes (Ray est un fin cinéphile) en les transposant de l’Italie à l’Inde. L’authenticité qui apparaît l’écran est d’autant plus surprenante que Ray lui-même est issu d’une bourgeoisie aisée (il a pu rencontrer Jean Renoir lors du tournage du Fleuve, preuve, s’il en est, qu’il ne vivait pas dans un village pauvre et reculé). Mais Ray, au travers de sa caméra, a une perception aiguë de la vie du cœur battant de l’Inde : il saisit des moments, des petits événements de tous les jours et, bien loin d’un quelconque misérabilisme, c’est au contraire une poésie qui envahit l’écran, une poésie indienne, lente, très lyrique.
Et le miracle s’accomplit : la peinture de ce petit coin de village perdu porte une humanité douce, touchante, humble et infiniment universelle.