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lundi 13 janvier 2025

Le Souffle au coeur (L. Malle, 1971)

 



Louis Malle, après La Petite, joue à nouveau de provocations puisque la relation entre Laurent et sa mère, d'abord innocente puis tendancieuse, ira jusqu’à l’inceste. Pour autant le film est une forme d’éducation sentimentale – jusqu’au-boutiste dans sa provocation, donc – dans un milieu grand bourgeois : le petit dernier de la fratrie se cherche, aspire à un monde pour lequel il est encore trop jeune et le film explore sa psychologie du désir.
On retrouve par moment des accents de Lacombe Lucien : non pas dans le caractère fruste du personnage, mais dans à travers une obstination un peu butée. Ici Laurent aspire à la rencontre charnelle, émoustillé par ses frères, tenté par la chimie des désirs.
Louis Malle tire à boulet rouge sur le monde bourgeois (de façon efficace mais très conventionnelle pour le coup) avant de basculer dans le véritable moment corrosif avec ce final vénéneux et provocateur. Et le film, alors, se comprend différemment : il a permis de construire un personnage et un rapport entre ce personnage et sa mère qui a pu conduire à ce terrible moment œdipien.
Le Souffle au cœur fait ainsi partie de ces films qui, à côté de toutes les approches symboliques ou métaphoriques de l’Œdipe, jouent du passage à l’acte concret : par exemple tuer le père dans Harry, un ami qui vous veut du bien ou, donc, ici, épouser sa mère.


samedi 9 mars 2024

Zazie dans le métro (L. Malle, 1960)

 

    

Cette adaptation de Louis Malle du fameux roman de Raymond Queneau, si elle propose de bonnes séquences, peine pourtant à convaincre. Malgré toute son inventivité, le film reste sur un registre burlesque très superficiel.
Louis Malle, pourtant, s’en donne à cœur, joie, jouant de mille artifices cinématographiques pour donner une frénésie à ce week-end parisien (montage dissonant, accélérations, plans débullés, acteurs multi rôles, incongruités diverses). Le burlesque est décidément un genre bien difficile à appréhender.
Philippe Noiret, avec son air débonnaire trop surjoué, n’aide pas à contrebalancer l’énergie de la petite Catherine Demongeot qui fait ce qu’elle peut (mais en fait trop) en s’agitant dans tous les sens.

 


mercredi 4 octobre 2023

La Petite (Pretty Baby de L. Malle, 1987)

 



Louis Malle retranscrit parfaitement l’ambiance de ce bordel du début du XXème siècle de la Nouvelle-Orléans, jouant des lieux et de cette atmosphère particulière de cette grande maison où tant de gens se croisent, se retrouvent et se vendent. La cruauté de ce monde n’est pas énoncée directement mais elle est montrée à travers l’itinéraire de la petite Violet, fille de prostituée et bientôt prostituée à son tour.
Le film révèle la jeune Brooke Shields, très à l’aise, qui évoque bien sûr Tatum O’Neal dans La Barbe à papa, en reprenant cette même façon de jouer à la femme adulte du haut de ses douze ans. Son intrication au milieu des prostituées et des différents clients est très réussie.
Mais, bien sûr, La Petite va beaucoup plus loin que La Barbe à papa, puisque Violet devient rapidement elle-même une prostituée, en même temps que l’égérie du photographe. Louis Malle n’hésite pas et l’on voit la mise aux enchères de la défloration de Violet avant de la filmer nue, plein cadre, posant sur un canapé, la saisissant comme la saisit le photographe. On comprend que, quand bien même l’on est à la fin des années 70, le film ait fait scandale et que des coupes aient été imposées.

 



mercredi 5 janvier 2022

Le Voleur (L. Malle, 1967)

 



Remarquable film de Louis Malle qui peint avec une sobriété et un brio parfaits la figure à la fois marginale et commune du cambrioleur. Même s’il ressemble à Arsène Lupin par sa mise élégante, Georges Randal s’en éloigne très vite : il confesse faire salement un boulot sale.
Jean-Paul Belmondo – pas encore Bebel – est remarquable de sobriété et d’intériorité (c’est là même l’opposé de ce que sera Bebel), avec une manière d’intégrer et de garder pour lui ce qu’il reçoit du monde (trahison, déception, deuil). Il construit alors peu à peu ce caractère solitaire dans lequel il s’enferme. C’est cette solitude que dessine parfaitement Louis Malle, comme une condamnation à laquelle il ne peut échapper, le silence et la discrétion du voleur répondant alors à l’immense solitude de Georges.


On regrette peut-être que Louis Malle – un peu à la manière de Chabrol – tape tant et plus sur les bourgeois (en couvrant par exemple l'oncle bourgeois de tous les défauts de sa classe sociale), alors que, lorsqu’il fixe son voleur au cœur du cadre, il dit bien plus de la société – de ce qu’elle exclut et de ce qu’elle détruit dans le cœur d’un homme.

 

vendredi 24 mars 2017

Le Feu follet (L. Malle, 1966)




Adapté d’un roman de Drieu La Rochelle, Louis Malle propose un film très moderne dans sa forme, en faisant errer son personnage principal, Alain Leroy, et en accompagnant avec une mélancolie détachée ses journées emplies de futilités et de béances. Si le ton est mélancolique (la musique de Satie étant sans doute trop belle pour accompagner la déambulation triste d’Alain), la fin sera tragique.
Le film est servi par un très bon Maurice Ronet (le film en fait lui doit beaucoup), qui incarne parfaitement cet homme revenu d’une cure de désintoxication mais qui ne parvient pas à prendre pied dans la société.
Alain boit pour ne pas voir la vie autour de lui. Quand il revient, désintoxiqué, il ne parvient décidément pas à accepter cette société. De même il n’accepte pas que, en vieillissant, son rapport au monde doive encore changer. Son suicide n’était pas du tout inéluctable, il le devient. Alain est en fait poussé au suicide, il se sait trop en marge des gens qu’il côtoie, qu’il ne comprend pas et qui ne le comprennent pas.



samedi 31 janvier 2015

Lacombe Lucien (L. Malle, 1974)




Film remarquable et iconoclaste dans l’approche des thèmes traités. Louis Malle choisit un personnage principal guère sympathique, qui est rustre, peu intelligent, sans culture : comme il erre sans but  et sans idée, il se raccroche à ce qu'il trouve et parvient à en tirer profit. La collaboration, alors, lui donne ce que le maquis lui a refusé : une considération, une importance, de beaux habits, de l'action, des passe-droits. Tout ce que l'on veut sauf, bien sûr, une conviction profonde ou un quelconque antisémistisme. Mais cela lui va très bien. Il en vient alors à trahir des proches (l'instituteur, qui sera bientôt torturé) sans se rendre compte.
En pleine seconde guerre, suivre ainsi la destinée d'un collabo est une vraie réussite et pousse à penser cette période beaucoup plus puissamment qu’en suivant des résistants. La différence (montrée ici comme terriblement ténue) entre le résistant et le collabo est d'ailleurs explorée (on pense aux premières séquences d’Une vie difficile) : Lucien voulait être résistant, il sera collabo, voilà tout.
Lacombe Lucien est ainsi un des grands films qui traite de résistance ou de collaboration, période qui n'est pas souvent bien traitée par le cinéma. Si l'on pense bien sûr à L'Armée des ombres ou encore à Un homme de trop, ce sont souvent des films moins pertinents ou assez caricaturaux qui sont réalisés. Bien loin du propos complexe et dérangeant de Lacombe Lucien.